Saint Louis   /   Ensemble vocal de Notre-Dame de Paris


Chroniques et musiques du XIIIe siècle






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musique-sacree-notredamedeparis.fr
Maîtrise Notre-Dame de Paris 006

2015
[1:12:35]









Prélude
Un monde entre sacré et profane


1. Et gaudebit ~ O quam sancta ~ El mois d'avril  [2:05]  Motet à 3 voix  —  EP / JG / RM
Montpellier, Faculté de Médecine H196 [Manuscrit parisien de l'Ars Antiqua, XIIIe siècle]




Première partie
Saint Louis roi de France


I - Naissance et baptême de Saint Louis

2. Récit de la naissance et du baptême de saint Louis  [0:35]  RB
Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 68 & 69

3. Exaudivit de templo  [2:46]  Introït (Litanies majeures)  —  Tutti / EB
Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 1112 [Missel parisien de Notre-Dame, XIII e siècle]

4. Omnes qui in Christo  [0:42]  Communion  —  Tutti
Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. lat. 1112 [Missel parisien de Notre-Dame, XIII e siècle]


II - Éducation de saint Louis

5. Récit de l éducation de saint Louis  [0:14]  RB
Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 71

6. On doit la mere Dieu  [3:32]  Chanson  —  AB / EB / RM  ·  flûte SR / vièle SD / harpe BS
Paris, Bibliothèque nationale de France, n.a.f. 1050 [Chansonnier Clérambault, XIIIe siècle]


III - Couronnement de saint Louis

7. Récit de l éducation de saint Louis  [0:45]  RB
Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, chap. 1 &
Jean de Joinville, Vie de saint Louis, Récit du couronnement de saint Louis.


8. Ad te levavi  [2:48]  Introït  —  Tutti / MP
Reims, Bibliothèque municipale ms. 224 [Missel de la cathédrale de Reims, à l'usage de la chapelle Saint-Bartholomée, XIVe siècle]

9. Unxerunt Salomonem  [0:39]  Antienne (Rois I. 1, 45)  —  EB
Reims, Bibliothèque municipale ms. 342 [Pontifical de la cathédrale de Reims, XIIIe siècle]

10. Gaude, felix Francia  [4:20]  Conduit à 2 voix  —  RB / DR
Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 15139 [Manuscrit parisien de Saint-Victor, XIIIe siècle]


IV - Mariage de saint Louis

11. Récit du mariage de Saint Louis  [0:34]  RB
Grandes chroniques de France & Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, chap. 9
Récit du mariage de Saint Louis


12. Vos que·m semblatz  [1:22]  Chanson  —  EP  ·  harpe BS / vièle SD
Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 15211 (texte seulement) [Recueil Chansonnier, XIVe siècle]

13. Jamais, nul temps  [4:00]
Chanson, Gaucelm FAIDIT, c.1150–c.1205  —  RB  ·  flûte SR / vièle SD / harpe BS / percusssion RM
Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 22543 [Chansonnier provençal, XIVe siècle]


V - La vie à la cour

14. Récit de la vie à la cour (1)  [0:12]  RB
Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 668

15. Estampie royale n° 6  [2:27]  Instrumental  —  cornet muet SR / vièle SD / harpe BS / percusssion RM
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 844 [Manuscrit du roi, chansonnier français, XIIIe siècle]

16. Benedicamus Domino  [1:21]  Organum  —  MP / CG / EB / Tutti

17. Récit de la vie à la cour (2)  [0:17]  RB
Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 668

18. Bernart a vous vueil demander  [4:07]  Chanson, Jeu-parti (Li cuens de Bretaigne)  —  DR / MP  ·  vièle SD / harpe BS
Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, ms 5198 [Chansonnier, XIIIe siècle]




Interlude
La dévotion mariale de saint Louis


19. L'autrier matin  [6:54]  Chanson pieuse  —  AB  ·  cornet muet SR / vièle SD / harpe BS
Paris, Bibliothèque nationale de France, fr. 12483 [Miracles de la Vierge en rimes françaises, manuscrit français en provenance des Jacobins de Poissy, XIVe siècle]




Deuxième partie
De Paris à Jérusalem



I - Le culte des reliques

20. Récit du culte des reliques  [0:14]  RB
Grandes chroniques de France

21. Occidentem  [2:15]  Répons  —  Tutti / AB
Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 108 [Bréviaire de Sens, XIIIe siècle]

22. Regis et pontificis  [3:30]  Répons  —  EB / tutti
Bari, manuscrit du Chapitre de Saint-Nicolas [Prosaire de la Sainte-Chapelle, vers 1250]


II - La croisade d'Égypte

23. Récit de la croisade d'Égypte (1)  [0:17]  RB
Jean de Joinville, Vie de saint Louis, 106-107

24. Tous li mons doit mener joie  [6:27]  Chanson  —  RM  ·  flûte SR / vièle SD / harpe BS / percusssion RM
Cambridge, University Library, Dd. 11, 78 (texte seulement) [Manuscrit de la fin du XIIIe siècle]
(Contrafactum moderne de la chanson «Por cele ou m'entente si mise», Paris, Bibliothèque de l'Arsenal 5198)


25. La bataille de Mansourah  [1:16]  Improvisation de percussions  —  RM
[Jean de Joinville (v. 1224-1317), Vie de Saint-Louis, 219]


26.   [4:15]
Nus ne porroit de mauvese reson     Chanson  —  CG  ·  flûte SR / vièle SD / harpe BS / percusssion RM
Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr.24406 (& fr. 20050 - texte seulement) [Chansonnier français, XIIIe siècle]
&
Récit de la croisade d'Égypte (2)     RB
Jean de Joinville (v. 1224-1317), Vie de Saint-Louis, 436-437


27. Ierusalem accipitur  [5:50]  Conduit à 2 voix  —  AB / RM
Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 15319 [Manuscrit parisien de Saint-Victor, XIIIe siècle]


III - La mort de saint Louis

28. Récit de la mort de saint Louis  [1:16]  RB
Guillaume de Saint-Pathus, Vie et miracles de saint Louis, chap. 20

29. Ierusalem que edificatur  [1:13]  Communion  —  Tutti
Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 1112 [Missel parisien de Notre-Dame, XIIIe siècle]




Final
Mémoire et culte de saint Louis


I - Le culte des reliques

30. Récit de la mémoire et du culte de saint Louis  [0:38]  RB
Récit, Jean de Joinville (v. 1224-1317), Vie de Saint-Louis 758

31. Gaudiose Francia  [3:09]  Prose  —  CG / tutti
Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 608 [In translatione beati Ludovici] [Missel de la Sainte-Chapelle à l'usage de Poissy, 1ère moitié du XIVe siècle]

32. Felix regnum  [2:19]  Répons  —  Tutti / AB
Rouen, Bibliothèque Municipale, ms. 221 (texte seulement) & Leber 144
[Diurnal à l'usage des Dominicaines de Poissy, XIIIe-XIVe siècles, & Processionnal dominicain, XVe siècle]











DISTRIBUTION

Maîtrise Notre-Dame de Paris, Chœur d'adultes

Sopranos / Altos

Hélène CARPENTIER
Maria LUEIRO GARCIA
Gaëlle MARCK
Susie MARTIN
Hélène PICARD
Laurence POUDEROUX
Joséphine GEOFFRAY
Ténors / Basses

Andrés AGUDELO
Gaël MARTIN
Augustin MONDAN
Alexandre NERVET-PALMA
Jesús RODIL RODRIGUEZ
Adrien STADLER
Andrés PRUNELL VULCANO
Maxime SAÏU
Matthieu WALENDZIK


Ensemble vocal de Notre-Dame de Paris

Sopranos / Altos

Julia GAUDIN (JG)
Eugénie de PADIRAC (EP)
Anaïs BERTRAND (AB)
Raphaël MAS (RM)
Ténors / Basses

Raphaël BOULAY (RB)
Martial PAULIAT (MP)
Damien RIVIÈRE (DR)
Emmanuel BOUQUEY (EB)
Christophe GAUTIER (CG)



Instruments

Raphaël MAS (RM) — percussions
Solène RIOT (SR) — flûtes et cornet muet
Bérengère SARDIN (BS) — harpe gothique
Sylvain DIEUDONNÉ (SD) — vièle médiévale à archet

Raphaël BOULAY (RB), récitant

Sylvain DIEUDONNÉ, direction





Flûtes / Flutes
Flûte à bec ténor en DO, modèle Rafi de Francesco Li Virghi ;
flûte à bec soprano en DO, modèle Ganassi de Jean-Luc Boudreau ;
flûte en os de chevreuil fabriquée par Jean-Daniel Talma ;
flûte traversière renaissance ténor en RÉ de Giovanni Tardino.
Tenor recorder in C, Rafi model, by Francesco Li Virghi;
Soprano recorder in C, Ganassi model by Jean Luc Boudreau;
Alto recorder in G SOL, Ganassi model by Jean Luc Boudreau;
Tenor Renaissance transverse flute in D by Giovanni Tardino.

Cornets muets de Serge Delmas.
Cornetto muto by Serge Delmas.

Harpe gothique du facteur R. Thurau, 1985.
Gothic harp by R. Thurau, 1985

Vièles médiévales à archet / Bowed medieval viele
Vièle à 5 cordes réalisée d'après les sculptures du portail royal de la cathédrale de Chartres, Olivier Pont 2008 ;
vièle à 5 cordes réalisée d'après une fresque de l'église «Santa Maria Novella» à Florence, XIVe siècle, Olivier Pont 2010.
5-string viele after instruments carved in stone and decorating the Royal Portal of Chartres Cathedral, by Olivier Pont 2008;
5-string viele after an instrument on a 14th-century fresco in Santa Maria Novella Church in Florence, by Olivier Pont 2010.


Percussions / Percussions
Tambours sur cadre de chez Eckerman et Schlagwerk : bendir, tambourin, mizhar, riqq.
Frame drums by Eckerman: bendir, tambourine





Prise de son : Camille Frachet
Montage, mixage et mastering : Camille Frachet
Direction artistique : Sylvain Dieudonné et Emmanuel Conquer
Conception du programme et transcription des pièces : Sylvain Dieudonné
Conception graphique : Egga
Photographies : © MSNDP ; Bibliothèque Saint-Geneviève, Paris (enluminure de la couverture)
Traductions anglaises : Geneviève Bégou

Enregistré à Paris du 6 au 11 décembre 2015 en la chapelle Notre-Dame de Bon Secours

« Avec le soutien de l association Saint Louis Poissy 2014 »

© MSNDP  2016











English liner notes












Saint Louis et la musique de son temps

Située entre les innovations polyphoniques et rythmiques de l'École de Notre-Dame (fin XIIe siècle) et celles de l'Ars nova (XIVe siècle), la musique du temps de saint Louis n'en est pas moins riche. Elle accompagne une œuvre poétique et littéraire de grande qualité.

Les conduits en sont un exemple remarquable. Compositions libres (non assujetties au plainchant), ils sont écrits en vers et alternent sections syllabiques et sections mélismatiques. Ils sont parfois liés à un événement politique, comme le conduit Gaude felix Francia [nº 10] composé spécifiquement pour le sacre du jeune Louis IX en 1226. Néanmoins, ils abordent la plupart du temps des sujets religieux. Ierusalem accipitur [nº 27] expose, avec beaucoup de tendresse, les significations spirituelles de cette Jérusalem à laquelle le roi aspire tant. La ville sainte y est assimilée à Marie, « cité du Saint », témoignant ainsi de l'importance de la piété mariale au cours de ce siècle, piété qui est aussi celle de saint Louis ...

Le motet, quant à lui, devient au XIII e siècle une forme musicale autonome, avant de parvenir à son summum avec l'Ars nova. Au-dessus d'une teneur vocalisée (extraite d'un mélisme du plain-chant), les parties polyphoniques peuvent être chantées en latin, sur un texte religieux, en français, sur un texte profane, ou bien même superposer latin et français, religieux et profane. C'est ainsi que dans le motet El mois d'avril / O quam sancta / Et gaudebit [nº 1], sous le texte français d'une pastourelle légère, bucolique et printanière (en ce mois d avril qui a vu naître notre futur roi), se superpose avec un art consommé une touchante prière à la « mère du Sauveur» ...

La chanson est à cette époque un genre très en vogue. Le mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence à Sens en 1234 est illustré par une chanson d'amour du troubadour Gaucelm Faidit (c.1150-c.1205) empreinte d'un grand raffinement poétique : Jamais nul temps [nº 13]. Elle est précédée d'une strophe (Vos que'm semblatz, [nº 12]) composée, sur le modèle de la chanson de Gaucelm, par Garsenda, comtesse de Provence (c.1180-c.1242) et grand-mère paternelle de Marguerite ...

Mais l art des trouvères, en langue d'oïl, est également à son apogée. Les deux chansons de croisades présentées ici ont été composées à l occasion de l'expédition du roi en Égypte. Tous li mons doit mener joie [nº 24] relate la maladie qui le terrasse en 1244, sa vision de Jérusalem et sa décision de se croiser. La chanson Nus ne porroit de mauvese reson [nº 26] exhorte le roi à demeurer en terre sainte après sa défaite en Égypte.

La chanson Bernart a vous vueil demander [nº 18] est un «jeu parti». Cette forme, qui fait intervenir plusieurs protagonistes sur un sujet à débattre avant de faire appel à une tierce personne pour clore le débat, est l'équivalent de la disputatio universitaire. Elle reflète bien l'ambiance de la cour et les relations de saint Louis avec son entourage, comme le relate Jean de Joinville, son principal biographe :

« Quand le roi était d'humeur joyeuse, il me disait : " Sénéchal, dites-moi donc les raisons pour lesquelles un prud'homme vaut mieux qu' un dévot ? " Alors recommençait la dispute entre moi et maître Robert (Robert de Sorbon, fondateur de la Sorbonne) ... Quand nous avions discuté un grand moment, le roi rendait sa sentence et disait ainsi : " Maître Robert, je voudrais bien avoir la réputation d'être prud'homme, à la condition de l'être ... Car prud'homme est une chose si grande et si bonne que rien qu'à prononcer le mot, il remplit la bouche. " »

Ce même Joinville nous renseigne sur le respect du roi envers la musique et les musiciens, lorsqu il tenait à « ne pas interrompre les ménestrels qui jouaient à la fin du repas » et à attendre « pour entendre ses grâces » qu ils aient terminé leur morceau ... C'est ce que veut illustrer la juxtaposition d'une estampie [nº 15] – danse qui figure parmi les premiers exemples de musique instrumentale notée au XIIIe siècle –, et d'un petit organum à 3 voix : Benedicamus Domino [nº 16].

Cependant saint Louis, s'il ne peut échapper, du fait de sa condition de roi, à la musique profane, a une préférence très marquée pour la musique religieuse. Il désire « chanter Dieu ou Marie », exhortant son entourage à faire de même, et n'hésite pas à chanter en personne avec son écuyer [cf. nº 19]. La chanson pieuse, souvent mariale, est un genre bien spécifique. Il s'agit la plupart du temps de réadaptations (de contrafacta) de chansons d'amour. On doit la mere Dieu [nº 6] illustre ainsi l'éducation religieuse du roi, sous la houlette de sa mère Blanche de Castille, tandis que L'autrier matin [nº 19] représente ce qu il pouvait chanter à l'âge adulte. Cette composition originale, qui alterne vers français et vers latins (extraits d'hymnes liturgiques), reprend le genre de la pastourelle et son contexte printanier et bucolique. Néanmoins, elle en détourne l'objet dans un sens spirituel : la nature n'est plus le lieu du tourment amoureux mais celui de la prière, du « sentiment de paix », et la femme rencontrée est la Mère de Dieu ...

Saint Louis entend le plain-chant lors des offices auxquels il est très assidu. Joinville prend à témoin la liturgie, lors de grands événements de sa vie, pour en tirer un sens prophétique ou pour expliciter ses dispositions intérieures. Ainsi, à l'évocation de son couronnement, le 1er dimanche de l Avent [nº 7], il cite l'introït du jour Ad te levavi [nº 8] pour montrer sa « grande confiance en Dieu ». Pareillement, au jour de sa naissance, il évoque la procession liturgique des Litanies majeures et les « croix noires » portées en cette occasion, pour annoncer sa mort et « la multitude d'hommes qui périrent au cours des deux croisades » [nº 2]. L'introït de ces Litanies, Exaudivit de templo [nº 3], évoque la voix entendue dans le temple, tandis que le jeune Louis est baptisé dans la collégiale de Poissy. Sa mort, quant à elle, est évoquée par la communion Ierusalem que edificatur [nº 29] qui fait écho à la prière qu'il « dit à voix basse » lors de son agonie : «Ô Jérusalem, ô Jérusalem» [nº 28]

Mais le répertoire de plain-chant comprend également de nouvelles compositions créées à l'occasion de l'apparition de nouveaux offices : l'office de la couronne d'épines (répons Occidentem [nº 21]) et, après sa mort et sa canonisation, l'office de saint Louis (répons Felix regnum [nº 32]).

Pour ces célébrations, de nouvelles proses (ou séquences) sont également écrites, dans le style des compositions d'Adam de Saint-Victor, poète et musicien parisien du XIIe siècle qui a, en son temps, marqué l'apogée du genre (Regis et pontificis [nº 22], et Gaudiose Francia [nº 31]). Ces textes latins qui étaient alors chantés pendant la messe entre l'alléluia et l'Évangile sont, tout en invitant à la louange de Dieu, de véritables poèmes pédagogiques et hagiographiques. Par ailleurs, ils ne peuvent pas être dissociés du contexte historique spécifiquement français, voire parisien, dans lequel ils ont été écrits.

À partir de la musique de son temps et du témoignage de ses biographes, le programme de ce disque est donc une illustration de la vie du roi saint Louis. Dans une première partie sont décrites les principales étapes de sa vie, et dans une deuxième partie sa « montée vers Jérusalem ». Dès sa jeunesse il voue un culte fervent aux reliques de la Passion du Christ. En 1239 il acquiert la couronne d épines [cf. nº 20-22] pour laquelle il fait ériger la Sainte-Chapelle, image du temple de Jérusalem. Les deux croisades qu'il entreprend [cf. nº 2 & 23-26] ne lui permettent pas d'entrer dans la ville sainte. Mais c'est par sa mort que métaphoriquement, il accède à la Jérusalem céleste [cf. nº 28 & 29], tandis que sa mémoire reste vivante ...  [cf. nº 30-32].

Sylvain Dieudonné




Sources des textes lus :

Jean de Joinville (v. 1224–décembre 1317) ;
Vie de saint Louis [nº 2, 5, 7, 14, 17, 23, 25, 26, 30] BnF fr. 13568 (1330-1340 ) ;
« Histoire de la vie du roy sainct Louis » (traduction de Jacques Monfrin dans "Lettres gothiques", Garnier 1995)

Guillaume de Nangis († 1300) ; Vie de saint Louis [nº 7, 11] BnF fr. 4977 (XIVe) & BnF fr. (XIVe)

Grandes chroniques de France [nº 11, 20] BnF fr. 2813 (1375–1380)

Guillaume de Saint-Pathus (1250–1315 ) ;
La vie et les miracles de saint Louis [nº 28] BnF fr. 5716 (1330–1350)













MUSIQUE SACRÉE À NOTRE-DAME DE PARIS

Association Loi 1901 créée en 1991 par la Ville de Paris, le ministère de la Culture et de la Communication et l'Association diocésaine de Paris, Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris est une école supérieure de chant choral, qui a également en charge la coordination de l'ensemble de la musique dans la Cathédrale.

L'action de l association s'oriente autour des missions principales suivantes :
- l'enseignement musical et l'enseignement des chanteurs de la prestigieuse Maîtrise Notre-Dame de Paris (Pré-Maîtrise, Chœur d'enfants, Jeune Ensemble et Chœur d'adultes) ;
- la production d'une saison de concerts et d'auditions ;
- la recherche musicologique ;
- la diffusion du répertoire et le soutien à la création contemporaine, en partenariat avec des compositeurs actuels et par le biais d'enregistrements discographiques régulièrement récompensés par la critique ;
- à ces missions s ajoute une vocation sociétale, avec notamment un programme d'ouverture culturelle pour les publics en difficulté, à travers un partenariat avec l'association Cultures du Cœur.



SAINT LOUIS POISSY 2014

L'association « Saint Louis Poissy 2014 » a vu le jour au printemps 2012 afin de promouvoir et d'organiser projets et événements culturels, pédagogiques ou festifs à l'occasion du huitième centenaire de la naissance et du baptême de Louis IX (saint Louis) à Poissy.

Tout au long de l'année 2014, expositions, spectacles, conférences, salon du livre, fête médiévale ont permis de faire rayonner la figure de ce roi qui a profondément marqué le XIIIe siècle (devenu le siècle de saint Louis) et qui reste si présent dans notre imaginaire collectif.

Le concert exceptionnel donné dans la collégiale Notre-Dame de Poissy, «Musique au temps de saint Louis», le 27 avril 2014, huit siècles et deux jours après l événement commémoré, fut un temps fort de ces manifestations. Afin de faire mieux connaître saint Louis et son siècle, l association s est engagée aux côtés de Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris pour permettre la réalisation de cet enregistrement.



SYLVAIN DIEUDONNÉ

Après des études de violon au Conservatoire National de Région de Versailles, Sylvain Dieudonné intègre en 1988 le Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris où il obtient six Premiers Prix : Harmonie, Contrepoint, Fugue, Orchestration, Analyse et enfin Direction de chœur grégorien qui devient rapidement sa spécialité. Il approfondit l'étude du chant grégorien plus particulièrement avec le chanoine Jean Jeanneteau et les pères Dom Jean Claire et Dom Daniel Saulnier de l'atelier de paléographie musicale de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Enfin, depuis quelques années, il s'est spécialisé dans la vièle médiévale à archet.

Il a été professeur d'Analyse et d'Écriture à l'École Nationale de Musique de Vichy pendant dix ans. Nommé en 1994 chef de chœur à la Maîtrise Notre- Dame de Paris, il a en charge le Département de musique médiévale : pédagogie, recherche, concerts à Notre-Dame de Paris et enfin liturgie avec la messe grégorienne qu'il dirige chaque semaine, offrant à ce répertoire continuité et permanence dans la première cathédrale de France. Dans le cadre de la saison de concerts à Notre-Dame de Paris, il prend également en charge la programmation artistique pour la musique médiévale. Le développement des activités du Département de musique médiévale et de l enseignement qu'il dispense aux différents chœurs qui composent la Maîtrise Notre-Dame de Paris lui permettent de réaliser des partenariats avec des musiciens et des ensembles, tels que Brigitte Lesne et l'ensemble Alla Francesca, Dominique Vellard, Marie-Noël Colette, Antoine Guerber et l'Ensemble Diabolus in Musica ou Jean-Yves Hameline.

Sylvain Dieudonné conjugue son activité de chef de chœur et de pédagogue à celle de chercheur. Une grande partie de ses travaux est consacrée à l'étude de manuscrits, où une place de choix est réservée au répertoire de l'Ecole de Notre-Dame. Il réalise un important travail de restitution d'œuvres qui prennent place non seulement dans les programmes des concerts qu'il dirige tant à Notre-Dame de Paris que partout en France et à l étranger, mais aussi dans les enregistrements discographiques qu'il dirige.



ENSEMBLE VOCAL DE NOTRE-DAME DE PARIS

Composante spécifique du dispositif musical de la Cathédrale, l'Ensemble Vocal de Notre-Dame de Paris regroupe des chanteurs professionnels ayant reçu une formation dans le cadre de la Maîtrise Notre-Dame de Paris. Ayant pour vocation la promotion des répertoires sacrés du Moyen Âge à nos jours, toujours en lien avec la recherche musicologique, il se produit essentiellement dans le cadre de la saison de concerts à Notre-Dame de Paris, mais aussi partout ailleurs, en France ou à l étranger. Il s efforce toujours de porter une considération particulière au lieu où il est amené à se produire, en intégrant ses dimensions spatiales, acoustiques, historiques et sacrées.












Music during the reign of King Louis IX of France

Between the groundbreaking rhythmic innovations of the Notre Dame School of polyphony (late 12th century) and those of the Ars Nova (14th century), 13th -century music presents a rich and diverse repertoire in its own right. In addition, the reign of Saint Louis also witnessed the development of poetry and literature productions of rare quality.

The most obvious example is the conductus. An essentially free form (i.e not based on existing chants), the conductus is a metrical song alternating melismatic and syllabic sections. Although they may commemorate a particular event – Gaude felix Francia [nº 10] was specifically written upon the occasion of the young king's coronation, in 1226 – most conductus deal with religious subjects. Ierusalem accipitur [nº 27] is a graceful evocation of the spiritual significance of Jerusalem. The parallel between the Holy City and the Blessed Virgin Mary, "city of the Holy One", exemplifies the importance of Marian devotion during the 13 th century. King Louis IX was known for his particular devotion to the Blessed Virgin.

The polyphonic motet gradually gained status as a new genre and the form reached its peak during the Ars Nova period. The various texted voices added to an existing tenor (usually a vocalized passage taken from a melisma in the chant) were based on a sacred text (in Latin) or a secular one (in French), or a mixture of both. El mois d'avril / O quam sancta / Et gaudebit [nº 1] subtly combines a merry pastoral-like French text celebrating the month of April, when our future king was born and a very moving prayer (in Latin) to the "mother of our Savior".

The chanson was the dominant secular genre. Jamais nul temps [nº 13], a strikingly beautiful, refined love song by famous troubadour Gaucelm Faidit (c.1150-c.1205), illustrates the royal wedding (in 1234, Louis IX married Marguerite de Provence in Sens). The one-strophe poem Vos que·m semblatz, [n 12], modeled after Gaucelm's song, was written by Garsenda, Countess of Provence (c.1180-c.1242) and incidentally the paternal grandmother of the king's bride.

The reign of Louis IX also marks the golden age of the art of the trouvères. Both Crusade songs in langue d'oïl on this program were composed on the occasion of the King s expedition to Egypt. Tous li mons doit mener joie [nº 24] recounts the king's grave illness (1244), his vision of Jerusalem and his decision to set out on a Crusade. Nus ne porroit de mauvese reson [nº 26] advises the King to stay in the Holy Land after his defeat in Egypt.

Bernart a vous vueil demander
[nº 18] is a partimen, i.e. a discussion in the form of a poem, in which two (or more) speakers debate on a particular topic before calling on a third party to reach a conclusion. A musical equivalent of the classical rhetoric disputatio, the partimen provides insight into the French court and the relation between the monarch and his entourage, as reported by Jean de Joinville, his main biographer:

"When the King was merry, he would say to me: «Come, seneschal, tell me the reasons why a gallant man is better than a devout person?» Then would begin the argument between Master Robert [Robert de Sorbon, founder of the Sorbonne college in Paris] and me; and when we had disputed a good while, he would give judgment thus: «Master Robert, I would wish to have the name of a gallant man, provided that I were one [ ... ] For a gallant man is such a great thing and such a fine thing, that the very sound of it fills one' s mouth.»

Joinville informs us that the king enjoyed music and showed much respect for musicians, for "when minstrels came to his house after dinner [ ... ] he would wait to hear grace" until they had ended their performance. To illustrate this aspect of the king's personality, we selected an estampie [nº 15] – a dance that is among the earliest surviving examples of written instrumental music – and a short 3-part organum: Benedicamus Domino [nº 16].

Secular music was allowed at court, yet the king's preference went to sacred music. He himself would only sing "praise to the Lord or Mary", and exhorted his entourage to follow his example. He even taught one of his equerries to sing anthems [cf nº 19]. Devotional (mostly Marian) song is a particular musical genre. The pieces are usually contrafacta i.e. adaptations of secular love songs. On doit la mere Dieu [nº 6] echoes the good teachings of Blanche de Castille (the king's mother) while L'autrier matin [nº 19] is the kind of song he could have sung as a young man. This original composition, alternating French and Latin verses from liturgical hymns, is modeled after the bucolic pastourelle, yet with a definite religious twist: there is no amorous torment here but the "great peace" that may be found in prayer, and the lady seen walking in the 'charming field' is the Mother of God.

A most devout king, Louis IX listened attentively and with piety to the service of the holy Church and particularly to the Mass and other church service traditionally sung in plainsong. Joinville uses references to the liturgy of the day to cast an almost prophetic light on the major events in the king' s life or to highlight Louis frame of mind. The Introit for the first Sunday in Advent [nº 7], Ad te levavi [nº 8], highlights the "king's trust in the Lord" (Louis coronation), The "black crosses" carried in procession on the feast of St Mark Evangelist (Louis birthday) seem to prophesize "the great many people who died on the two crusades" [nº 2]. The Introit for the Greater Litanies, Exaudivit de templo [nº 3], recalls the 'voice heard from the holy Temple' (Louis' christening at the Collegiate Church of Poissy). The Communion song Ierusalem que edificatur [nº 29] echoes the prayer the sovereign whispered on his deathbed: "Jerusalem! O Jerusalem" ... [nº 28].

Original compositions enriched traditional plainchant repertoire as new church services were established, such as the Veneration of the Crown of Thorns (responsory: Occidentem [nº 21]) and (after the king was canonized), the office in his honor (responsory: Felix regnum [nº 32]).

New "proses" or sequences were modeled on the liturgical sequences of Adam de Saint-Victor, a great 12th-century Parisian poet and musician whose perfect style is the culmination of the genre (Regis et pontificis [nº 22], and Gaudiose Francia [nº 31]). The sequences (in Latin) were sung during Mass, between the Alleluia and the reading of the Gospel as an exhortation to praise God, yet they are beautiful instructional and hagiographic poems in their own right. They are also deeply rooted in, and inseparable from their original historical and geographical (Parisian) context.

Based on contemporary music and biographical information, this program was conceived as an evocation of the life of Saint Louis. The first part presents the key moments of his life; the second part focuses on his "way up to Jerusalem". From a very young age, he worshipped the relics of the Passion. In 1239, he acquired the Holy Crown of Thorns [cf. nº 20-22]. Just as King Solomon had built the great Temple to house the Ark of the Covenant, so did King Louis IX build the Sainte-Chapelle in Paris as a shrine for the precious relic. His two Crusades [cf. nº 2 & 23-26] failed and he never entered the Holy City – yet he did, metaphorically speaking: his saintly death opened the gates of the Heavenly Jerusalem [cf. nº 28 & 29], and his memory lives on ... [cf. nº 30-32].

Sylvain Dieudonné









MUSIQUE SACRÉE À NOTRE-DAME DE PARIS

Created in 1991 by the City of Paris, the Ministry of Culture and of Communication, and the Diocesan Association of Paris, the association of Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris is a school of vocal arts charged with the responsibility coordinating all musical activities at the Notre-Dame Cathedral on both artistic and administrative levels.

The association s primary missions are the following:

- The musical instruction and training of singers through the prestigious Maîtrise Notre-Dame de Paris (Pré-Maîtrise, Children s Choir, Youth Ensemble, and Adult Choir);
- The production of concerts and recitals throughout the year;
- Musicology research;
- The creation and circulation of contemporary music through CD recordings in partnership with the composers;
- In addition, Musique Sacrée à Notre-Dame is involved in community outreach programs, supporting access to culture for the underprivileged through a partnership with Cultures du Cœur.



SAINT LOUIS POISSY 2014

Saint Louis Poissy 2014 was founded in the Spring of 2012. The core purpose of the association was to organize and promote various cultural, educational or festive projects and events in relation to the 800th anniversary of the birth and christening of King Louis IX (Saint Louis) in Poissy.

Throughout 2014, an array of various events - exhibitions, performances, lectures, a book fair and a medieval festival - gave exposure to the charismatic figure of the king who left such a deep mark on the 13 th century (known in French history as the Century of Saint Louis ) and whose memory is forever dearly ingrained in our collective psyche.

One of the highlights of the year was an exceptional concert – Musique au temps de saint Louis – given at Notre-Dame de Poissy Collegiate Church, on April 27, 2014, exactly 800 years and two days after the king's christening. In order to enhance awareness about Saint Louis and his time, the association worked in partnership with Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris and their joint effort made this recording a reality.







SYLVAIN DIEUDONNÉ

Sylvain Dieudonné first studied violin at Versailles Conservatoire. In 1988, he joined the Paris Conservatoire National Supérieur where he studied harmony, counterpoint, fugue, orchestration, analysis and Gregorian choir conducting, graduating in all these disciplines. He then specialized in Gregorian chant and music paleography with Canon Jean Jeanneteau, Dom Jean Claire and Dom Saulnier at Saint Pierre de Solesmes Abbey. S. Dieudonné also plays the bowed medieval fiddle (vièle).

His pedagogical career started at the École Nationale de Musique in Vichy where he taught analysis and composition for ten years before being appointed choirmaster at Maîtrise de Notre-Dame de Paris (1994). Head of the medieval music department, he is in charge of coordinating pedagogy programs, research, concerts at Notre-Dame and liturgical services. The weekly singing of the Gregorian mass ensures the continuity and presence of this repertoire in France s greatest cathedral. S. Dieudonné is also in charge of Notre-Dame concert season medieval programs. As the medieval music department increases its activities and develops projects involving the various Maîtrise choirs he coaches, S. Dieudonné has encouraged collaboration with renowned musicians and ensembles such as Brigitte Lesne (Alla Francesca), Dominique Vellard, Marie-Noël Colette, Antoine Guerber (Diabolus in musica) or Jean-Yves Hameline.

In addition to his teaching and conducting activities, Sylvain Dieudonné devotes much of his time to musicological research with a focus on manuscript sources and Notre-Dame School repertoire, reconstructing works that are brought back to life through concert performances and recordings under his direction in France and abroad.



ENSEMBLE VOCAL DE NOTRE-DAME DE PARIS

A distinct entity within the music department of the Cathedral, the Notre-Dame de Paris Vocal Ensemble is a group of professional singers trained and educated at the Notre-Dame Maîtrise (choir school). They focus on sacred repertoire, combining performance practise and musicological research. A major feature in the Notre-Dame concert series, the ensemble also performs throughout France and abroad. Concert programs always integrate the spatial, acoustic, historical and sacred dimensions of the concert venue itself.