De profundis. Déplorations sacrées de la tradition occidentale / Venance Fortunat


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medieval.org
Solstice 48
Enregistrements réalisés du 2 au 6 mars 1986
dans les carrières Arnaudet a Meudon (Hauts-de-Seine)






01 - DE PROFUNDIS CLAMAVI AD TE. Offertoire de 33e dim. après la Pentecôte / Ton 2
baryton, 2 basses

02 - VOX IN RAMA. Communion de la fête des SS. Innocents / Ton 7
mezzo-soprano

03 - PLANCTUS. JACOB SUPER FILIOS SUOS. Pierre Abélard (1079-1142) / 1er mode
sopranos 1 2 4, mezzo-soprano, ténor, baryton, 2 basses

04 - LIBERA ME, DOMINE. Antienne pour les défunts / Ton 1
basse 9

05 - LIBERA ME DE SANGUINIBUS. Motet de Philippe de Vitry (1291-1361)
sur une antienne du Mercredi-Saint (manuscrit d'Apt)
/ Ton 8
sopranos 1 4, mezzo-soprano, ténor, baryton, 2 basses

06 - DEUS, DEUS MEUS. Trait de la Passion, le dimanche des Rameaux / Ton 2
sopranos 1 2 4, mezzo-soprano, ténor, baryton, basse 9

07 - LAMENTATIONS DE JEREMIE. Tradition du Vendredi-Saint à Ponte de Lima / 1e, mode plagal
soprano 4

08 - DE LA CRUDEL MORTE DE CRISTO. Laude du 14e s., Italie / ler mode
basse 9

09 - ALLELUIA CHRISTUS RESURGENS
a) Monodie pour le temps pascal / Ton 1
basse 7
b) Motet à 3 parties sur le mot MORS du verset. Ecole de Notre-Dame (13e s.)
ténor, baryton, basse 7
c) Organum à 4 parties sur la même teneur. Ecole de Notre-Dame
sopranos 2 4, mezzo-soprano, ténor

10 - PLANCTUS DE LA DEPOSITION. Missel de Braga (Lyon, 1555)
sopranos 1 2 4, mezzo-soprano

11 - PLANCTUS DE LA DEPOSITION. Version à 7 voix de Hélène Gazeau (1983)
sopranos 1 2 4, mezzo-soprano, ténor, baryton, basse 9

12 - PLANCTUS DE MARIE. Manuscrit de Cividale del Friuli (14e s.)
sopranos 2 4 5, baryton




Ensemble VENANCE FORTUNAT
Anne-Marie Deschamps

Anne-Marie Deschamps, soprano (1) #3  5  6  10  11
Catherine Heugel-Petit, soprano (2) #3  6  9c  10  11  12
Françoise Lévy-Verdet, mezzo-soprano (3) #2  3  5  6  9c  10  11
Dominique Thibaudat, soprano (4) #3  5  6  7  9c  10  11  12
Anahit Fontana-Morillas, soprano (5) #12
Bruno Boterf, ténor (6) #3  5  6  9bc  11
Philippe Kahn, basse (7) #1  3  5  9ab
Gabriel Lacascade, baryton (8) #1  3  5  6  9b  11  12
Antoine Sicot, basse (9) #1  3  4  5  6  8  11











Le thème de ce disque a été inspiré par son lieu d'enregistrement: à plusieurs mètres sous terre, dans les carrières de Meudon.
L'offertoire De profundis, qui s'imposait, a suscité un répertoire de clameurs et de déplorations. Ce type de répertoire existe sous diverses formes rituelles, dans les cultures de toutes les ethnies.
Pour l'occidental du Moyen-Age, le personnage vétérotestamentaire de Rachel -épouse et mère exemplaire- préfigure Marie et l’Église. Ce personnage est souvent présent dans les plaintes évoquant la douleur des mères devant la mort.
Les pays méditerranéens ont longtemps gardé une tradition très vive des rites de déploration dans l'expression tant liturgique que populaire.
Le planctus est une déploration sur la mort d'une personne connue et nommée, et non une méditation sur la mort en général: c'est dans cet esprit que les chrétiens commémorent, le Vendredi-Saint, la mort du Christ.
Le rite de la déposition de la Croix portée processionnellement vers un autel qui symbolise le tombeau du Christ s'est développé en un véritable jeu liturgique (Planctus Mariae) qui met l'accent sur la souffrance maternelle de Marie au pied de la Croix.

L'interprétation a mis l'accent d'une part sur la différence entre les sons stables (ou de structure) et les sons flottants, plus ornementaux; d'autre part sur le caractère expressif des pièces d'actualisation relevant de ce qu'on appelle le Propre (par opposition à celles composant l'Ordinaire).

A travers le répertoire sacré médiéval, notre propos est de montrer que l'Homme, instrument non tempéré, a plusieurs façons d'être juste.

L'Ensemble Venance Fortunat est un groupe mixte de chanteurs professionnels, spécialisé dans le chant dit "a capella" (sans accompagnement instrumental).

Les chants sacrés occidentaux des VIe au XIIIe s. —qui font toujours l'objet de recherches musicologiques importantes— constituent la base de son répertoire. L'Ensemble reste curieux de l'influence que ce répertoire traditionnel a pu avoir, au cours des siècles et jusqu'à nos jours, sur les compositeurs. Il tient compte, dans l'interprétation, des lieux où il intervient. Il travaille autant que possible en acoustique naturelle, qu'il cherche à restituer dans ses enregistrements sans retouche ni manipulation de studio.



1. DE PROFUNDIS CLAMAVI AD TE, DOMINE
Offertoire dé 33e dimanche après la Pentecôte (ton 2. Ed. Solesmes)
L'offertoire accompagnait la procession de l'assemblée apportant l'offrande du pain et dé vin à l'autel. Au VIIIe siècle, le chant dé l'offertoire est, avec l'Alleluia, la pièce la plus longue et la plus mélismatique du répertoire.

De profundis clamavi ad te, Domine:
Domine exaudi orationem mea: de profundis clamavi ad te, Domine,
Fiant aures tuae intendentes in orationem servi tui
Si iniquitates observaveris, Domine, Domine, qui sustinebit?
(Ps. 130)


2. VOX IN RAMA
Antienne de communion de la fête des Saints Innocents (ton 7. Ed. Solesmes)

Vox in Rama audita est, ploratus et ululatus:
Rachel plorans filios sous, noluit consolari, quia non sunt.
(Mt. 2,18)


3. PLANCTUS IACOB SUPER FILIOS SUOS
De Pierre Abélard, 1079-1142 (1er mode)

Infelices filii patre nati misero
novi, meo sceleri talis datur ultio
cuius est flagitii tantos danpnum passio
quo peccato merui hoc feriri gladio
Joseph decus generis filiorum gloria
devoratus bestiis morte ruit pessima
Symeon in vinculis mea luit crimina
post matrem et Beniamin nunc amisi gaudia

Joseph fratrum invidia divina pollens gratia
que, fili mi, presagia fuerunt illa somnia?
Quid sol quid luna, fili mi, quid stelle quid manipuli,
que mecum diu contuli, gerebant in se mistici?
Posterior natu fratribus, sed amore prior omnibus,
quem moriens mater Bennonim pater gaudens dixit Beniamin,
Blanditiis tuis miserum relevabas patris senium,
fratris mihi reddens speciem et decore matris  faciem.

Pueriles nenie super cantus omnes
orbati miserie senis erant dulces:
Informes in facie teneri sermones,
omnem eloquentie favum transcendentes.
Duorum solacia perditorum maxima gerebas intefili.
Pari pulchritudine representans utrosque reddebas sic me mihi.
Nunc tecum hos perdidi et plus iusto tenui hanc animam, fili mi.
Etate tu parvulus, in dolore maximus sicut matri sic patri.

Deus, cui servio tu nos nobis facito vel apud te coniungi.


4. LIBERA ME
Antienne pour l'office des défunts (ton 1. Ed. Solesmes)

Libera me, Domine, de viis inferni qui portas aereas confregisti et visitasti infernum, et dedisti eis lumen, ut viderent te: qui erant in poenis tenebrarum clamantes et dicentes: advenisti, Redemptor noster.


5. Motet sur l'antienne LIBERA ME DE SANGUINIBUS pour le Marcredi-Saint, en ton 8.
De Philippe de Vitry (1291-1361) (d'après le manuscrit d'Apt)

supérieur
Colla jugo subdere curias sectari
quarum sunt inmunere clades mores rari
potens suo vivere debet exequari
aliena desere quadra convivari
pane tuo vescere tibi dominari
si vis es effugere curis lacerari
malo fabam rodere liber et letari
quam cibis affluere servus et tristari
aulici sont opere serrper adulari
fictas laudes promere lucraque venari
ab implumis tollere plumas et conari
dominis alludere falsa commentari
ve quos habent pongere verba que subduntur
nulla fides pietasque viris qui castra secuntur.

milieu
Bona condit cetera bonus libertatis
qui gazarum genera tot thesaurisatis
multiplici falera vos qui faleratis
et cum libet ubera ferculalibatis
si vivere libera vita nequeatis
nunquam saporifera servidegustatis
vincit auri pondera sue potestatis
esse vobis funera servi propinatis
mala per in munera dum magis optatis

teneur
Libera me de sanguinibus et exultabit lingua mea.


6. DEUS, DEUS MEUS
Trait du dimanche de Rameaux (ton 2. Ed. Solesmes)
Le trait est un psaume chanté par un ou plusieurs solistes et musicalement très ornementé. Il est chanté aux messes des défunts et pendent le carême à place de l'Alleluia, avant la lecture de l'Evangile.

Deus, Deus meus, respice in me: quare me dereliquisti?
Longe a salute mea verba delictorum meorum
Deus meus, clamabo per diem, nec exaudies: in nocte, et non ad insipient iam mihi
Tu autem in sancto habitas, laus Israël
In te speraverunt patres nostri: speraverunt, et liberasti eos
Ad te clamaverunt, et salvi facti sunt: in te speraverunt, et non sunt confusi
Ego autem sum vermis, et non homo: opprobrium hominun, et abjectio plebis
Omnes qui videbant me, aspernabantur me: locuti sunt labiis, et moverunt caput
Speravit in Domino, eripiat eum: salvum faciat eum, quoniam vult eum
Ipsi vero consideraverunt , et inspexerunt me: diviserunt sibi vestimenta mea, et super vestem meam miserunt sortem
Libera me de ore leonis: et a cornibus unicornium humnilitatem meam
Qui timetis Dominum, laudate eum: universum semen Jacob, magnificate eum
Annunciabitur Domino generatio ventura: et annunciabunt caeli  justitiam ejus
Populo, qui nascetur, quem fecit Dominus.
(Ps. 22)


7. ORATIO JEREMIAE
Archives de la Miséricorde de Ponte de Lima, Portugal (1er rode plagal)
Texte castillan transcrit par un copiste français. Traduction en langue vulgaire des Lamentations de Jérémie, mais la forme musicale -archaïque- pourrait remonter aux Xe ou XIe siècles.

Nin los viejos a puerta duraron,
nin mancebos en choro cantaron.
Non nos podimos entonces tanto alegrar,
tornados somos en llorar.
Ay de mi, ay de mi, que por nuestros peccados,
de tan alto como somos abaixados.
Jerusalem en tan gran mal caimos,
liegos somos et non le merecimos.
Las gulpes, las traideras vinieron,
por el huerto de Sion anduvieron.


8. DE LA CRUDEL MORTE DE CRISTO
Extrait d'un laude de XIVe s., Codice Magliabechiano II, 1, 122 de Florence (1er mode)
De véritables compagnies de "lauders", chanteurs laïcs professionnels, s'étaient formées dès le XIIe s. en Italie pour chanter, dans les rues ou parallèlement aux fêtes liturgiques, des chants sacrés de caractère populaire.

Refrain: De la crudel morte de Cristo on'hompianga amaramente.

Quando Iuderu Cristo pilliâro, d'ogne parte lo circumdâro,
Le sue mane stricto le gâro como ladro villanamente.
Tutti gridaro alta voce: "Moia'l falsa, moia' l veloce!
Sbrigamente sia posto en croce ke non turbi tutta la gente."
San Jovanni, lo vangelisto, quando guardava suo maiestro
Vedielo'n croce, molt'era tristo et doloroso de la mente.
Li soi compagni l'abandonâro, tutti fugiero e lui lasciaro
Stando tormento forte et amar de lo suo corpo per la gente.
Molt'era trista sancta María quando'l suo figlio en croce vede
Cum gran dolore forte piangeva dicento: "Trista, lassa, dolente!"


9. ALLELUIA "CHRISTUS RESURGENS" du 4e dimanche après Pâques.
a) version monodique (ton 1. Ed. Solesmes)
b) motet à 3 parties de l'Ecole de Notre-Dare (fin XIIe-début XIIIe, Ms de Florence Plut 29. Transcr. A.-M. Deschamps)
Le compositeur a pris pour seule base du motet le mot "mors" (mort) du verset de l'Alleluia. Ce motet fait preuve d'une virtuosité à la fois poétique (avec ses jeux d'allitération entre "mors" et "morsure") et musicale (les trois voix semblent suivre un schéma musical tout à fait indépendant).
c) organum triple (trois voix au-dessus de la teneur) sur la même teneur que le motet (Ecole de Notre-Dame. Ms  de Wolfenbüttel 1. Transcr. A.-M. Deschamps).

Alleluia. Christus resurgens ex mortuis iam non moritur, mors illi ultra non dominabitur.  (Rom. VI, 9)

supérieur:
Mors morsu nata venenato, mors tu palato heseras vitiato, mors peccato primo decimato, ex vitio venis avito fonte fellite.
Fit corruptio ex abstiutio translato, sine veneno cum radio sereno ex siccato fit reformatio.
Vero solenato verbo humanato passo sub Pilato vide dolo vendito Crucis morti tradito, mortis morsu pudito, vite statu reddito.

milieu:
Mors que stimulo nos urges emulo, importuno tradis uno omnis vinculo.
Dum te vito mors ades subito invito. Mors quam paveo caveo quam fugio non effugio.
Serpis clanculo insopito vigil oculo. Dun insignito dives titulo fluores seculo.
Vite finito hoc curriculo manito demolito hoc corpusculo dissoluto teste fragilis ludo parvulo claudis angulo brevi tumulo.
Mors gladio exuto instas virgulo. Vivam ut vituto, me signaculo crucis.
Munio Christus scudo, o mors.


10-11. HEU DOMINE Planctus dé la Déposition de la Croix.
a) d'après une édition tardive du missel de Braga (Portugal, 1558).
Ce planctus, venu de Padoue (Italie), aurait été introduit à Braga au XIV s. Deux enfants clercs chantent le refrain; on répond, à genoux, sur les versets.
b) version contemporaine à sept voix, crnposée pour l'Ensemble par Mme Hélène Gazeau (1983).

Heu! Heu! Domine! Heu! Heu! Salvator noster!
Pupilli facti sumus absque patre, mater nostra vidua.
Cecidit corona capitis nostri, vae nobis quia pecavimus.
Spiritus cordis nostri, Christus Dominus, morte turpissima condemnatus.
Defecit gaudium cordis versa est in luctum cithara nostra.
(Lamentations de Jérémie)


12.PLANCTUS MARIAE
Jeu liturgique du Vendredi-Saint du manuscrit de Cividale del Friuli (transcr. A.-M. Deschanps).
L'Italie détient, dans la petite ville de Cividale, le joyau des jeux liturgirques par son originalité, son caractère arpressif et ses indications de jeux de scène. Ce grand planctus, plusieurs fois transcrit et que nombre de chercheurs font remonter au XIIe s., est interprété d'après le processional de Cividale, écrit au XIVe s. Le si bémol flottant semble quelquefois effacé, d'autrefois rajouté: nous respectons avant tout le movement modal/vocal.
Le manuscrit ne donne pas la fin du drame; il s 'arrête à la tourne d'une page, au milieu d'une phrase que l'Ensemble a terminée selon la fin généralerent adaptée depuis la fin du XIXe s. Au cours d'une représentation, l'Ensemble a improvisé en final une reprise à la réplique "console-toi. . .", improvisation que nous reprenons ici.
Le copiste semble avoir fait terminer par Jean une phrase commencée par Marie ("profunde me vulrerat..."): erreur ou intention délibérée? Nous avons suivi le manuscrit.

Marie-Madeleine: O fratres et sorores! Ubi est spes mea? Ubi consolacio mea? Ubi tota salus, o magister mi?
Marie Majeure: O dolor! Proh! dolor! Ergo quare, fili chare, pendes ita, curn sis vita manens ante secula?
Jean: Rex celestis, pro scelestis alienas solvis penas, Agnus sine macula.
Marie Jacobé: Munda caro, mundo chara, cur in crucis ares ara pro peccatis hostia?
Jean: Fleant materna viscera! Marie vulnera materne doleo que dici soleo felix puerpera.
M. Majeure: Flete, fideles anime, flete, sorores optime, ut sint multiplices doloris indices planctus et lacrime.
M. Madeleine & M. Jacobé: Cur memore deficis, mater Crucifixi? Cur dolore consumeris, dulcis soror nostra? Sic oportet fieri ut predixit psalmista.
M. Majeure: Triste spectaculum crucis et lancee! Clausus signaculun mentis virginee...
Jean: ...profunde me vulnerat. Hoc est quod dixerat, quod prophetaverat ille prenuncius: hic ille gladius quine transverberat.
M. Majeure: Mi Johanne, planctumn move, plange mecum, fili nove; fili, novo federe, matris et matertere tempus est lamenti; immolemus intimas lacrimarum victimas Christo morienti.
Jean: O Maria, mater mea, semper tu michi eris cara, et thesaurum conservabo qui modo michi est commissus.
M. Madeleine: O Pater benigne, o magister inclyte, noli me derelinquere: peccatricem respice, tu qui me salvasti.
M. Majeure: O Maria Magdalena, filii mei dulcis discipula, plange mecum, soror mea, plange mecum cum dolore mortem dulcis nati mei, et mortem magistri tui, mortem illius qui te tantum amavit, qui omnia peccata tua tibi relaxavit, dulcissima Magdalena.
M. Madeleine: Mater Jhesu crucifixi, tecum plangam mortem Christi, et mortem mei magistri, et ex dolore cruciata, sum in corde vulnerata.
M. Majeure: Ubi sont discipuli quos tu dilexisti? Ubi sunt apostoli quos tantum amasti? Qui merore teriti, omnes fugierunt, et te solum, fili mi, in cruce demiserunt. Heu me! Heu me! misera Maria!
M. Jacobé: Quis est hic qui non fleret, matrem Christi si videret in tanta tristicia?
M. Majeure: O vos omnes qui transitis per viam, simul mecum flete, et meum dulcem filium pariter lugete, et videte si est dolor similis, sicut dolor meus. Heu me! Heu me! misera Maria!
M. Madeleine: Consolare, Domina, mater et regina, cur merore deficis? Stella matutina, tuus levat filius mundum a ruina.
M. Majeure: Fili mi carissime, dulcis amor meus, cur te modo video in crucem pendentem, inter latrones positum, spinis coronatum, latus tuum, fili mi, lancea perforatum! Heu me! Heu me! misera Maria!
Jean: Cur in ara crucis ares, caro que peccato cares, caro culpe nescia!
M. Majeure: O mentes perfidas, et linguas duplices, o testes subdolos et fal(...)sos judices, senes cum junioribus, solent majoribus criminibus damnati terre stipendiun suspendium peccati.