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julio de 1991
L'empreinte digitale ED 13013 (1995)
L'empreinte digitale ED 13153 (2003, 2006)
Jeu liturgique du XIIeme
siecle a Fleury-sur-Loire
01 - Aptatur
[0:44]
motet sur la tenur ligurguique
d'un répons à saint Nicolas
Jeu. Le Juif
Volé
Le Juif: Antoine Sicot
Les voleurs:
Catherine Ravenne,
Dominique Thibadaut,
Eric Trémolières
Saint Nicolas: Gabriel
Lacascade
02 - Le Juif s'adresse à
Saint Nicolas [3:17]
03 - Entrée des voleurs
[2:03]
04 - Alors revient le Juif
[3:39]
05 - La colère de Saint
Nicolas [2:17]
06 - La reddition des voleurs
[0:55]
07 - Le juif reconnait ses biens et
rend grâce a Saint Nicolas [1:25]
Messe pour la fête
de saint Nicolas
08 - Introit. Statuit ei Dominus,
1er ton [2:02]
09 - Graduel. Inveni David,
2e ton [5:21]
10 - Alleluia! Justus ut palma
[4:09]
monodie grégorienne, 1er ton
sequella d'un manuscrit aquitain
11 - Offertoire. Veritas mea,
2e ton [3:58]
12 - Communion, antienne. Semel
juravi, 4e ton [1:43]
13 - Ex eius tumba
[6:37]
· répons, monodie de 1er ton
· organum simple, École de
Notre Dame
14 - Ex eius tumba
[4:19]
· organum double, École de
Notre Dame
15 - Antienne. Copiose caritatis
[1:05]
Jeu. Les Trois
Clercs
16 - L'arrivée des
clercs [1:29]
17 - Les clercs et les vieux
[2:22]
18 - La mort des clercs
[1:04]
19 - L'arrivée de Saint
Nicolas [3:03]
20 - La prière de Saint
Nicolas [1:58]
21 - Guillaume DUFAY. O
gemma lux, motet à 3 [4:00]
ENSEMBLE VENANCE FORTUNAT
Anne-Marie Deschamps
Dominique Thibaudat, soprano
Françoise Levy, mezzo soprano
Catherine Ravenne, alto
Éric
Trémolières, ténor
Gabriel Lacascade, baryton
Antoine Sicot, basse
LES MIRACLES DE SAINT NICOLAS
Ce disque propose un voyage à travers les formes les plus
hautement créatives du Moyen Age, en compagnie d'une figure de
l'histoire dont la popularité est quasi unanime: saint Nicolas.
Du IVe siècle - date de sa mort - au XVe siècle - avec
Guillaume Dufay - saint Nicolas a inspiré iconographes et
musiciens qui semblent toujours avoir voulu faire sentir aussi bien son
caractère populaire que son grand rayonnement.
Les jeux liturgiques sur quelques-uns des miracles de saint Nicolas, de
même que le motet Aptatur, témoignent de la
popularité de ce saint dans une langue latine très
concrète, pleine d'allitérations, parfois franchement
comique. La musique fait référence constamment à
l'Orient ou à ce qu'en imaginaient les étudiants de
l'époque. Les jeux rythmiques des accents du latin contribuent
à la saveur du chant souvent répétitif. Ces
miracles ont été joués bien après le XIIe
siècle, engendrant une littérature fameuse (Jean Bodel).
Le rayonnement de saint Nicolas et sa dévotion sont
présents à travers la messe (pour les
évêques et confesseurs) dont l'Alleluia se double en
Aquitaine d'une curieuse sequella, à travers les étranges
organa simple et double de l’École Notre-Dame pour
l'office de nuit, à travers enfin le grand motet de Guillaume
Dufay.
Saint Nicolas, qui a été et demeure un des saints les
plus populaires, a le privilège d'appartenir à la fois
à l’Église d'Orient et l’Église
Latine. Les régions de tradition "réformée" le
fêtent aussi, et Luther en avait fait ... l'ancêtre du
Père Noël.
Né en Asie Mineure vers 260, Nicolas fut élu
évêque de Myre en Lycie, puis jeté en prison et
délivré à l'avènement de Constantin. Il
combattit l'hérésie arienne au Concile de Nicée,
où il fut puni pour avoir giflé Arius (son
caractère d'homme bouillant est particulièrement
évoqué dans ces jeux liturgiques). Il mourut en 340.
Dès le IVe siècle il est vénéré
autour du bassin méditerranéen. Au XIe siècle son
corps fut enlevé de Demré (Turquie) par des marins de
Bari et transporté dans cette ville du sud de l'Italie. Peu de
temps après, une partie des reliques fut volée par un
certain lorrain du nom d'Aubert et emportée à
Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine d'où la
vénération du saint s'étendit dans toute l'Europe
du Nord et de l'Est. Saint Nicolas est le patron de la Russie et de
nombreuses villes à travers le monde; il est encore
vénéré dans de nombreux pays: Allemagne, Danemark,
Grèce, Italie, ...
Nicolas est le saint que l'on invoque dans les problèmes
d'argent et de fille à marier, le protecteur des bateliers, des
marins et des passeurs d'eau, le patron des avocats et des
prêteurs sur gages... Le bâton de l'ordre des
bâtonniers était anciennement surmonté d'une
effigie de saint Nicolas.
Les jeux
Les deux jeux liturgiques du XIIe siècle présentés
dans ce disque sont extraits du manuscrit dit de Fleury-sur-Loire
(conservé à la Bibliothèque Municipale
d'Orléans). Ils faisaient partie de la liturgie: le Juif
volé était joué avant le début de la messe
de la fête du saint, les Trois Clercs pendant l'office de nuit.
A l'époque de la création des jeux liturgiques il ne
s'agissait pas de donner un "spectacle" mais de rendre vivant, pour
celui qui joue comme pour celui qui écoute, un aspect de la foi
touchant aussi bien à l'histoire qu’à la morale ou
à la psychologie. Tout le monde connaît l'histoire
racontée; il n'y a pas recherche de suspens mais d'assimilation.
Le Manuscrit de Fleury-sur-Loire (Saint-Benoît-sur-Loire) est le
plus important corpus de jeux liturgiques de l'histoire actuelle de la
musique. Les chercheurs se disputent encore sur son origine exacte.
Il comporte dix jeux (dont quatre miracles de saint Nicolas) avec
notation musicale sur ligne, notation non mesurée qui oblige
l'interprète à retrouver le parler latin "vivant", avec
cependant certaines indications de valeurs plus longues ou plus
brèves.
Anne-Marie Deschamps
1. APTATUR
Motet (voir glossaire) sur la teneur liturgique d'un répons
à saint Nicolas sortie de la tradition.
Manuscrit dit "Chansonnier de Montpellier" (XIIIe-XIVe, transcription
A.M. Deschamps)
2 à 7: LE JUIF VOLÉ
Le Juif: Antoine Sicot
Les voleurs: Catherine Ravenne, Dominique Thibaudat, Eric
Trémolières
Saint Nicolas: Gabriel Lacascade
2. LE JUIF S'ADRESSE A SAINT NICOLAS:
3. ENTRÉE DES VOLEURS
4. ALORS REVIENT LE JUIF
5. LA COLÈRE DE SAINT NICOLAS
6. LA REDDITION DES VOLEURS
7. LE JUIF RECOUVRE SB BIENS ET REND GRÂCE À SAINT NICOLAS
8. STATUIT EI DOMINUS
Introït de la messe pour la fête de saint Nicolas. (1er ton
- Editions Solesmes)
9. INVENI DAVID
Graduel de la messe pour la fête de saint Nicolas. (1e ton -
Editions Solesmes)
10. ALLELUIA! JUSTUS UT PALMA
Alleluia de la messe pour la fête de saint Nicolas.
- monodie grégorienne (ton 1 - Editions Solesmes) suivie d'une
- sequella (voir glossaire) d'un manuscrit aquitain.
11. VERITAS MEA
Offertoire de la messe pour la fête de saint Nicolas. (2e ton -
Editions Solesmes)
12. SEMEL JURAVI
Antienne de communion de la messe pour la fête de saint Nicolas.
(4e ton - Editions Solesmes)
13. EX EIUS TUMBA
Ce répons (voir glossaire) fait allusion à l'huile qui
sort du tombeau de saint Nicolas à Bari et qui est encore
prélevée de nos jours. Il fut si célèbre
que l'on en trouve plusieurs versions "organisées" en
polyphonie, sensiblement différentes selon les manuscrits de
l’École Notre Dame (fin XIIe-début XIIIe). Il est
chanté ici comme il l'était à l’École
Notre-Dame de Paris: les polyphonies "nouvelles" enchâssées dans
la monodie primitive.
Monodie: 1 er ton - Editions Solesmes.
Organum simple (voir glossaire): Manuscrit Plut 29 de Florence
(transcription Anne-Marie Deschamps)
14. EX EIUS TUMBA
Organum double (voir glossaire): Manuscrit Plut 29 de Florence
(transcription Anne-Marie Deschamps)
15. COPIOSE CARITATIS
Cette antienne (voir glossaire) terminait un autre jeu de saint Nicolas
du même manuscrit. Elle était si célèbre au
XIIe siècle que le manuscrit de Saint-Benoît l'indique
sans la noter. (Version d'un manuscrit français du XIVe,
transcription Anne-Marie Deschamps).
16 à 20: LES TROIS CLERCS
On raconte que saint Nicolas apparut en songe l'empereur Constantin et
que, par ses avertissements, il invita ce prince à gracier des
condamnés à mort qui avaient invoqué le saint
évêque depuis leur prison.
L'iconographie de ces trois hommes enfermés dans leur prison et
invoquant le saint, reçut au cours des siècles des
interprétations et des transformations diverses qui
amenèrent la légende populaire des trois enfants dans le
saloir du boucher.
Au XIIe siècle, dans le jeu de Saint-Benoît-sur-Loire, il
s'agit de trois étudiants partis en voyage pour leurs
études.
Un des jeux, dont le thème musical unique se colore de
l'individualité de chaque personnage tout à fait
perceptible dans le texte, se termine par l'admirable prière Pie
Deus qui rompt totalement avec le caractère
répétitif de la musique de ce jeu.
16. L'ARRIVÉE DES CLERCS
17. LES CLERCS ET LES VIEUX
18. LA MORT DES CLERCS
19. L'ARRIVÉE DE SAINT NICOLA
20. LA PRIERE DE SAINT NICOLAS
21.0 GEMMA LUX
Guillaume Dufay, né au nord de la France au début du XVe
siècle, meurt à Cambrai le 27 novembre 1474. Sa vie
mouvementée lui a permis d'assimiler les pratiques musicales de
l'Europe du XVe siècle tant sur le plan du rythme que sur celui
des rencontres harmoniques entre les différentes voix. Il
établit un style constamment mélodique, toujours
harmonieux même dans la complexité rythmique. Ce motet
(voir glossaire) est précédé d'un prélude
en canon qui laisse désirer l'arrivée de la teneur Beatus
Nicolaus. Chaque voix insiste à sa façon sur la
résidence italienne (posthume) de saint Nicolas, hommage de
Dufay à ses mécènes italiens. (Transcription
Anne-Marie Deschamps).
GLOSSAIRE
MOTET: forme musicale dans laquelle sont superposés un ou
plusieurs textes différents avec leur mélodie propre sur
un thème liturgique traditionnel ("teneur").
ORGANUM: sur une base liturgique connue, une ou plusieurs voix
"s'organisent" en se différenciant "point-contre-point",
c'est-à-dire note-contre-note, d'où le mot contrepoint.
Dans l'organum à vocalises la teneur, exécutée par
un ensemble, en valeur très étirée, est "fleurie"
par les mélismes du (ou des) soliste(s), improvisées A
l'origine.
ANTIENNE: court prélude qui encadre un psaume et en
annonce le mode. Les antiennes donnent la "couleur" de la fête
qui est célébrée. C'est la manifestation du
présent, par rapport au psaume qui est éternel. La
musique des antiennes épouse le texte d'une façon lyrique.
REPONS: pièce de forme A-B-A, peut-être l'origine
de toutes les formes musicales de ce type. Le répons est plus ou
moins développé selon sa destination liturgique.
SEQUELLA: fait "suite" à la reprise quelques fois
déjà "arrangée" de l'alleluia. C'est un jeu
d'improvisation surfa syllabe "a" selon un schéma encore vivant
de nos jours: un chanteur lance un thème repris par un second
qui ajoute des ornements puis une suite qui sera reprise à son
tour par le premier, et ainsi de suite, jusqu'à la finale du
mode.