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Bibliothèque 42, LCD 03
1998
Matière ici, je vous dirai,
D'un fort récit à moi narré
Par pèlerins qui revenaient de Compostelle
Le cœur serein, l'âme soignée et l'humeur belle
1. Lamentations du Prophete Jérémie [5:38]
extraits de la première lecture du Jeudi Saint |
processionnal de Gellone, XIIe — chant
2. La légende du pendu [3:31]
récit, première partie
Le
pendu-dépendu est probablement le récit le plus répandu sur les chemins
de saint Jacques. De nombreuses versions existent et sont représentés
dans l'iconographie médiévale en des lieux géographiquement très
éloignés. Nous ne dérogerons pas a la tradition en proposant une
nouvelle version qui introduit les lieux que nous suivrons pendant ce
voyage musical. L'écriture en vers permet une diction dans le respect
des règles oratoires médiévales
3. Litanie [4:52]
extraits d'une procession |
processionnal de Gellone — chant
4. Louange a Marie [1:04]
d’après une cantiga de Santa Maria |
manuscrit des Cantigas de Santa Maria, XIIIe — récit
On
attribue à Marie de nombreux miracles sur le chemin de saint Jacques
dont notamment ceux réunis dans le manuscrit des Cantigas de Santa Maria
a la Cour d'Alphonse X le Sage. Au milieu de ces récits apparaissent
des louanges en son honneur
5. Cantiga de Santa Maria n° 100 [4:35]
CSM 100
XIIIe — rebec, santur, oud, darbouka
6. Sanctus [3:59]
extrait de la messe de Gérone, XIVe — chant, flûte à bec
7. Kyrie [3:50]
extrait de la messe de Barcelone, XIVe — chant
8. Le pèlerin de Barcelone [2:27]
d’après la légende dorée de Jacques de Voragine, XIVe — récit
9. Cantiga de Santa Maria n° 302 [10:18]
CSM 302
miracle lié à la Vierge de Montserrat |
version instrumentale — rebec, santur, oud, cornamuse
10. Mariam Matrem [5:17] LV 8
extrait du Llibre Vermell de Montserrat, XIVe |
chant, santur, rebec, flûte à bec
11. Cantiga de Santa Maria n° 146 [2:13]
CSM 146
miracle lié à la Vierge de Albeça |
version instrumentale — rebec, flûte à bec, percussion
12. Cantiga de Santa Maria n° 189 [6:47]
CSM 189
miracle du dragon lié à la Vierge de Salas |
chant, oud, bendir
13. Cantiga de Santa Maria n° 166 [1:01]
CSM 166
miracle lié à la Vierge de Salas |
version instrumentale — flûte à bec
14. Kyrie de Las Huelgas [3:48] Hu 5
extrait du manuscrit de las Huelgas — chant
15. Le miracle de la coquille [2:30]
CSM 268
récit accompagné par une version instrumentale
de la C.S.M. n° 268 (Villa Sirga) — santur
16. Constitues eos [4:01]
graduel du jour de saint Jacques — chant
17. La légende du pendu [2:25]
récit, seconde partie
18. Cuncti potens [3:37] cc 111
codex calixtinus (Compostelle) – XIIe — chant
Interprétés par l'ensemble Witiza
Luis-Miguel Barban : chant, santur, bendir
Hervé Berteaux : récit, darbouka, flûtes à bec, cornamuse
Cédric Crespin : chant, rebec
Gérard Mascot : récit
Léo Richomme : chant, oud
Conception générale et écritures : Hervé Berteaux
direction musicale : Luis-Miguel Barban
Cet enregistrement a été réalisé en août 1997
en l'église romane de Saint-André-de-Buèges
Prise de son: Clément Ziegler
Crédits photographiques, recto et CD : Luis-Miguel Barban
Autres clichés : Jean Mimran (Festival du Château de Portes) et Compagnie Médiévale
La production du présent ouvrage a été financee avec l'aide de l'Union Européenne (FEDER)
et du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon
Dépôt légal : 1er trimestre 1998
© La Compagnie Médiévale - Hervé Bertaux
Préface
A la recherche des musiques oubliées
Je suis
très heureuse de voir que ce programme, crée tout spécialement pour le
festival de Saint-Guilhem-le-Désert puisse bénéficier d'une large
audience grâce à l'édition d'un CD qui comble nos vœux.
Nous
avions été sous le charme magique et l'enchantement de ces musiques
venues du fond des âges, et de ces sonorités si merveilleusement
restituées para l'ensemble Witiza. Soirée exceptionnelle à l'occasion
d'une table ronde organisée autour de l'abbaye de Gellone, étape sur le
chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en hommage à l'inspirateur d'un
pèlerinage toujours vivace et vivant. Un retour aux sources, riche de
recherches et de découvertes. Musique tout à la fois austère et
sensuelle, souvent étrange et rêveuse, sur des instruments marqués de
mystère et réjouissant nos anciennes mémoires. Musique d'un monde qui
fut le lieu de rencontre d'un Occident qui s'affirmait et des traditions
d'une brillante civilisation islamique.
Nous suivons ici les pas
d’un homme qui se rend à Compostelle en faisant un large détour par le
chemin de Barcelone, après Gellone et Aniane. Itinéraire extravagant
pour nos esprits contemporains hantés para la fuite du temps, mais ni
temps ni distance ne comptaient à qui voulait son salut!
De
subtiles compositions correspondent à chacune des étapes. Chant, flûte,
rebec, santur nous font revivre le pèlerinage de cet homme aventureux et
méditatif entraîné dans le mouvement qui fait cheminer et évoluer la
musique tout au long de son parcours mystique. La ferveur et
l'engagement de l'être dans la quête de la spiritualité trouvent ici une
poésie de l'immatériel, hors du temps, et cependant d'une permanence
quotidienne dans notre monde chargé d'angoisses et de turbulences.
Compostelle nous ouvre le chemin de la lumière et du sacré en suivant le
discours mélodique de l'ensemble Witiza.
Monique Bernat
Directeur artistique du festival de Saint-Guilhem-le-Désert
Avant-propos
Comme
le precise la préface, le présent enregistrement vous invite a marcher
dans les pas d'un pèlerin de saint Jacques. Arrivé en état de profonde
détresse à Gellone — aujourd'hui Saint-Guilhem-le-Désert — il retrouve
espoir et vigueur grâce a une révélation qui bientôt l'entraîne vers
Monserrat en Catalogne. Il se recueille auprès de la Moreneta ou «Vierge
Noire» avant de poursuivre son périple vers Compostelle.
Quelle
distance parcourue pour un humble marcheur! Mais pour s’attirer
«moultes» bonnes grâces et gagner salut et félicité, ne faut-il pas
visiter un grand nombre de sanctuaires dépositaires de reliques et prier
en autant de lieux sacrés ayant vu se dérouler des miracles attribués a
saint Jacques, à la Vierge Marie ou a divers saints et saintes?
Des
esprits malicieux pourraient voir dans le pèlerinage de saint Jacques
les prémices d'un marketing «touristique» (il existe dès le XIIe siècle
un guide du pèlerin rédigé par Aimery Picaud). Chaque lieu a
effectivement à coeur de proposer les reliques les plus rares et les
miracles les plus merveilleux quitte — pour ces derniers — à recourir à
des légendes et à des éléments populaires qui frappent les esprits,
attirent les foules et que l'on retrouve aujourd'hui dans des manuscrits
tels que celui des Cantigas de Santa Maria écrit a la Cour dAlponse X
le Sage à la fin du XIIIe siècle. Y sont réunis prés de quatre cents
miracles dont une bonne centaine font référence à des lieux directement
situés sur les chemins de saint Jacques tels que Montserrat, Albeça,
Salas, Villa Sirga et Santiago. Les thèmes sont très variés et ne
laissent pas discerner de réelle frontière entre profane et sacré. Nos
saints personnages sont souvent confrontés à des situations fort
éloignées de tout contexte religieux. Citons l'exemple de la cantiga 189
où, attaqué par le diable déguise en dragon, le pèlerin invoque la
Vierge Marie et avec son aide le tue. Aspergé par le venin de la bête,
il devient lépreux mais se trouve guéri après accompli un pèlerinage.
Le
chemin de saint Jacques inspire de nombreuses œuvres musicales que l'on
retrouve à diverses étapes telles que Gérone, Barcelone, Montserrat,
Burgos, Compostelle... On peut y apprécier les différents stades
d'évolution de la récente découverte de l'art musical occidental : la
poliphonie.
L'art monodique grégorien n'est pas non plus
indifférent a saint Jacques en particulier et aux apôtres en général.
Leur sont dédiées de très belles mélodies.
Enfin les premières
pièces de cet enregistrement illustrent la richesse culturelle de
l'abbaye de Gellone où le présent répertoire a été créé au printemps
1995 dans le cadre d'une commande officielle festival de
Saint-Guilhem-le-Désert et à l'occasion d'une rencontre d'historiens et
de scientifiques sur le thème de Saint-Jacques-de-Compostelle.
L'enregistrement
a été effectué dans l'église romane de Saint-André-de-Buèges (Hérault)
avec une prise de son dénuée de tout effet artificiel pour préserver
l'authenticité sonore. II faut noter que vent et pluie n'ont pas ménagé
leur effbrt pour s'associer cm projet.
Que soient ici remerciés
les habitants du hameau de l'église pour leur compréhension pendant les
séances d'enregistrement et pour leur accueil. Puissent-ils ne pas tenir
rigueur du trouble causé en des heures inhabituelles par les coups de
cloche qui sont venus accompagner au dernier moment la litanie
enregistrée en plage 3.