François Villon 1431-1463 / La Maurache
Le Paris de François Villon |
Ballades au XVeme siècle | Les Écrivains & la Musique
Les Musiciens de la Maurache:
LE PARIS DE FRANÇOIS VILLON
· "La ballade des femmes de Paris" [6], Villon /Egidius;
Notre démarche, apparemment osée, s'inscrit
dans la plus pure tradition mediévale du "timbre" unique sur
lequel on place des paroles différentes. Musique authentiquement
de l'époque de notre poète, habillée de quelques
orchestrations, colorations pour lui rendre sa vie d'origine. Ainsi,
sur les traces de Villon, sublime poète français, La
Maurache propose ces ballades (ou balades) au XVème
siècle, promenades dans le temps, mais aussi chansons (la
ballade est une forme poétique et musicale typique de cette
époque) en ce Paris médiéval.
COMMENTAIRES ET INSTRUMENTATIONS
THE PARIS OF FRANÇOIS VILLON
· "La ballade des femmes de Paris" [6], Villon /Egidius;
To be
honest both historically and musicologically, we wanted to explain our
method of approach. This is in the purest tradition of a single
"timbre", upon which different words are placed. There is no lack of
examples of this in medieval music. Authentic music from the time of
our poet, robed in a few orchestrations and adaptations, is
indispensable colouring to give Villon back his life as it once was.
And thus, following the trail of François Villon, sublime French
poet, La Maurache is proposing not only ballads of the fifteenth
century, which allow us to enter that era, but songs as well (the
ballad being a typical form of music of the time). All this in the
medieval Paris François Villon, fifteenth century poet, accursed
and terribly human.
COMMENTS AND INSTRUMENTATION
amaurache.free.fr |
medieval.org
world.cat |
amazon.com |
discogs.com
Muza AL/EN 2005 02
2005
[70:21]
LA GUERRE DE CENT ANS
1. Le Carillon de Vendôme [1:35] (v. 1422?) | Carillon du beffroi de Douai
2. Agincourt carol: Deo Gratias Anglia [2:32] (v. 1415)
3. Reveillez-vous picards [2:07] (v. 1479-80)
4. Mon bien, ma joye [1:57] Robert MORTON (1445-1497)
PARIS AU XVème SIÈCLE
5. Carillon [0:47] Évocation de "Paris, la ville aux cent clochers"
6. Ballade des femmes de Paris [2:54] François Villon / EGIDIUS (fin XIVème-début XVème)
7. Basse-dance [3:01] J. Skowron d'après un ténor de Robert MORTON
8. O tu Cité [4:43] Eustache Deschamps (1346-1406) / Hayne van GHIZEGHEM (1447-1497)
FRANÇOIS VILLON
9. Fa, Fa, Mi, Fa - Ut, Re, Mi, Ut [1:45] Manuscrit de
Las Huelgas, fin du XIVème
Hu 177
10. Ave Regina [3:01]
motet a la Vierge | Gilles BINCHOIS (1400-1460)
11. J'ay bien choisi [3:24] Basse-dance instrumentale | Hayne van GHIZEGHEM
12. Triste plaisir et douloureuse joye [3:55] Basse-dance chantée | manuscrit de Bayeux
13. Jenin l'Avenu [1:44] Rondeau | François Villon / J. Skowron d'après un rondet de carole
14. Saltarello. Triste plaisir [2:18]
15. Carillon [1:11] Basse-dance d'après une hymne liturgique à Sainte Cécile
16. Deuil angoisseux [8:43] Christine de Pisan (1363-1431) / Gilles BINCHOIS
17. Mors J'appelle [4:21] François Villon / Jean DELAHAYE (XVème)
18. N'aurai-je jamais mieux [2:43] Chanson en basse-dance | Robert MORTON
19. Carillon [1:38] Canon d'après "Le haut et le bas", basse-dance du Livre de Marie de Bourgogne
20. Ce sont varlets de Vire [4:34] Manuscrit de Bayeux
21. Au retour de dure prison [3:06] Chanson en rondeau | François Villon / Hayne van GHIZEGHEM
22. Repos éternel donne à cil [4:15] Verset
o rondeau pour suivre son épitaph | François Villon / Gilles BINCHOIS
23. Lamentatio Sanctae Matris Ecclesiae Constantinopolitanae [3:22] Motet de Guillaume DUFAY (1400-1474)
LSMEC
24. Carillon [0:41] Glas
Julien Skowron — viéles à archet, violes, ténor
Xavier Terrasa — flûtes, chalemie, cromornes, ténor
Maxime Fiorani — percussions, cromornes, tintinnabulum, basse
Kleber Besson — luths, guitare maurache, quitra
Les Musiciens invités: chanteurs:
Hélène Decarpignies — soprano
Jeanne-Sarah Deledicq — alto
Nicolas Lhoste — ténor
Instrumentistes:
Séverine Besson — harpe
Alexandre Levy — orgue positif, virginal
François Feyder — sacqueboute
Frédéric Malmasson — cornet bouquin, flûte, basse
Stefano Colletti — carillon du beffroi de la ville de Douai
Enregistrement réalisé dans les églises de Chaourse et de Dohis, Aisne (Septembre 2002)
Prise de son Damien Fiorani - Xavier Terrasa (Carillon /Douai)
Montage, mixage Xavier Terrasa
Studio "Le 3 " Aubervilliers
Mastering Adrien Jung
Direction artistique, conception, orchestrations,
arrangements et musicologie, Julien Skowron
LA MAURACHE est un ensemble vocal et instrumental
composé de spécialistes des musiques du Moyen Age et de la Renaissance.
Elle prend pour modèles les soirées
qui se donnaient chez
les seigneurs ou dans certaines abbayes (puys, lectures, bals...),
et
se présente comme un ensemble de Cour, enrichi
d'éléments populaires.
La Maurache a été
fondée en 1976 par Julien Skowron.
Depuis, elle s'est produite
un peu partout dans le monde
et a enregistré plusieurs albums,
en particulier sous le label Arion.
La Maurache est soutenue para la Pôle Musique et Danse,
Conseil Général des Hauts de Seine
English liner notes
La plus grande ville d'Occident. Deux
cent mille habitants, peut-être plus. Au sortir de la guerre de cent
ans, Paris est de nouveau la ville vers laquelle convergent les
dynamismes, les capitaux, les illusions aussi. Parmi les Parisiens,
rares sont ceux dont le grand père était déjà sur les rives de la Seine.
Étudiants ou hommes d'affaires viennent de toute l'Europe. Les artisans
ont souvent leurs racines dans les villages de la proche région. Valets
et servantes sont souvent venus de Normandie, de Picardie, voire de
Bretagne ou de Champagne. En place de Grève comme aux Halles, on entend
tous les dialectes, tous les accents. Sur le rive gauche que l'on
appelle l'Université et qui sera un jour le quartier Latin, on parle
latin dans les disputes universitaires, pas dans les tavernes où se
retrouvent ceux dont le logis n'est fait que d'une soupente. Après la
guerre, la capitale n'est plus ce qu'elle était avant. Le Roi n'est plus
là. Il est quelque part dans le Val de Loire où les circonstances l'ont
obligé à se réfugier et où il est resté par plaisir. Ni Charles VII ni
Louis XI n'aiment Paris. La couronne y a de trop mauvais souvenirs. Les
princes et les archevêques s'y font rares et d'autres tiennent le haut
du pavé, les officiers du roi, les magistrats, les avocats et c'est
l'opulence de la haute bourgeoisie qui l'emporte maintenant sur le luxe
de l'aristocratie. Car ces "gens de robe", ces notables du Parlement,
des Comptes, du Châtelet sont aussi, avec tous ceux qui les entourent,
des clients. Les merciers, les pelletiers, les potiers d'étain, voilà
donc les métiers où l'on fait, à cette heure, fortune.
Dans cette ville
de clercs, dix à quinze mille jeunes attendent leur tour. Ils se voient
déjà "maîtres", régents en Sorbonne ou médecins en ville, avocats à la
cour ou comptables des finances royales. Beaucoup resteront en route car
les places sont chères dans une capitale où la réconciliation des
partis en guerre s'est faite en laissant à leur place ceux qui avaient
servi Charles VII et ceux qui avaient servi le roi anglais dans le parti
de Bourgogne. Bref, il y a du monde en surnombre. Et quand on a étudié
en vain pendant des années, on ne revient pas en arrière pour un
apprentissage de métier qu'il aurait fallu commencer à dix ans. Alors on
persévère sans enthousiasme. Pour nombreuses qu'elles soient, les
tavernes ne désemplissent pas. On y boit du vin, rarement du vin de
Beaune ou d'Auxerre qui est cher. Parfois du vin de Suresnes,
d'Argenteuil ou de Chaillot qui est excellent mais que les bourgeois
gardent pour eux puisqu'ils possèdent les vignes. On boit du moins bon,
ce vin des plates campagnes du sud parisien, qu'il faut parfois adoucir à
la craie pour qu'il passe dans les gosiers. Et puis, on plaisante,
quitte à ce que les farces d'étudiant tournent parfois à l'affrontement
avec les sergents du roi et avec les bedeaux du recteur. On rêve des
jolies femmes que l'on aperçoit dans la rue ou des braves filles qui
passent les pots à la taverne. On chante aussi. L'auditoire est tout
formé si l'un des buveurs se met à réciter des poèmes. Ceux des autres
ou ceux qu'il improvise et qu'il mettra peut-être en forme quand il se
retrouvera seul. Un chansonnier qui va de table en table...
C'est ainsi
qu'il faut s'imaginer maître François de Montcorbier. Maître, cela veut
dire qu'il a fait quelques études. Montcorbier, c'est le village de son
pauvre homme de père. Le fils préfère se faire appeler Villon. Ainsi
s'appelle le bon chanoine qui l'héberge en échange de quelques menus
services. Le garçon a été enfant de chœur au pair... Il commence de se
faire connaître. D'abord parce qu'autour des pots de mauvais vins, il a
trouvé des amis. Bien sûr, il a fait tous les métiers depuis qu'il a
renoncé aux brillantes carrières que d'autres trouvent et qui auraient
exigé plus de zèle aux études. Il a été colporteur, souteneur,
malandrin. Il a même tué un prêtre. Amoureux, il s'est fait rosser par
les domestiques de la dame. Voleur, il n'a été que le bon à rien qui
garde les manteaux au bas de l'échelle. Étudiant, il n'a retenu que
quelques formules que, pour faire rire, il place dans ses chansons.
Comme il connaît les usages, il rédige un testament où il lègue à tous
ceux qui lui ont fait du bien ou du mal des biens et des places qu'il
n'a pas.
Des ratés comme lui, il en est des milliers. Il est le seul
peut-être qui ait du génie. Le seul qui, jouant avec les mots et les
images, sache nous dire ce qu'il a dans le cœur. Le seul qui nous fasse
pleurer quand, certain qu'on va le pendre, il avoue son ultime angoisse:
qu'on ne se moque pas de lui, demain, quand il sera au gibet. Car il
sait bien qu'il a ri, lui, quand les autres passaient dans la
charrette... Au Parlement, on en a assez d'entendre parler de lui, Une
nouvelle fois, il s'est fait prendre dans une méchante affaire, mais le
pendre, c'est risquer de voir le rive gauche en effervescence. Pend-on
un chansonnier connu du tout Paris qui parle et qui fredonne ? Alors,
les juges se lavent les mains. Qu'il aille se faire pendre, mais
ailleurs ! Villon est banni. Il quitte Paris. Nous ne le reverrons plus.
Il avait trente ans. Sa santé était délabrée. La vie avait été dure
avec celui qui se nommait lui-même "le pauvre Villon". Sans doute
n'a-t-il pas fait de vieux os. Vingt-cinq ans plus tard, grâce à l'art
nouveau de l'imprimerie, un libraire publie les poèmes dont on n'a même
pas le manuscrit. Qu'importe : on les savait par cœur. A peine s'est-il
éloigné du pavé de Paris que Villon entre ainsi, très vite et par la
grande porte dans la littérature.
Jean Favier
Membre de l'Institut
LA MUSIQUE AU TEMPS DE VILLON
Les offices religieux étaient nombreux, et presque obligatoires.
Tous ceux qui fréquentent l'église connaissent le fond de
chant grégorien ou de plain-chant qui forme la base du rituel
liturgique. Messes, vêpres, processions, fêtes
étaient autant d'occasions de rencontres avec la musique
chrétienne au XVème siècle. Dans les chapelles des
cours, les cathédrales et églises importantes, lors des
grandes célébrations, on pouvait entendre
également des polyphonies fastueuses, bâties le plus
souvent sur des teneurs"grégoriennes": messes, motets,
pièces religieuses parfois accompagnées d'instruments,
des grands Maîtres du moment: Binchois, Dufay, Ockeghem et bien
d'autres...
La chanson polyphonique est l'équivalent profane du
motet. Brillamment illustrée par les musiciens de la cour de
Bourgogne, elle deviendra la référence de la musique
courtoise. On dansera "aux chansons" chez les seigneurs, des basses
dances stylisées (dansées "par le bas", c'est à
dire à pas glissés et non sautés) qui, par leur
structure fixe en "quaternions", leur rythme caractérisé
et répétitif, leurs teneurs modales, permettent
l'improvisation musicale, dont nous conservons de nombreux
modèles écrits (Spagna). Le procédé du
canon se répand à la faveur de pièces descriptives
héritées de l'Ars Nova: caccia, chasses, qui contiennent
l'idée de fuite (fuga), de poursuite.
La chanson populaire est
rarement notée. Quelques manuscrits cependant en contiennent. On
la retrouve également insérée dans certaines
polyphonies savantes. Dans les tavernes, on chante toujours le
répertoire des Goliards dont le succès dure depuis le
XIème siècle. On adapte parfois les paroles au goût
du jour. C'est grâce au théâtre liturgique et
profane (Mystères, Miracles, Moralités, Farces, Jeux...)
que la musique savante côtoie le peuple. On y utilise des
refrains (timbres), connus de tous, qui peuvent être repris en
choeur par le public, ainsi qu'une sorte de musique de scène
faite de citations de pièces savantes.
La musique instrumentale
se constitue à partir de transcriptions de chansons ou de
pièces polyphoniques religieuses, de basses-dances, de
pièces en fanfares, mettant en valeur les instruments à
vent, très prisées des souverains pour leurs
"entrées processionnelles" en leurs "bonnes villes". On commence
à pratiquer la variation, à l'aide de "diminutions", de
colorations diverses sur base de chanson ou de teneur liturgique.
On ne
sait rien sur les rapports de Villon avec la musique bien qu'il y fasse
souvent allusion dans son œuvre. En bon "escolier" il la pratique
puisqu'elle fait partie du "quadrivium", base de l'éducation des
clercs au moyen âge. Villon a aussi un peu
fréquenté la noblesse (René d'Anjou, Charles
d'Orléans...) pour qui musique et poésie allaient de
pair. Il a probablement du entendre un peu de cette musique savante de
son époque lors des rares passages qu'il fit dans les cours...
Il connaissait bien la littérature de son temps: au travers du
"Champion des Dames" de Martin le Franc (1440) du "Roman de la Rose",
de l'oeuvre de Christine de Pisan, qui l'ont fortement
influencé, Villon retrouve les rapports nettement
affirmés entre poésie et musique.
On sait aussi que la
musique était partout: jongleurs, ménestrels, musiciens
étaient auprès des princes en leurs châteaux, des
moines en leurs abbayes, sur la place publique lors des marchés
et des foires, et même au moulin ou aux étuves...sans
oublier les tavernes tant prisées par Villon. Mais si Villon est
entré par la grande porte dans la littérature, son oeuvre
poétique n'inspirera qu'assez tard les musiciens. Un seul
compositeur de son temps: Jean Delahaye a mis en musique au moins un
texte de Villon: "Mors j'appelle " [17], qui est un rondeau à
forme fixe (AB-AA-AB-AB), ou lay, comme il s'en écrivait de
nombreux en ce temps là, inséré dans le
"Testament". Il faudra attendre la Renaissance pour que les musiciens
s'intéressent à lui (Roland de Lassus), puis la
période contemporaine (Brassens).
Il nous a donc fallu trouver la musique de son époque qui puisse
porter son œuvre poétique... Sachant que Villon
écrivait la plupart de ses "poésies diverses" selon les
formes fixes en usage: ballade, rondeau, chanson...et qu'il existe par
ailleurs de nombreuses pièces musicales du XVeme, bâties
selon ces formes, destinées probablement à être
chantées à l'origine, mais dont les textes ont
été perdus, il suffisait de réunir: texte de
Villon et pièces polyphoniques (sans textes). Et lorsque cela
"collait" nous avons pu obtenir une chanson probable de Villon qui
aurait pu être mise en musique de son temps. C'est ainsi que nous
avons pu "reconstituer":
· La 2ème ballade sur Paris, "O tu, Cité" [8], Eustache Deschamps / Hayne van Guizeghem;
· "Jenin l'Avenu" [13], Villon / Rondeau de carole harmonisé par J. Skowron;
· "Au retour de dure prison" [21], Villon / Hayne;
· "Repos éternel" [22], Villon / Binchois.
Julien Skowron
La guerre de Cent Ans
1. Le Carillon de Vendôme (v. 1422 ?)
Air célèbre
évoquant la situation de Charles VII, le "petit roi de Bourges",
qui hérite d'un royaume réduit à peu...
Carillon du beffroi de Douai.
2. Agincourt carol, Deo Gratias Anglia (v. 1415)
Motet à la gloire des armées anglaises qui ouvrent le
siècle par une victoire (Azincourt et prise d'Harfleur). Ce
motet et la chanson suivante, marquent des étapes importantes de
ce siècle troublé par des guerres incessantes.
2 sopranos, 2 altos, 2 basses, cornet, orgue, sacqueboute, luth, harpe.
3. Reveillez-vous picards (v. 1479-80)
Chanson historique ayant trait à la "guerre de cinq ans"
pendant laquelle Maximilien d'Autriche vint s'opposer à Louis
XI. Et où ses soudards, picards alliés des bourguignons,
ne demandent qu'à en découdre avec les armées du
roi de France.
Petit chœur d'hommes, cornet, 2 cromornes, sacqueboute, tambour.
4. Mon bien, ma joye. Robert Morton (1445-1497)
Pièce à trois voix, sans texte, traitée ici comme une fanfare (alta) en forme de basse-dance.
Cornet, chalemie, sacqueboute, tambour.
Paris au XVème siècle
5. Carillon
Evocation de "Paris, la ville aux cent clochers". "Es clochiers fu la sonnerie, Et longue, et grant, et merveilleuse".
Carillon.
6. Ballade des femmes de Paris. Villon / Egidius (fin XVème-début XVème)
"Il n'est bon bec que de Paris". Célèbre éloge de
la langue et de la verve des femmes du peuple parisien. Plusieurs
musiciens sont présentés sous le nom d'Egidius...
2 sopranos, 2 ténors, cornet, vièle, luth, harpe, orgue.
7. Basse-dance. J. Skowron d'après une teneur de R. Morton.
Evocation des premiers tziganes à Saint Denis en 1427. "Certains
parisiens allèrent les voir, tous en parlèrent" (J.F.).
Ils illustrent avec les jongleurs, les artistes ambulants, "têtes
pittoresques", la "population flottante" de Paris.
Vièle, luth-percussion, darbouka, mains.
8. O tu Cité. Eustache Deschamps (1346-1406) / Hayne van Guizeghem (1447-1497).
"Riens ne se puet comparer à Paris". Une superbe ballade
à la gloire de Paris, d'E. Deschamps, disciple et peut
être parent de Guillaume de Machaut, que la musique de Hayne
soutient à merveille.
Ténor, cornet, dessus de viole, luth, orgue.
François Villon
9. Fa, Fa, Mi, Fa / Ut, Re, Mi, Ut. Manuscrit de las Huelgas, fin du XIVème siècle.
Une
"solmisation" ou sorte de "solfeggietto", à la fois
"scolastique" et humoristique, tel qu'on les pratiquait depuis Guy
d'Arezzo (+ v. 1050). La musique au temps de Villon, faisait partie du
"quadrivium" avec l'arithmétique, la géométrie et
l'astronomie et était considérée comme une science
avant d'être un divertissement. Il se peut que Villon ait
dû ânonner ce genre d'exercice !
2 ténors, orgue, tintinnabulum.
10. Ave Regina. Motet à la Vierge, Gilles Binchois (1400-1460)
Pour illustrer la ballade que Villon fit à sa mère pour
prier Notre Dame : "Dame du Ciel, Régente terrienne,
Emperière des infernaux palus, Recevez-moi vostre humble
chréstienne... En cette foy, je vueil vivre et mourir."
2 sopranos, 2 ténors, cornet, orgue, luth, harpe, sacqueboute, viole ténor.
(Les notes étranges que l'on peut entendre dans la partie instrumentale centrale figurent bien dans le manuscrit).
11. J'ay bien choisi. Basse-dance instrumentale, Hayne.
C'est la métamorphose en basse-dance de la mélodie
principale, des harmonies de base du N° 8. La basse-dance
était la danse noble par excellence. Noblesse, toujours
souhaitée, jamais atteinte par Villon.
Vièle, virginal, luth, harpe.
12. Triste plaisir et douloureuse joye.
Basse-dance chantée du
manuscrit de Bayeux (XVème) dont l'antinomie exprimée
dans le texte rappelle le style et les propos du Roman de la rose, aux
influences toujours vivaces au XVème siècle, et qui
inspirera Villon et Alain Chartier.
Petit chœur d'hommes, ténor solo, flûte, vièle, luth, orgue, harpe, tambour.
13. Jenin l'Avenu. Rondeau, Villon / J. Skowron d'après un rondet de carole.
"Jenin (ou Jeannin), c'est le cocu traditionnel. L'avenu, c'est celui
qui survient au mauvais moment. Les étuves sont le lieu ou l'on
se baigne, le lieu aussi où l'on trouve des filles" (J.F).
Villon, sous les traits de Jenin est-il un cocu ou un losengier-voyeur ?
Petit choeur d'hommes, vièle, guitare mauresque, flûte, tambour.
14. Saltarello, Triste plaisir, d'après la teneur de la chanson de G. Binchois sur un texte d'A. Chartier.
"Villon se voit dans le miroir qu'il tend... Triste coeur, ventre
affamé...l'écartent de la gent courtoise... (J.F.).
"Car la danse vient de la panse ! "
guitare mauresque, vièle, chalemie, tambour.
15. Carillon. Basse-dance d'après une hymne liturgique à Sainte Cécile.
16. Deuil angoisseux. Christine de Pisan (1363- 1431) / Gilles Binchois.
Ch. de Pisan était une courtisane, comme E. Deschamps
et A. Chartier. Un très beau texte d'amour que met en valeur la
musique de G. Binchois. On est loin de "La Grosse Margot" de Villon !
Soprano, dessus de viole, flûte, luth, orgue.
17. Mors J'appelle. Villon/Jean Delahaye (XVème)
"Villon et ses contemporains n'ont pas grand-peine à songer au
destin commun des hommes... Il en appelle de la Mort. Au vrai, il
accuse. nomme est seul face à la faux ! " (J.F.). Delahaye a
été au service du Duc de Luxembourg, et de passage en
France vers 1443 où il a peut-être rencontré Villon
? On sait peu de choses sur ce musicien dont seulement cinq chansons
nous sont parvenues.
Ténor, vièle, virginal, harpe, luth.
18. N'aurai-je jamais mieux: chanson en basse dance. Robert Morton.
Chanson courtoise de ce compositeur anglais, au service des ducs de
Bourgogne, grand ami de Hayne. Toujours la Cour inaccessible à
Villon...
Soprano, cornet, guitare mauresque, dessus de viole, sacqueboute.
19. Carillon.: Canon d'après "Le haut et le bas", basse-dance du" Livre de Marie de Bourgogne".
Annonciateur d'un néfaste destin: "Saturne aurait chargé
le fardelet du Pôvre Villon d'un outrageux maleur..."
20. Ce sont varlets de Vire. Manuscrit de Bayeux.
Chanson au texte un peu incompréhensible qui met en scène
des "varlets de Vire", originaires de Normandie comme ceux qui se
louaient dans Paris (voir J.F.). Villon a pu connaître certains
d'entre eux lorsqu'il a fréquenté les "coquillards" comme
ce Colin de Cayeux "dont l'amboureux lui rompit le suc" (dont le
bourreau lui rompit le col). C'est vers cette fin tragique que Villon
se dirige. Il sera condamné à mort en 1462, puis banni de
Paris en 1463. On perd alors sa trace.
Chœur d'hommes, luth, virginal, cornet, sacqueboute.
21. Au retour de dure prison. Chanson en rondeau. Villon / Hayne
"Ecrit l'ai l'an 61 lorsque le roi me délivra De la dure prison
de Meung Et que vie me recouvra". Louis XI a probablement ignoré
qu'il rendait sa liberté à Villon ! (J.F.).
Ténor, harpe, luth, violes.
22. Repos éternel donne à cil. Verset ou rondeau pour suivre son épitaphe. Villon / G. Binchois
"Villon meurt de l'Injustice, de la Félonie... Exilé,
prisonnier... Villon a dit ce qu'il avait à dire. Il hausse les
épaules !.. Requiem eternam dona ci, se combine avec la
fièvre génératrice de mirages, pour brouiller
notre entendement" (J.F.).
Ténor, dessus de viole, orgue, luth.
23. Lamentatio Sanctae Matris Ecclesiae Constantinopolitanae. Motet. Guillaume Dufay (1400-1474).
Déploration sur la disparition de l'Église de
Constantinople à la suite de la prise de la ville par les turcs
en 1453. C'est la fin d'un monde. Pièce musicale majeure pour un
moment capital de l'histoire. L'Église Chrétienne
d'Orient, abattue, y est décrite comme une "Mère
ésplorée ", image de la Vierge Marie, souffrant de la
mort de son fils, et s'adressant à Dieu le Père, pour
qu'il voit son martyre et écoute sa plainte. La musique de Dufay
y est poignante, empruntant sa teneur en latin à l'Office des
Morts.
2 sopranos, 2 ténors, 3 basses, orgue, luth, sacqueboute, cornet, harpe, viole ténor.
24. Carillon. Glas
(J.F.) : citations empruntées à Jean Favier
It's the most important city in the occidental world, with two hundred
thousand inhabitants, if not more. At the end of the Hundred Years War,
Paris is once again the city upon which converge dynamics and capital,
not to mention illusions. Rare is the Parisian who can boast that his
grandfather lived on the banks of the Seine. Students and businessmen
come from all over Europe. Artisans can trace their roots to local
villages. Valets and servants often come from Normandy, Picardy, even
from Brittany or Champagne. In the Place de Grève, as in Les
Halles, every sort of dialect, every sort of accent can be heard. On
the Left Bank, now called the University, and which will one day be
known as the Latin Quarter, University disputes are carried on in
Latin, although not in the taverns, where people can also be found who
have barely a roof over their heads. Since the war, the Capital is not
what it once was. The King is no longer in the city. Forced by
circumstances to seek refuge, he is somewhere in the Loire Valley,
where he remains by choice. Neither Charles VII nor Louis XI liked
Paris. The Crown has too many dark memories. Princes and bishops are
rarely there, and other notables are not much in evidence: the King's
officers, the judges, and the lawyers. Now opulence comes from the
upper middle class, which overshadows the luxury of the aristocracy.
Because these "gens de robe", the highly-placed members of Parliament,
of the Exchequer and of the Châtelet are also, along with their
followers, clients. The haberdashers, furriers and artisans in pewter
are the ones who thrive and flourish at this time.
In this city of
clerks, ten or fifteen thousand young people are awaiting their turn.
They already see themselves as masters; regents at the Sorbonne or
physicians in the city, lawyers at court or accountants of the royal
finances. Many will fall by the wayside, as positions are hard to
obtain in a capital where the reconciliation of those who went off to
fight the war has left their places to be filled by those who served
Charles VII and those who were loyal to the King of England, in the
Burgundy party. In short, there's an overabundance of those seeking
fortune. And, after years of study for nothing, it's impossible to go
back to an apprenticeship for a profession which should have begun ten
years earlier. So they go on hopelessly. So however many taverns there
are, they are always full. Wine is there to be quaffed, rarely that of
Beaune or Auxerre, which is dear. Sometimes wines from Suresne, from
Argenteuil or Chaillot, which is excellent, although the upper middle
classes keep it mostly for themselves, as they own the vineyards. But
not all the wines are inferior. Those of the plains south of Paris go
down well, after being sweetened to counter the inherent chalk
deposits. And there are the fun and games, with certain practical jokes
becoming clashes with the King's officers or the Rector's beadles.
There are dreams of lovely ladies seen passing in the street, or when
the young wenches in the tavern serve the customers.
And one can
sing. There is a ready audience the moment anyone starts to declaim
verses, either someone else's, or his own improvisation, and the
improviser can polish his output once he is alone. Or a street singer
going from table to table.
And it is thus we can imagine Master
François de Montcorbier. "Master", meaning he has done some
study, Morcorbier being his father's humble village. The son by
preference calls himself Villon, named in honour of the Canon who had
taken him in, in exchange for a few odd jobs. As a child, he had been
an "au pair" choirboy. He is beginning to be known. At first amid the
jugs of low-class wines, he has made friends. Certainly he has turned
his hand to every trade, after turning his back on the brilliant career
that others achieve, but which would have needed more zealous study
habits. He has been a hawker, a procurer, and a brigand. He has even
killed a priest. As a lover, he has been thrashed by his lady's
lackeys. As a thief, he has been a mere good-for-nothing, guarding
coats at the bottom of the ladder. As a student, he has retained a few
literary formulas he has put in his songs for comic effects. With
knowledge of the customs, he has drafted a Will bequeathing good things
to his well-wishers, and bad to illwishers.
Such failures are legion.
Of them all, he is the only one perhaps, with genius. The only one who,
playing with words and images, knows how to tell us what is in his
heart. The only one who can make us weep when, certain to be hanged, he
expresses his final anguish: that no-one should laugh at him the next
day on the gallows. He well knows they might, as he has mocked others
who passed by in the fatal cart. In Parliament, they've heard more than
enough about him. Once again he's been mixed up in a shady affair. But
hang him, and they might risk the uprising of the entire Left Bank.
Hang a songster known to all Paris, who
speak and hum his verses ? So the judges wash their hands. Let him go
hang, but somewhere else ! Villon is banished. He leaves Paris, and we
hear no more of him. He was 30 years old, and his health was already
ruined. His life had been hard; he called himself "Poor Villon".
Without a doubt he did not live to make old bones. Twenty- five years
later, thanks to the new art of printing, a bookseller published his
poems, without a manuscript. No matter, they knew his verses by heart.
François Villon had hardly left the cobblestones of Paris
before, very swiftly and by the main gate, he entered the world of
literature.
Jean Favier
Member of the Institut de France
MUSIC AT THE TIME OF VILLON
There were a lot of religious services, which were almost "compulsory".
All the people who went to church often heard and were familiar with
the Gregorian or plainchant that formed the musical background of the
sacred rituals. Masses, vespers, processions, all the many and varied
religious festivals were an excuse for the numerous chants practised in
the Christian church in the fifteenth century. In the chapels, in the
courts, the cathedrals and main churches, during the course of
important celebrations, elaborate polyphony was to be heard. Most often
these were based on the Gregorian teneurs (melodic lines). There were
masses, motets, and sacred pieces, sometimes with instrumental
accompaniment, all by the great masters of the time: Binchois, Dufay,
Ockeghem and many others.
Polyphonic song was the secular equivalent of
the motet. It soared in popularity, was brilliantly illustrated by the
musicians of the Burgundian Court, and became the model for courtly
music. At the courts of the nobles, songs were often used for dancing.
These were the stylised basse -dances (dances "from below", the foot
sliding rather than skipping). By their fixed forms in "quaternion",
their characteristic repetitive rhythm and their modal melodies, they
encouraged musical improvisation, of which quite a few written examples
have survived (Spagna). The canon form spread, favouring descriptive
pieces inherited from the Ars Nova: the caccia, or chase, based on the
idea of flight (fuga) and pursuit.
Folksong was rarely noted down but
was handed down orally. Not much of it is known, although several
manuscripts contain some. Folk themes can also be found inserted into
distinguished and learned polyphonies. In the taverns, the repertoire
of the Goliards (witty diatribes of itinerant students) was still sung.
The success of these songs, which dated from the eleventh century, was
undiminished, and the words could always be adapted to the taste of the
day. It was also thanks to liturgical and profane theatre (Mysteries,
Miracle plays, Moralities, Farces, Games) that learned music reached
the people. Refrains (timbres) were used which everyone knew, and could
therefore be sung by the public in chorus. Rather like incidental
theatrical music adorned with quotes from classical pieces.
Instrumental music was based on transcriptions of songs or sacred
polyphony, from basse-dances, either written or improvised, or from
fanfares to show off the wind instruments. Sovereigns, who used them to
herald their "processional entries" into their "good towns",
particularly appreciated the latter. Now variations on the songs or the
melodic lines of sacred music were starting to develop, in the form of
"diminutions" or changes in colouring.
Nothing is known about the
relationship of Villon to music, although he often alluded to it in his
writings. As a onetime student, he must necessarily have practiced it,
as it was an integral part of the "quadrivium", the educational basis
of clerks in the Middle Ages. In any case, Villon was sometimes amongst
the nobles of the time (René d'Anjou, Charles d'Orléans,
etc.) for whom music and poetry went together. He must have heard some
of the more erudite music of the era during his infrequent stays in the
courts. His many literary citations and his reading also demonstrate
that he knew the liturature of his time. Its influence is quite obvious
in his own works."Le Champion des Dames" (The Champion of the Ladies)
by Martin le Franc (1440) the "Roman de la Rose" (the Romance of the
Rose), and the work of Christine de Pisan, influenced him strongly.
Thus Villon's relationship to both music and poetry stands out
dearly.
We know as well that music was everywhere: jugglers, buskers and
musicians were to be found wherever there was any sort of social
activity. Amid princes in their castles, monks in their abbeys, in the
streets during markets and fairs, and even around the mills and the
public baths. And of course music was in the taverns so beloved of
Villon. In fact it would have been difficult to avoid! If Villon, it
entered literature by the main gate, according to Jean Favier, it is
only recently that his poetry has influenced musicians. Only one
composer of his era, Jean Delahaye - and this we have discovered only
lately - used at least one text of Villon's: "Mors j'appelle" [17],
which is a fixed-form rondo (AB-AA-AB-AB), or lay, inserted into "The
Testament" (Last Will), as if it were one of many he had composed at
that time. Afterwards, it wasn't until the Renaissance that musicians
showed any interest in Villon (Orlando Lassius), and then in our era
(Brassens).
We wanted to find some music from Villon's time to which we
could fit his poetry. We knew that, on the one hand, Villon wrote most
of his "poesies diverses" in the standard forms of his day: ballad,
rondo, and song. On the other hand there are, in the musical
manuscripts of the fifteenth century, quite a few pieces composed
according to these forms that were most likely originally meant to be
sung, but whose words have been lost. What we needed was to unite a
Villon text (without music) with a polyphonic song (which no longer had
a text). And when these came together, we had a "probable" song that
Villon could have put to music in his time. And that is how the songs
have been reconstituted.
· The second ballad about Paris, "O tu, Cité" [8], Eustache Deschamps / Hayne van Guizeghem;
· "Jenin l'Avenu" [13], Villon / A carol rondo harmonised by J. Skowron;
· "Au retour de dure prison" [21], Villon / Hayne;
· "Repos éternel" [22], Villon / Binchois.
Julien Skowron
The Hundred Years' War
1. Le Carillon de Vendôme (The Vendôme Chimes) (c. 1422?)
A well-known song about Charles VII and his situation; "The little King
of Bourges" who inherited quite a reduced kingdom: Bourges.
Chimes from the Douai bell tower.
2. Agincourt carol, Deo Gratias Anglia (c. 1415)
A motet glorifying the English armies, victorious at the beginning of
the century (Agincourt and the taking of Harfleur). This motet and the
following song underline important stages in a century troubled with
constant wars.
2 sopranos, 2 altos, 2 basses, cornet, organ, sackbut, lute, harp.
3. Reveillez-vous picards (Awake, Picards) (c. 1479-80)
A historic song which deals with the "Five years' war", when Maximilian
of Austria came up against Louis XI. Where the Soudards, fighters from
Picardy allied with Burgundy, wanted nothing better than to fight the
French King's army.
Small men's choir, cornet, 2 crumhorns, sackbut, drum.
4. Mon bien, ma joye (My beloved, my joy). Robert Morton (1445-1497)
A piece in 3 voices without text, here treated as a fanfare (alta) in the form of a basse-dance.
Cornet, chalemy sackbut, drum.
Paris in the XV Century
5. Carillon (Chimes)
An evocation of "Paris, the city of a hundred bell towers" "The bells sounded, Long, grand, and marvellous".
6. Ballade des femmes de Paris. Villon / Egidius (end of the XIVth, beginning of the XVth)
Only in Paris can we find a true whiplash tongue. A famous tribute to
the language and verve of the women of the Paris populace. Several
musicians are presented here, under the name of Egidius.
2 sopranos, 2 tenors, cornet, viele, lute, harp, organ.
7. Basse-dance. J. Skowron, based on a theme by R. Morton.
An evocation of the first Gypsies in Saint Denis in 1427."Some
Parisians went to see them, talking all the time" (J. F.) They stand
out along with the jugglers, the roving artists, "picturesque heads"
and the floating population of Paris.
Viele, lute-percussion, darbouka-drum, hands.
8. O tu Cité. Eustache Deschamps (1346-1406) / Hayne van Guizeghem (1447-1497).
"Nothing can compare with Paris". A superb ballad to the glory of
Paris, by E. Deschamps, a disciple and possibly a relative of Guillaume
de Machaut, much enhanced by de Hayne's music.
Tenor, cornet, bass viol, lute, organ.
François Villon
9. Fa, Fa, Mi, Fa / Ut, Re, Mi, Ut. A manuscript from Las Huelgas, end of the XIVth.
A "putting into
solfege", at the same time scholastic and humorous, as had been done
since Guido d'Arezzo (after1030). Music at the time of Villon was part
and parcel of the "quadrivium", along with arithmetic, geometry and
astronomy, and was considered to be a science, rather than
entertainment. It could be that Villon himself had to mutter, over and
over again, this type of exercise !
2 tenors, organ, tintinabulum.
10. Ave Regina (Hail Mary). Motet to theVirgin. Gilles Binchois (1400-1460)
To illustrate the ballad that Villon wrote for his mother to pray to
Our Lady: "Lady of Heaven, Regent of the earth, Empress of the infernal
swamps, Receive your humble Christian, In this faith, I would live and
die."
2 sopranos, 2 tenors, cornet, organ, lute, harp, sackbut, tenor viol.
(The "strange" notes we can hear in the central instrumental section are direct from the original manuscript.)
11. J'ai bien choisi (I've chosen well)
This is an adaptation into a basse-dance taken from the main melody and
the base harmonies of Nº.8. The basse-dance was the most elegant
of dances, danced only by the nobility. A nobility which Villon always
longed for, but never attained.
Viele, virginal, lute, harp.
12. Triste plaisir et douloureuse joye (Sad pleasure and painful joy)
A basse-dance sung from the manuscript of Bayeux (XVth) Where the
antinomy expressed in the text recalls the style and premise of the
Romance of the Rose, whose influence was still strong in the XVth and
which inspired Villon and Alain Chartier.
Small men's choir, tenor solo, flute, viele, lute, organ, harp, drum.
13. Jenin l'Avenu. Rondo, Villon / J. Skowron , from a roundelay.
"Jenin" is
the traditional cuckold. The avenu is the one who always arrives at the
wrong moment. The étuves are the public baths, and also where
one can meet pretty girls" (J. F.) Is Villon, in the guise of Jenin, a
cuckold or a lovers' lookout looking in ?
Petit choeur d'hommes, viele, Moorish guitar, flute, drum.
14. Saltarello, Triste plaisir. From the main theme of the song by G.
Binchois, to a text by Alain Chartier.
"Villon looks at himself in the
mirror ... Sad heart, famished stomach...excluded by the
nobility"...(J.E) "Dancing requires a full stomach!"
Moorish guitar, viele, chalemy, drum.
15. Carillon (Chimes). A basse-dance based on a sacred hymn to Saint Cecilia.
16. Deuil angoisseux (Anxious sorrow). Christine de Pisan (1363- 1431) / Gilles Binchois.
ike E. Deschanps and A. Chartier, Ch. de Pisan was a member of the
court. A beautiful love poem, which enhances the music of G. Binchois.
This is a far cry from "La Grosse Margot" (fat Margot) by Villon!
Soprano, viola da gamba, flute, lute, organ.
17. Mors J'appelle (Death, I appeal against you). Villon/Jean Delahaye (XVème)
"Villon and his contemporaries had no difficulty in thinking about
man's common destiny. They were appealing against Death, actually
accusing it, as in court. Man is alone when confronted by the scythe!"
(J. F.) J. Delahaye had been in the service of His Grace, the Duke of
Luxembourg, and, passing through France around 1443, might he not have
met Villon? We know little about this musician, from whom only 5 songs
have survived.
Ténor, viele, virginal, harp, lute.
18. N'aurai-je jamais mieux (Shall I never have better). A song put into basse-dance, Robert Morton.
A courtly song by this English composer in the service of the Duke of
Burgundy, a close friend of Hayne. Still and always the Court,
inaccessible to Villon.
Soprano, cornet, Moorish guitar, viola da gamba, sackbut.
19. Carillon (Chimes).
Canon based on "Le haut et le bas" (The high and the low), a
basse-dance from the "Livre de Marie de Bourgogne" (Book of Mary of
Burgundy). Harbinger of a dark destiny, Saturn (the Evil One), loaded
"Pôvre Villon's fardelet" (poor Villon's small burden) with an
untimely and ill-fated end.
20. Ce sont varlets de Vire (They're valets of Vire). From a Bayeux manuscript.
Song with a slightly odd text, which depicts the "Valets of Vire", from
Normandy, who were so happy to be in Paris. (J. F.). Villon most likely
was acquainted with these near criminal types, like Colin de Cayeux,
who was "topped by the hangman" (died on the gallows). It is towards
this tragic end that Villon was heading. Condemned to death in 1462, he
was banished from Paris in 1463. Afterwards, we lose trace of him.
Men's choir, lute, virginal cornet, sackbut.
21. Au retour de dure prison (On return from harsh prison). Song as a rondo. Villon / Hayne
"It was in the year 60 and one When the King delivered me From the
harsh prison of Meung And gave me back my life." "Louis XI was probably
unaware that he had freed Villon!" (J.F.).
Tenor, harp, lute, viols.
22. Repos éternel donne à cil (Grant him eternal rest).
Small verse or rondo to follow his epitaph. Villon/Binchois.
"Villon dies because of Injustice and Felony. Exiled, a prisoner,
Villon stated what he had to say. He no longer cared ! Requiem eternam
dons ci (grant him eternal rest, from the Requiem Mass), is combined
with feverish visions, confusing our perception" (J.F.).
Ténor, dessus de viole, orgue, luth.
23. Lamentatio Sanctae Matris Ecclesiae Constantinopolitanae. Motet. Guillaume Dufay.
A lament for the disappearance of the Church of Constantinople, which followed the taking of the city by the Turks in 1453.
2 sopranos, 2 ténors, 3 basses, orgue, luth, sacqueboute, cornet, harpe, viole ténor.
24. Carillon (Chimes). Glas (Knell)
(J.F.): quotes borrowed from the works of Jean Favier