Cluny. La Transfiguration / Venance Fortunat
Chants de Pierre le Vénérable



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medieval.org
L'Empreinte digitale ED 13 091
mayo de 1998
Mont-Saint-Vincent, prieuré clunisien fondée en 988









01 - Ecce nubes lucida   [2:56]
02 - Assumens Ihesus   [4:26]
03 - Invitatoire   [5:39]
04 - Assumptis Hodie   [3:05]
05 - Coram tribus discipulis   [2:15]
06 - Primo genitus   [2:42]
07 - Ihesus ad discipulos   [4:02]
08 - O nata lux de lumine   [3:17]

Antienne
09 - Ton 1. Visionem quam vidistis   [1:19]
10 - Ton 2. Accessit Ihesus   [1:02]
11 - Ton 3. Ut testimonium haberet   [1:02]
12 - Ton 4. Les per moysen   [1:07]
13 - Ton 5. Descententibus illis   [1:00]
14 - Ton 6. Celi aperti sunt   [1:21]
15 - Ton 7. Tribus discipulis   [2:24]
16 - Ton 8. Celi aperti sunt   [0:46]


17 - Claruit magnitudo Dei   [2:36]
18 - Hodie in monte   [3:03]
19 - Discipuli Christi   [2:02]
20 - Sicut unius Dei trinitas   [5:45]
21 - Videns Petrus   [7:58]
22 - Ave stella matutina   [3:32]




Ensemble Venance Fortunat
Anne-Marie Deschamps

Dominique THIBAUDAT soprano
Marie ESTEVE soprano
Françoise LEVY mezzo
Adrian BRAND ténor
Bruno RENHOLD ténor
Patrice BALTER baryton
Gabriel LACASCADE baryton
Antoine SICOT basse

avec la participation de
l'ensemble grégorien de Bourgogne "Les Ambrosiniens"
Direction Marc Robin





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"C'est par ses usages liturgiques que Cluny aura été un centre de rayonnement. Par eux se sont répandues largement les mélodies chantées dans la grande abbaye bourguignonne, assurant ainsi, pour une forte mesure, le triomphe des variantes françaises."

Dom. J. Hourlier


L'influence manifeste de Cluny sur le cours de l'histoire se fait sentir particulièrement dans le domaine musical.

L'église de Cluny - la plus grande église du monde chrétien jusqu'à la construction de Saint-Pierre de Rome - accueillait une vie liturgique intense. A travers toutes les maisons dépendantes de la maison-mère (il y en eut 1200 jusqu'en Orient), il y a échange de création, réception de nouveaux offices de saints locaux, promotion de coutumes rituelles et création de chants dans un très grand respect de la tradition et des coutumes établies, avec un goût évident pour le beau chant.

Pierre le Vénérable en composant ses offices (à la Vierge et pour la Transfiguration) réaffirme les deux natures du Christ: son humanité par la naissance de Marie et sa divinité par la proclamation divine à la Transfiguration.

Les deux offices ouvrent aussi à l'amour divin, celui de Marie, mère qui intercède auprès de son fils; celui du père qui identifie: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé". C'est à travers la fête de la Transfiguration que tout l'art chrétien d'Orient comme d'Occident a trouvé sa justification et son énergie propre. C'est pourquoi nous avons commencé le travail d'enregistrement du manuscrit BNF Lat. 17716 par des offices de la Transfiguration.

La prosodie de Pierre le Vénérable est toujours parfaite et accessible, ce qui rend ce chant attrayant. La musique souligne les intentions évidentes du Vénérable: choix manifeste de privilégier Elie (la prophétie) plutôt que Moïse (la loi). Ici les textes répétitifs et sans ajout de prose ou de séquence, disent inlassablement l'histoire de la Transfiguration, quelquefois mot à mot (les deux antiennes «Visionem quam vidistis») sur une musique toujours renouvelée, quelquefois en privilégiant tel ou tel élément de l'histoire: la voix du Père, la lumière de la matière, la présence des anciens prophètes témoins de l'action qui se déroule aujourd'hui (hodie). Les parties solistes développées ajoutent à la dramartugie de ces instants.

La musique du manuscrit BNF Lat 17716 mêle des éléments traditionnels à d'heureuses trouvailles. La prose à la Vierge et l'office de la Transfiguration proposent une conduite vocale qui se déploie généralement sur un large ambitus dans un mouvement ascendant et descendant souple et varié. Aux caractéristiques propres au XlIème siècle de descentes rapides (avec peu de paliers) s'ajoute une intention particulière de vocalisation sur des mots porteurs (bene, apparuerunt, Helye, resurgat, ...) par un procédé proche de l'improvisation traditionnelle qui consiste à enrichir progressivement une cellule première: ce traitement est particulièrement heureux sur le répons "Videns Petrus Moysen & Helyam" : le nom d'Élie est proposé à trois reprises, de plus en plus mélismatiques.

Comment traduire le choc de la rencontre avec l'œuvre de ce personnage complexe, au centre du Moyen-Age, Pierre le Vénérable, abbé de Cluny de 1122 à sa mort un 25 décembre 1156, sinon en interprétant les plus belles pièces de ce manuscrit, une musique enregistrée pour la première fois, une musique qui prouve le goût de cet abbé pour le grand chant soliste, comme pour la psalmodie de groupe. Nous avons enregistré ces offices comme on feuillette un manuscrit au gré des pages avec des retours en arrière et des émerveillements prolongés; dans une acoustique clunisienne difficile par grand vent, mais porteuse de mémoire. Nous présentons les huit antiennes classées par ton pour accompagner les fameux «chapiteaux des tons» exposés au farinier de l'abbaye.

Ces pièces ont pu être chantées dans la célébration des offices aussi bien à Cluny même que dans ses filiales notamment le réclusoir féminin de Marcigny-sur Loire, cité dans ce manuscrit.

Anne-Marie Deschamps

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