albacarma.com
Alba musica AL 1207
2007
1. Ab la dolçor [5:25] GUILLAUME IX d’Aquitaine
2. Ja nuls [4:05] RICHARD coeur de lion
3. Fort chausa [7:50] Gaucelm FAIDIT
4. Estampie anglaise [3:54] anonyme
5. Ausssi comme l'unicorn sui [4:58] THRIBAUT de Champagne
6. Amour, tenson et bataille [4:06] Chrétien de TROYES
( m:
CSM 77 )
7. Quand noif [6:44] Gace BRULÉ
8. De monte Lapis [3:51] anonyme, St Martial
9. Casta Catholica [2:07]
Codex Las Huelgas
Hu 134
10. Atressi comme Percevaus [6:32] Rigaud de BARBEZIEUX
11. Quand l'herba fresca [6:09] Bernard de VENTADORN
12. Ab lo cor trist [8:49] trobairitz anonyme
Ensemble Tre Fontane
Romie Estèves : chant
Pascal Lefeuvre : vielle à roue
Thomas Bienabe : luth
Enregistré en l’église de Mazerac – Gironde – en août 2007,
par Jean Pierre Cazade
production pour Alba Musica : CARMA Productions
Photos : Laurence Benne
Avec l’aide du Conseil Régional d’Aquitaine, de la municipalité de Castets en Dorthe.
Tre fontane – archives
Musiques à la cour d’Aliénor d’Aquitaine
Création 2007 – pour archives – non disponible en concert
Romie ESTEVES : chant – Pascal LEFEUVRE : vielle à roue – Thomas BIENABE : luth
Basé en Aquitaine, depuis sa création en 1986, c’est pour L’ensemble
Tre Fontane un parcours logique, de célébrer une femme d’exception,
grande protectrice des troubadours : Aliénor d’Aquitaine, petite-fille
de Guillaume IX d’Aquitaine, premier troubadour connu.
Le propos de ce concert, est de mettre en exergue, au travers des
textes des troubadours et des trouvères, la personnalité
d’Aliénor d’Aquitaine. Cette femme
emblématique du moyen-âge, deux fois reine, a
été une protectrice éclairée des
troubadours, en les invitant à la cour française et
anglaise, elle a ainsi permis le rayonnement de la lyrique occitane
médiévale. Ses filles, ont repris le flambeau à sa
suite. A travers elle, c’est un âge d’or de
l’Aquitaine, terre des troubadours, qui sera
évoqué, dont les plus célèbres sont
originaires. Tre Fontane est devenu au fil des ans spécialiste
de ces poètes médiévaux occitans. Pour
mémoire l’ensemble a déjà
réalisé : « les troubadours
aquitains », « les troubadours du
Périgord », « Luz de la
Mediterranìa », « Chants de femmes –
chants d’amour ».
Les idées qui nous guident :
Une belle héritière de 15 ans – une voyageuse – la croisade à
laquelle elle a participé – un divorce – un remariage – la cour
Plantagenêt – la reine courtoise – Aliénor en captivité – Fontevraud…
Pour réaliser ce concert, nous avons consulté de nombreux livres sur
« la vie et l’oeuvre » d’Aliénor, il en ressort un grand choix de
répertoires possible situé dans son espace temps. Pour évoquer ces
voyages multilpes, sa généalogie sa descendance, le choix s’est orienté,
par goût artistique vers le sud de l’Europe. Tout d’abord les
troubadours, ils sont les artistes qui ont marqué le plus la vie
d’Aliénor, les trouvères suivent, naturellement, puis … en route pour
l’Espagne, le monastère et le codex de Las Huelgas, fondé par sa fille
mariée au roi Alphonse VII de Castille ; et pour illustrer l’importance
des chemins de la « reconquista » et de Santiago de Compostela, pour la
famille des Ducs d’Aquitaine, nous interpréterons également des extraits
du manuscrits des Cantigas de Sta Maria…
Le Programme
Ab la dolchor del temps novel… – Guillaume de Poitiers (1071 – 1127)
…De là-bas, où est toute ma joie, je ne vois venir
ni messager, ni lettre scellée ; aussi mon cœur ne dort ni
ne rit…
… Il me souvient encore de ce matin où nous mîmes fin à la guerre ; elle
me fit un grand don, son amour et son anneau. Que Dieu me laisse encore
vivre assez pour que j’aie mes mains sous son manteau…
Ja nuls oms pres non dirà sa razon… – Richard Cœur-de- Lion (1157 – 1199)
… Car je sais vraiment, en toute certitude, qu’un homme mort ou captif
n’a ni amis ni parents ; et s’ils m’abandonnent pour une question d’or
et d’argent, malheur à moi, mais pire encore pour mes gens, car après ma
mort ils en auront le reproche, s’ils me laissent ici prisonnier.
Je ne m’étonne point d’avoir le cœur dolent, car mon seigneur met ma
terre en tumulte ; et il ne se souvient plus du serment que nous nous
jurâmes l’un à l’autre sur les reliques. Je sais bien en vérité que je
ne serai plus longtemps prisonnier.
… Sœur Comtesse, que Dieu garde votre souverain mérite, et qu’il protège
la belle Dame que j’aime tant et pour laquelle je suis une première
fois prisonnier.
Fortz chausa… – Gaulcem Faidit (1172 – 1203)
… Car Celui qui de Valeur était le chef et le père, le puissant et
vaillant Richard, roi des Anglais, est mort. Hélas ! Dieu, quelle perte
et quel dommage ! Quel mot terrible, et qu’il est cruel à entendre !
Mort est le roi et mille ans ont passé depuis qu’il y eut et qu’on
connut un homme aussi valeureux, et jamais il n’aura son pareil, si
munificent, si preux, si hardi, si prodigue… et jamais Charlemagne ni
Arthur n’eurent autant de valeur. Car, à vrai dire, il sut de par le
monde se faire craindre des uns et aimer des autres.
…Ah ! Seigneur dieu, vous qui êtes le pardon même, …Pardonnez-lui, car
dans sa détresse il en a besoin. Ne prenez pas garde à ses fautes,
Seigneur, mais qu’il vous souvienne de la manière dont il vous alla
servir.
Estampie Anglaise– pièce instrumentale anonyme 14e s
Amour querelle et bataille… - Chrétien de Troyes (113 ? – 1183)
Un cœur insensé, léger, volage Ne peut rien
apprendre d’Amour. Tel n’est pas mon propre cœur :
Il sert sans espérer de merci. Avant d’avoir songé
m’éprendre, Je fus envers lui dur et sauvage.
… C’est au prix fort qu’Amour m’a vendu Son fief ainsi que sa
seigneurie, Puisque au droit d’entrée j’ai dépensé Mesure et abandonné
Raison, … D’amour, je ne sais aucune issue, – Et que nul, jamais, ne
m’en dise une ! …Mon cœur, ce n’est pas lui qui muera. J’ai beau fonder
mon espoir en celle Dont je crains qu’elle ne me tue, Pour autant mon
cœur ne change pas…
Quand noif et grief et froidure… – Gace Brulé (1160 -1213)
De monte Lapis – St Martial de Limoges version instrumentale
Casta Catholica / O Maria virgo regia – codex las Huelgas
Can l’erba fresch’ e lh folha par… – Bernard de Ventadour (… 1147 -1194)
Lorsque l’herbe fraîche et les feuilles paraissent….
…. J’aime tellement ma dame et la chéris, je la crains et lui rends
hommage à tel point que jamais je n’ai osé lui parler de moi ; je ne lui
demande rien et je ne lui envoie rien. Mais elle connaît mon mal et ma
douleur, et quand il lui plaît, elle me fait du bien et m’honore…
… Je voudrais bien la trouver seule, qu’elle dormit ou qu’elle en fit
semblant, pour lui ravir un doux baiser, puisque je suis indigne de le
lui demander. Par Dieu, dame ! nous vivons peu notre amour ; le temps
passe et nous en perdrons la meilleure part ! Nous devrions nous parler à
l’aide d’un code secret, et puisque l’audace ne vous vaut rien, que
nous vaille notre ingéniosité !
…. Va, messager, et puisse-t-elle ne pas m’en estimer moins, si je crains de me rendre moi-même chez ma dame.
Ab lo cor triste… – trobaïritz anonyme
… Et si je pouvais prendre congé du monde, avec l’agrément de Dieu,
comme je le fais d’Amour… Et c’est pour ça que je prie la mort de venir
en personne et sans attendre pour tuer mon cœur accablé, puisqu’elle a
tué Celui que mon cœur pleure tant, et qui est cause, nuit et jour, de
ma douleur et de mes soupirs.
…Il était noble, vaillant, accompli en fait d’honneur, et si hardi qu’il
en perdit la vie. Mon cœur commettrait donc une grande faute s’il en
aimait un autre après sa mort.
… Mon doux ami, bien que ne sois point sous terre, je suis morte depuis
longtemps – et que Dieu me protége ! : car je ne sens point d’autre mal,
si forte est la douleur qui s’incruste en moi, depuis que je vous ai
perdu.