inillotempore.ch
In illo tempore
2005
Saint-Jacques-de-Compostelle
musiques du Codex Calixtinus, 12e siècle
Matines et Messe de la Saint-Jacques (extraits)
AD MATUTINUM
1. Versus. Domine labia mea aperies [1:49]
polyphonie orale — Psalmus 69, 2
2. Hymnus. Felix per omnes [6:13]
d’après une intuition de Marcel Pérès
cc 21
3. Conductus. Resonet nostra [2:41]
maître Robert
cc 84
Sandrine Gasser · Nathalie Gasser · Jacky Cahen · Julieta González
4. Lectio III. Prologus Beati Calixte Pape [2:21]
Codex Calixtinus fol. 48r
Luc Terrieux · Jean-Pierre Cap · Thierry Lattion
5. Responsorium III. O adjutor. V. Qui subvenis [5:11]
maître Aton, évêque de Troyes
cc 51
cc 106
Nathalie Gasser · Sandrine Gasser
6. Prosa. Portum in ultimo [2:53]
maître Aton
cc 107
AD MISSAM
7. Conductus. Jacobe sancte [2:00] ancien évêque de Bénévent – flûte à bec, organetto
cc 100
8. Kyrie. Cunctipotens [7:35]
maître Gautier de Château Renard
cc 111
9. Conductus Ad superni [2:10]
maître Alberic, archevêque de Bourges
cc 98
10. Epistola. Lectio libri ecclesiastici ystorie.
Cantemus Domino cantica glorie [5:29]
cc 91
Jean-Pierre Cap · Thierry Lattion
11. Graduale. Misit Herodes [2:02] organetto
cc 72
12. Alleluia. Vocavit Ihesus [5:25]
maître Gocelin, évêque de Soissons
cc 110
Thierry Lattion
13. Prosa. Alleluia. Gratulemur [5:40] pape Calixte
cc 76
14. Agnus Dei. Qui pius ac mitis es [1:49]
évêque Fulbert de Chartres
cc 93
Sandrine Gasser · Luc Terrieux · Jacky Cahen
15. Deo gratias. Conductus. Congaudeant catholici [5:41]
Maître Albert de Paris
cc 96
Ensemble Flores Harmonici
Alexander Traube
Jacky Cahen, Nathalie Gasser, Sandrine Gasser, Julieta González
Jean-Pierre Cap, Thierry Lattion, Luc Terrieux, Alexandre Traube, Jiawen Xia
instrumentistes
Evelyne Moser (vièle), Jean-Pierre Cap (flûte à bec),
Alexandre Traube (organetto), Imad Eddine Bahou (percussion)
direction artistique enregistrement : Francis Biggi
prise de son et mastering : Jean-Claude Gaberel
assistant prémontage : Jiawen Xia
Enregistré en mars 2005 à l’Abbaye cistercienne de Bonmont (Chéserex)
Mécènes:
Loterie Romande, Ville de Neuchâtel, République et Canton de Neuchâtel,
Suntrust investment Company SA
Remerciements:
Fondation de l’Abbaye de Bonmont, Golf & Country-Club de Bonmont
Un grand merci à Marie-Claude Gyger pour la couverture élaborée sur un de ses tableaux
et à Jean-Pierre Gyger pour la traduction anglaise.
Merci également à Eveline Pheulpin-
Racine pour ses traductions du latin,
et aux correctrices des textes, Nathalie et Sandrine Gasser.
Merci enfin à Francis Biggi
qui a donné trois jours de son précieux temps de Doyen
du Centre de Musique Ancienne de la HEM Genève
et de codirecteur de l’ensemble
Lucidarium pour assurer la direction artistique de cet enregistrement.
English liner notes
À
Thierry Lattion, qui nous a quittés prématurément. Puisse ce disque
rendre hommage à l’immense talent qu’il avait de donner vie aux lignes
musicales grâce à son sens inné de l’ornementation.
Saint
Jacques... Ce nom est encore riche pour nous de tout ce que les siècles
ont sédimenté d’histoire et de légende autour de lui, donnant à celui
qui le porte une aura aussi fabuleuse que son aspect, tel qu’il est
décrit dans les récits du Codex Calixtinus, au moment où son corps, entièrement recouvert de coquillages, sort de mer pour sauver un bateau.
Saint
Jacques... L’histoire de deux frères modestes pêcheurs, Jacques et
Jean, enfants de Zébédée, que les textes saints nomment aussi les Fils
du tonnerre, “Boannerges”, nom mystérieux, mythique. Ceux dont la
mère osait demander qu’ils s’assoient à la gauche et à la droite du
Seigneur, ce qui signifiait, lui répond ce dernier, boire sa coupe
amère; ceux qui, avec Pierre, ont été témoins, au dire des Évangiles,
d’un événement qui marquera leur vie à jamais, la Transfiguration sur le
Thabor, la manifestation de la gloire divine sur la terre. Voici ce que
les Évangiles disent de ces frères, c’est peu et c’est assez pour
qu’ils entrent à jamais dans la légende. Ces événements, les chants de
Compostelle ne se lassent pas de les narrer dans tous les tons avec une
joie débordante, celle des pèlerins qui se sont mis à suivre Saint
Jacques. A ce point commence le destin séparé des deux frères, dont on
trouve des traces dans les Actes des Apôtres et les évangiles
apocryphes. Alors que Saint Jean finit ses jours centenaire à Patmos,
nous léguant l’Apocalypse, Jacques sera le premier des apôtres à
recevoir la couronne des martyrs. Protomartyr, ce titre est celui qui
revient avec le plus d’enthousiasme dans les chants de Compostelle. La
légende de Saint Jacques narre que ses reliques furent transférées en
Espagne et qu’elles apparurent alors miraculeusement au large de la
Galice, dans un lieu nommé “champ de l’étoile” - Campus stellae
en latin ou Compostella en langue vulgaire. Il ne fallait pas tant de
mystères et de gloire pour qu’un peuple ardent et en recherche
identitaire, sous domination musulmane depuis plusieurs siècles, trouve
en Saint Jacques son héros et son signe de ralliement. Et c’est au nom
de Boanerges que les Espagnols entament leur Reconquista.
Ces faits scripturaires, légendaires et historiques nous donnent des
pistes, mais ne suffisent pas à expliquer comment Compostelle est
devenue au Moyen-Âge le lieu d’un pèlerinage le long des routes
d’Occident, plus importante que Rome elle-même et égalant en prestige la
lointaine Jérusalem. Encore moins nous disent-ils comment notre époque
toute de vitesse et de divertissement a fait revivre ces chemins oubliés
depuis plus de cinq siècles.
Les traces des pas des pèlerins
s’effacent à peine posées. Et pourtant, de la répétition incessante de
ces pas, il découle des chemins, repères toujours vivants aujourd’hui,
après plusieurs siècles de dormance. De même, la musique des amis de
Saint-Jacques. Les sons disparaissent une fois proférés. Mais leur
reprise au rythme des pieds sur la route, puis au rythme de la liturgie à
la Basilique St-Jacques-de-Compostelle, trace des chemins sonores,
d’abord invisibles quoique sans cesse présents, puis dessinés par la
merveille de la plume sur le parchemin matérialisant les mélodies
impalpables des chantres. Et c’est bien l’un des miracles de Compostelle
d’avoir su fixer les plus beaux chants de son époque - le 12e siècle -,
et peut-être parmi les plus profonds que la chrétienté d’Occident ait
jamais produits. Des chants entièrement nouveaux, mais qui disent la
mystique de toujours; une musica perennis.
Le témoin de cette vitalité, c’est le Codex Calixtinus,
conservé dans la Basilique. Écrit au milieu du 12e siècle, il compile
des sujets aussi divers que la liturgie de saint Jacques, un livre du
pèlerin, les miracles du saint et une geste de Charlemagne. Le livre du
pèlerin est un véritable “guide du routard” médiéval, décrivant les
divers chemins de Saint-Jacques, avec les auberges et les étapes
importantes, où des milliers de pèlerins font encore halte aujourd’hui.
Le texte sur Charlemagne est une des nombreuses variantes sur la
découverte - l’inventio - des reliques de saint Jacques, dans un
mélange de légende, de foi et de politique: l’empereur aurait eu une
apparition du saint lui demandant d’exhumer son corps, situé en terre
d’Islam, à l’endroit qui deviendra St-Jacques-de-Compostelle, et de
bâtir une basilique autour de ces reliques. Charlemagne, en suivant le
chemin montré par la Voie Lactée (champ de l’étoile) reprend le nord de
l’Espagne aux musulmans pour trouver les reliques du saint, amorçant la
Reconquête.
Le premier livre du Codex, celui qui concerne
directement ce disque, présente la première liturgie composée pour la
Saint-Jacques (25 juillet), ainsi que d’autres fêtes du saint. Cette
liturgie, placée sous le faux patronage du pape espagnol Calixte, qui
lui donne son nom, est incontestablement une production française, sans
doute de la région de Nevers d’après la forme des neumes (littéralement
signes musicaux). On a beaucoup glosé sur les raisons d’un faux et d’une
importation. Certains pensent qu’il a servi à une entreprise de
romanisation de l’Espagne qui avait encore peu de temps auparavant son
rite propre, le mozarabe. Il est vrai que tous les trésors du nouvel art
du chant sont déployés dans ce codex : serait-ce aussi pour séduire les
Espagnols ? Au-delà de l’éventuel bien-fondé de cette thèse, nous
préférons souligner le lien entre l’importance d’un “centre” de
chrétienté comme Compostelle et un florilège de ce que l’Europe savait
fournir de plus beau et de plus neuf en matière de musique.
Ainsi, le Calixtinus
ajoute au chant grégorien tropes, proses, conduits et hymnes, œuvres
qui se greffent sur la liturgie en guise de commentaire, tout en
permettant aux auteurs d’y mettre une inspiration littéraire et musicale
contemporaine et personnelle. De fait, nombre de ces pièces portent le
nom de leur auteur, pratique encore fort rare à cette époque. Les textes
sont souvent des vers latins de grande qualité, telle l’hymne Felix per omnes, deuxième pièce de ce programme.
Mais
la plus grande richesse du codex est la présence, à côté de ce
répertoire de plain-chant, de plus de vingt œuvres à deux voix.
Celles-ci figurent parmi les tout premiers exemples de musique élaborée à
plusieurs parties. Cette démarche radicalement nouvelle de la
composition polyphonique fait toute la richesse de la musique
occidentale jusqu’à aujourd’hui. Au milieu de ces pièces trône le Congaudeant catholici, première chant écrit à trois voix que nous connaissions.
Des
polyphonies liturgiques simples sont attestées durant le premier
millénaire du christianisme. Elles correspondent à des pratiques où la
liberté de la nouvelle voix par rapport à la mélodie liturgique est très
restreinte. La première pièce du disque est une reconstitution de ce
type de polyphonie. Au 12e siècle apparaît peu à peu une forme nouvelle
de contrepoint où la deuxième voix s’affranchit de la mélodie. De ces
premières polyphonies “libres”, il ne nous reste que le Codex Calixtinus
et les manuscrits de St-Martial-de-Limoges. Nous pouvons élargir à
l’architecture sonore les appellations dévolues d’ordinaire aux
constructions spatiales et donner à ce genre le beau nom de polyphonie
romane.
On y rencontre deux voies. D’une part le déchant, où, sur
chaque note du chant, la seconde voix ajoute une note harmonieuse,
souvent ornée de quelques autres qui embellissent le morceau. Ce type de
chant est utilisé pour les pièces chorales de la liturgie: Kyrie,
conduits, tropes. Il requiert donc vraisemblablement, dès qu’il est
écrit et non improvisé, une réalisation avec tous les chantres. D’autre
part l’organum, genre éminemment solistique dans lequel la
seconde voix improvise librement de longues mélopées sur chaque note du
plain-chant. Cette technique est employée sur les pièces solistes de la
liturgie: répons, graduel, Alleluia. Elle est un véritable déploiement
mystique du chant, faisant prendre à celui-ci une dimension atemporelle:
ce qui dure une minute en plain-chant peut alors, par l’étirement et
une ornementation incommensurable, se développer pendant des dizaines de
minutes. On arrive là à un aboutissement de la fonction musicale qui se
place consciemment dans une musique de l’au-delà du temps. À la même
époque, dans l’Orient chrétien, l’élaboration des chants byzantins suit
un chemin similaire. Ajoutons que ces pratiques polyphoniques sont pour
la plupart improvisées. Seuls de rares et précieux témoins comme ce
codex en ont retenu quelques pièces en notation, souvent plus pour des
raisons de prestige que d’interprétation.
Notre programme
présente une partie des matines et de la messe de la Saint-Jacques. Tous
les genres évoqués précédemment s’y insèrent de manière naturelle.
Ainsi, la fonction d’un conduit – forme très présente dans le Calixtinus
– étant, comme son nom l’indique, d’accompagner une procession, nous
avons placé de tels chants avant les lectures, qui requièrent un
déplacement des lecteurs. De même quelques improvisations polyphoniques
ponctuent les pièces grégoriennes, actualisant l’esprit de réalisation
orale du 12e siècle avec des voix du 21ème siècle. Le disque se fait le
témoin de cette attitude en saisissant un geste vocal spontané. Enfin,
le premier traité de polyphonie, au 9ème siècle, évoque l’accompagnement
des chants aux instruments. Le nom même d’organum est issu de
celui de l’orgue, qui permet justement de jouer plusieurs sons
simultanément. Il est vraisemblable que les organa n’étaient pas
seulement chantés ou accompagnés, mais également joués à l’orgue, qui
ferait alors son apparition comme instrument soliste dans la musique
sacrée savante. Des polyphonies sont donc également jouées ou
improvisées ici avec un orgue portatif de facture légèrement postérieure
à cette époque, puisqu’il n’existe qu’une poignée de véritables orgues
d’église reconstruits selon les standards du 12e siècle. Celui-ci
voisine avec la flûte à bec, la vièle et la percussion.
Certains
morceaux ont suscité l’évocation et non la reconstitution, tel le
Graduel remplacé par des variations ornées à l’organetto sur
l’intonation polyphonique de la pièce. Une façon de rappeler que nous
sommes dans l’image et le souvenir, non dans le vécu d’un moment
liturgique qui n’existe plus, mais peut encore résonner dans le coeur
des auditeurs.
Alexandre Traube
Ensemble Flores harmonici
To Thierry Lattion, who left us too early.
Saint
James… This name conjures up a complex portrait emerging after centuries
from a number of paint strokes inherited from both history and legend,
providing the bearer of this name with an aura as fantastic as his
appearance, as described in Codex Calixtinus: the moment when his body, entirely covered in shells rises from the water to rescue a ship. Alexandre Traube
Ensemble Flores harmonici
Flores harmonici,
les fleurs harmoniques, c’est le nom porté au 13e siècle par les
ornements qui apportent au chant ancien sa vie et son intérêt. Les
fleurs harmoniques, ce sont aussi des chanteuses et chanteurs, parfois
accompagnés d’instruments, qui se réunissent pour faire vivre à nouveau
ce chant du Moyen-Âge, dont les secrets sont en partie perdus, mais dont
on peut retrouver des traces, à l’aide de la pratique de
l’ornementation et l’improvisation, de l’étude des notations originales,
d’une culture médiévale au sens large et surtout des traditions orales.
Le
répertoire de cet ensemble neuchâtelois s’étend des traditions de chant
européennes du premier millénaire et des polyphonies primitives aux
messes gothiques et de la Renaissance.
Un point de départ
programmatique : les polyphonies primitives de l’An mil de Winchester,
dont la reconstruction a demandé quatre années de travail. Quelques
repères : l’écrivain, compositrice et médecin sainte Hildegarde de
Bingen, la musique franco-anglaise du roi Henry V, le premier Dies Irae
de l’histoire (Brumel, 15ème siècle), les musiques médiévales
neuchâteloises sur Saint Guillaume de Neuchâtel et d’Angleterre, les
faux-bourdons inédits d’Einsiedeln. Au plan scénique, l’ensemble a monté
le drame liturgique du 12e siècle “L’enfant de Gétron” (mise en scène :
Anne-Marie Deschamps et Traube) ainsi que le spectacle de rue de
Neuchâtel, troubadour et rappeur, écrit et composé par Alexandre Traube
en collaboration avec le rappeur Dayva, qui réalise une fusion du
médiéval et du rap dans une farce jubilatoire.
Ce disque, enregistré en 2005, est un portrait déjà ancien de Flores harmonici,
marquant une phase de transition où les “fleurs”
commençaient à trouver l’énergie propre de
leur ornementation.
Alexandre Traube
Chef
de chœur et compositeur, musicien atypique, il cherche passionnément à
créer des liens entre l’Orient et l’Occident, entre un passé ancien
profondément enraciné et un acte créateur contemporain libre et vivant.
Parallèlement
à des études de mathématiques et de théologie, il a étudié à Neuchâtel
la composition (classe d’Eric Gaudibert) et à Genève la direction
chorale (classe de Michel Corboz) et la musique ancienne (classe de
Jean-Yves Haymoz, prix du Conseil d’Etat), avant d’y terminer un master avec distinction
en musique médiévale sous la direction de Francis Biggi. Il s'est
notamment spécialisé en chant grégorien, auprès de nombreux maîtres,
dont Luca Ricossa et Marcel Pérès. Il étudie les traditions orales
d’Occident et les musiques byzantine et slave, ce qui a une influence
directe sur son travail musical.
Il a fondé et dirige le chœur In illo tempore et l’ensemble Flores harmonici.
Il est maître de chapelle au Christ-Roi à Fribourg et directeur décanal
des Céciliennes de la même ville. Il enseigne en masterclass à la HEM
Genève-Neuchâtel. Comme assistant de recherche de F. Biggi à la HEM
Genève, il a contribué à un projet international: la recréation du 1er Orfeo de l’histoire.
Il consacre un temps croissant à l’écriture, qu'il
continue à étudier avec Valentin Villard. Il a
composé un oratorio, Christus Rex,
dans un univers où la recherche d’une inspiration personnelle et
contemporaine est nourrie par les musiques traditionnelles qui
l’habitent. Il travaille à présent sur Dialogue, œuvre synthétisant
musique médiévale et arabe autour de Dante et d’Ibn Arabi, ainsi que sur
une comédie musicale (texte et musique) : le Troubadour. Ses œuvres
religieuses sont éditées à la Schola Cantorum de Fleurier.
May this recording
pay tribute to the immense talent he showed in breathing life into the
music thanks to his innate sense of ornamentation..
Saint
James… The story of two brothers, both humble fishermen, James and
John, sons of Zebedee, to whom the scriptures also refer to as Sons of
Thunder, “Boanerges”, a mysterious, mythical name. The very people whose
mother dared require that they sit by the Lord on the left and right
sides, which meant, the latter replied, to drink the bitter cup; the
same who, with Peter, as the Gospels read, witnessed an event which
would change the course of their life for good, the Transfiguration on
Mt. Tabor, the demonstration of divine glory on the earth. Here is what
the Gospels say about these brothers, it is not much, but quite enough
to make them legends. These are the very events celebrated by the songs
of Compostela, vibrant with the joy of the pilgrims who endeavoured to
follow Saint James. This is also the time when the two brothers will
follow different stars, the paths of which can be found in the Acts of
the Apostles, as well as in the apocryphal gospels. Whereas Saint John
will live to a hundred years old in Patmos, delivering the Apocalypse to
us as his major legacy before departing, James will be the first among
the apostles to receive the crown of martyrs, thus deserving the title
Protomartyr. This title is often used in the Compostela songs and seems
to always convey the followers’ greatest enthusiasm. The legend of Saint
James relates that his relics were taken to Spain, where they
miraculously appeared off the coast of Galicia, close to a place called
“field of the star” – Campus stellae in Latin, which then became
Compostela. Mystery and glory - just what the fiery Spanish people
needed in their quest for identity after centuries of muslim domination.
Saint James was an ideal hero and standard bearer. So did the Spanish
start their Reconquista, following the battle cry Boanerges.
These scriptural, legendary and historical facts provide clues but fail
to clearly explain why in the Middle Ages Compostela became so
important that it filled the roads of Western Europe with pilgrims in
greater numbers than Rome itself, equalling faraway Jerusalem in this
respect. They fail even more to tell us how our epoch, devoted to speed
and entertainment, has revived those long-forgotten paths. The
footsteps of the pilgrims are transient. Still, the paths that they have
opened again and again have lived to this day, vivid signs of the
pilgrimage after centuries of dormancy. The same goes for the music of
Saint James’ friends. Sounds die out the very moment they are produced.
Yet their repetition, following the regular beat of the pilgrims’
footsteps before obeying the more formal rhythm of the liturgy at the
basilica of Santiago de Compostela, opened resounding pathways, present
but invisible, until the fluid movements of the clerics’ quills
materialized the ethereal melodies of the cantors. Indeed, one of the
miracles of Compostela is to have been able to preserve the finest songs
of its time - the 12th century -, and perhaps some of the most profound
ever produced by western Christendom: songs which were a complete
novelty but convey eternal mysticism; musica perennis.
Witness to this vitality, the Codex Calixtinus
is preserved in the basilica. Written in the middle of the 12th
century, it is a compilation of topics as different as the liturgy of
Saint James, a pilgrim’s guidebook, the miracles of the saint and a gest
of Charlemagne. The pilgrim’s book reads like a true medieval “Lonely
Planet” guide, describing the different routes to Santiago, including
inns, important stops and must-see places where thousands of pilgrims
still call today. The text about Charlemagne is one of the numerous
versions of the discovery - inventio - of the relics of Saint
James, mixing legend, faith and politics: the emperor would have seen an
apparition of the saint asking him to exhume his body from his grave
then located in a Muslim-ruled area - the very place which was to become
Santiago de Compostela -, and to build a basilica around these
relics. Therefore Charlemagne followed the way shown by the Milky Way
(field of the star) and took the north of Spain back from the Muslims in
order to find out the relics of the saint, thus announcing the
beginning of the Reconquista.
Book One of the Codex, which
provides the contents of this recording, presents the first liturgy
composed for Saint James’ Day (25th July), as well as other celebrations
relating to the saint. This liturgy, erroneously placed under the
patronage of Spanish Pope Calixtus - hence its name - is undoubtedly a
work produced in France, most likely around Nevers, as the particular
shape of the neumes (literally musical signs) suggests. The
possible origin of the forgery and/or import has been debated at length.
Some think it followed an effort to romanize Spain and replace its
original Mozarabic Rite. Indeed all the most recent novelties and
treasures of the art of singing are displayed in this codex, perhaps in
an attempt to seduce the Spanish. Whether this theory holds any water or
not, we would rather stress the obvious coherence that there is in the
presence in such a major centre of Christianity as Compostela, of a
compendium of the very best of the European music of the time.
Thus the Calixtinus
adds to Gregorian chant tropes, proses, “conduits” and hymns, which
complete the liturgy in lieu of a commentary, while allowing their
authors to add a touch of personal and contemporary inspiration to both
the music and the texts. As a matter of fact, a lot of these pieces bear
the name of their author, which was seldom done in those times. The
texts are often Latin verses of great literary value, like the hymn Felix per omnes, the second piece on this programme.
However,
the greatest richness of the codex is the presence, beside this
plainchant repertoire, of over twenty pieces for two voices. They stand
out as some of the very first examples of music including several parts.
This radically new approach in polyphonic composition accounts for all
the richness of western music to this day. Congaudeant catholici, the first known song ever written for three voices, sits here in a prominent position.
Simple
liturgical polyphonies are attested to during the first thousand years
of Christianity. Yet, performing those early pieces allowed very little
freedom from the liturgical melody. The first piece on this CD is a
reconstruction of this type of polyphony. In the 12th century a new type
of counterpoint appears, in which the second voice is liberated from
the melody. Only two collections of such “free” polyphonies have been
preserved, one is called the manuscripts of Saint-Martial-de-Limoges,
the other is the Codex Calixtinus. Let us freely borrow from
architecture a term which pays tribute to the grandeur of this music and
call this genre Romanesque polyphony.
We can identify two different trends in this genre. One is called
“déchant” and is characterized by the second voice
systematically adding a harmonical note, often ornamented, to the one
performed by the first one, thus adding to the beauty of the piece.
This type is used in choral liturgical pieces: Kyrie, conduits, tropes.
Because it was written and not improvised, it must have required a
coordinated performance from all the singers. The second type, organum,
highlighted solo performance, the second voice improvising “by ear”
long dirges on each note of the plainchant. Pieces of the liturgy for
soloists resort to this technique: response, gradual, Alleluia. It is a
real mystical unfolding which endows the song with a timeless character:
what would barely last a minute in plainchant can then be drawn out and
ornamented almost indefinitely. The music then culminates in a new
form, fulfilling a new function: to allow singers and listeners to
achieve timelessness. At the time, oriental Christians were experiencing
a similar evolution through byzantine liturgical songs. Let us not
forget that these vocal traditions involved a great deal of
improvisation. Written pieces remain rare and precious exceptions and
probably owe their existence to a quest for prestige rather than a
technical necessity for performing. Our programme presents part of the
matins (office of readings) and of Saint-James mass. You will have the
opportunity to hear examples of all the different genres previously
quoted, following each other naturally. Thus the function of a “conduit”
- very frequent in the Calixtinus - being to accompany a
procession, you will logically find such songs before the readings,
which imply a change of place of the readers. Similarly, some polyphonic
improvisations embellish Gregorian pieces merging the spirit of the
12th. century with voices from the 21st. The recording bears witness to
that philosophy, caring to capture a vocal act which is as spontaneous
as can be. Finally, the first treaty on polyphony, dating back to the
9th century, suggests that some songs were accompanied by instruments.
The term organum itself derives from the name of the organ, an
instrument which precisely allows several sounds to be played
simultaneously. Most likely, organa were not only sung or accompanied,
but actually played on the organ, which thus made its début as a solo
instrument in classical sacred music. Some polyphonies are also
performed or improvised here on a portable organ of a somewhat later
made, since only a handful of real church organs have been reconstructed
according to the standards of the 12th century. Our organetto happily
coexists with a recorder, a medieval fiddle and percussions. Some of our
pieces are to be considered as an evocation rather than a true
reconstruction, e.g the Gradual,
replaced as it has been by ornamented variations on the polyphonic
intonation of the piece, played on the organetto. This is our way of
reminding you that we are merely conjuring up images and memories, not
actually living a liturgical moment that no longer exists but can still
echo deep in the heart of the listener.
Translation: Jean-Pierre Gyger
Flores harmonici, Latin
for “Harmonic Flowers”, refer to the ornaments that brought life and
interest into ancient chant during the 13th century. These harmonic
flowers also designate the singers, sometimes accompanied by
instruments, who, today, join their forces to bring these songs from the
Middle Ages back to life. Even if some of the secrets of this tradition
have been lost, they can be reconstructed from various clues, like a
close study of original scores, the practice of ornamentation and
improvisation, and a solid knowledge of medieval culture and of oral
traditions.
The repertoire of this ensemble based in Neuchâtel
ranges from traditional European chant of the first millennium to
primitive polyphony and masses of the Gothic and Renaissance periods. Flores Harmonici
have notably been the first ensemble to perform the primitive
polyphonies from Winchester (composed around AD 1000), the
reconstruction of which took four years. They have also staged the
12th-century liturgical drama “l’Enfant de Gétron” (Gétron’s Child).
Here is a selection of some of the venues where they have performed:
Festival international de musique ancienne in Megève, Abbaye de Bonmont,
International Festival Musica antica a Magnano, Abbatiale de
Payerne (for the celebration of the 1100th anniversary of Cluny, La
Schubertiade (2007, 2009, 2013), Celebration of the millennium of
Neuchâtel. Their repertoire includes: writer, composer and doctor
Hildegard von Bingen, the Franco-English music of King Henry V, the
first “Dies Irae” ever composed (15th century), medieval music composed
about St Guillaume of Neuchâtel and England, unpublished falsobordone
from Einsiedeln, and the amazing street show “of Neuchâtel”, written and
composed in a collaboration between Alexandre Traube and rap singer
Dayva, merging medieval music and rap into a jubilant and uncanny farce.
The
ensemble consists of eight professional singers accompanied by an
organetto, and, ocasionally, by other medieval instruments.
This
CD, recorded in 2005, may seem to be a somewhat old portrait of Flores
Harmonici, yet it illustrates an important turning point in the
evolution of the group: a time when the “flowers” had
grown fully mature and ready for their own ornamentation.
Alexandre Traube
Choir
conductor and composer, atypical musician, Alexandre Traube revels in
the art of forging bonds. Bonds between East and West, and also between a
deeply rooted ancient past and contemporary creation packed with life
and freedom.
Concurrently with studies in mathematics and
theology, he studied musical composition in Neuchâtel (class of Eric
Gaudibert), and, in Geneva, choral direction (class of Michel Corboz)
and ancient music (class of Jean-Yves Haymoz), where he was awarded the Prix du Conseil d’Etat; he then obtained a MA with distinction
in medieval music, supervised by Francis Biggi. An expert in Gregorian
chant, he has studied with several masters, like Luca Ricossa and Marcel
Pérès. He has studied the oral traditions of Western Europe as well as
Byzantine and Slav music.
He is the founder and conductor of Choir In Illo Tempore and Ensemble Flores Harmonici. He is also Kapellmeister at Église du Christ-Roi,
Fribourg, and decanal director of the Céciliennes of that same city. He
teaches master class at HEM Geneva-Neuchâtel. As a fellow-researcher at
HEM he was involved in an international project: the re-creation of the
first Orfeo in history.
He devotes more and more time to writing and composing. In his latest work, oratorio Christus Rex,
both his own personal, contemporary inspiration and ancient tradition
merge into a new musical universe. He is currently working on the
musical the Troubadour. His religious works are published by Schola Cantorum, Fleurier.