Honi soit qui mal y pense ! / Diabolus in Musica
Polyphonies des chapelles royales anglaises (1328-1410)





medieval.org
Alpha 022
2002






1. Servant regem ~ Ludowice ~ Rex Regum  [3:00]
motet à 3 | ténors RB OG, barytone-basse

2. Salve regina  [4:37]
conductus à 3 | ténor RB, barytone, basse

3. Letetur celi  [3:36]
conductus à 3 | ténor AG, barytone, basse

4. Doleo super te ~ Absolon ~ TENOR  [1:47]
motet à 3 | ténors OG RB, basse

5. Quare fremuerunt  [3:02]
conductus à 3 | ténor RB, barytone, basse

6. Judea et Jerusalem  [4:24]
conductus à 3 | ténor OG, barytone, basse - tutti

7. Virgo pudicicie  [1:15]
conductus à 3 | ténors RB AG - ténor OG, baryton - barytone-basse, basse

8. Angelus ad virginem  [3:05]
conductus à 2 | ténor OG, barytone-basse - tutti

9. O laudanda virginitas  [5:09]
conductus à 3 | baryton, barytone-basse, basse

10. Campanis ~ Honoremus ~ Pes ~ Pes  [1:02]
motet à 4 | ténors RO, barytone, barytone-basse

11. Balaam ~ Balaam ~ Balaam  [3:20]
conductus à 3 | ténors RB OG, barytone

12. Virgo Maria ~ O stella ~ Flos genuit ~ Virgo  [3:01]
motet à 4 | ténors OG AG, barytone-basse, basse

13. Sanctorum gloria  [3:29]
conductus à 3 | ténors OG RB, barytone-basse

14. Virgo salvavit  [3:16]
conductus à 3 | ténor RB, barytone, barytone-basse

15. Candens crescit ~ Candens ~ Tenor ~ Tenor  [2:42]
motet à 4 | ténors AG OG, barytone-basse, basse

16. Christi messis nunc  [4:41]
conductus à 3 | ténor RB, barytone, basse

17. Gloria  [3:01]  PYCARD
motet à 5 | ténors RB OG AG, barytone-basse, basse

18. Agnus dei  [3:48]
conductus à 2 | ténor RB, barytone-basse -  barytone, basse

19. Ite missa est  [1:27]
conductus à 4 | ténor RB, baryton, barytone-basse, basse








DIABOLUS IN MUSICA
Antoine Guerber

Raphaël Boulay, ténor RB - #1-2  4-8  10-11  13-14  16-19
Olivier Germond, ténor OG - #1  4  6-8  10-13  15  17
Antoine Guerber, ténor AG - #3  6-8  12  15  17
Jean-Paul Rigaud, barytone - #2  5-11  14  16  18-19
Emmanuel Vistorky, barytone-basse - #1  3  6-10  12-15  17-19
Philippe Roche, basse - #2  4-9  12  15-19







Ensemble missionné par le Conseil Régional Centre & & la Fondation France Telecom

Enregistrement effectué a la Collégiale de Bueil-en-Touraine en novembre 2001

Prise de son, montage, direction artistique : Jean-Marc LAISNÉ
Micros : Neumann TLM 50 S, Enregistreur : NAGRA digital 24 bits,
Montage : station Pyramix

Photographies réalisées durant l'enregistrement par Robin Davies.

illustration : La Crucifixion, Anonyme, deuxième quart du XIVe siècle
Psautier de Gorleston [Lord Braybrooke Psalter] British Library


Production & © Alpha 2002



English liner notes







HONI SOIT QUI MAL Y PENSE !
Polyphonies des chapelles royales anglaises

(1328-1410)


Notre programme commence par un mariage. Un mariage très solennel, célébré en grandes pompes le 15 juin 1328 entre Philippa, fille du Comte de Hainaut et de Hollande, et le très jeune Edouard III, 15 ans, roi d'Angleterre depuis quelques mois. Parmi les nombreux présents que s'offrent mutuellement les époux figure le magnifique manuscrit BN fr.571 qui comporte le motet Servant regem / Ludowice / Rex regum en l'honneur de Saint Louis, l'illustre ancêtre commun à Edouard, Philippa et Philippe VI, roi de France depuis quelques semaines. Ce motet sera chanté à la cérémonie de mariage devant les rois, princes, barons de France et d'Angleterre, accompagnés de leurs cours respectives, parmi lesquelles on peut relever quelques noms illustres : Philippe de Vitry, Gervais du Bus (auteur du Roman de Fauvel) tous deux notaires de Philippe VI ; Guillaume de Machaut, secrétaire du roi de Bohême Jean de Luxembourg également présent... Cette alliance, qui fut si difficile à conclure au cours de la période conflictuelle qui vit la mort sans héritier mâle de Charles IV, le dernier fils de Philippe le Bel, est destinée à rapprocher les royaumes de France et d'Angleterre. L'année suivante, Edouard III viendra à Amiens rendre hommage à son cousin Philippe pour ses possessions continentales, renonçant ainsi, mais seulement provisoirement, à la prétention au trône de France.

La période historique concernant notre programme s'ouvre donc par le règne exceptionnellement long de ce grand souverain, le plus prestigieux du Moyen Âge anglais. Parfait chevalier, grand stratège valeureux au combat, respectant les valeurs et les codes traditionnels courtois, Edouard est un Plantagenêt, un souverain européen qui s'exprime aussi bien en français qu'en anglais, allemand ou latin. Son règne verra l'Angleterre s'enrichir considérablement tant que les succès militaires ou ceux de son fils, le fameux Prince Noir, le permettront. Mais Edouard s'obstinera à poursuivre la chimère de la revendication du trône de France et cette erreur lui fera perdre en fin de règne tous les bénéfices acquis, à cause d'une guerre ruineuse et incessante. Depuis plus de deux siècles déjà, les relations franco-anglaises ne sont qu'une longue suite de querelles, de guerres suivies de paix plus ou moins durables conclues par des traités, scellées par des mariages et des alliances toujours provisoires. Les échanges entre les deux cours sont extrêmement suivis, intenses, même au plus fort de la guerre de Cent Ans. La culture des deux cours est commune, ainsi que la langue, le français, même si l'anglais au cours du XIVe siècle accomplit de grands progrès et acquiert ses premières lettres de noblesse avec Chaucer. Le sentiment national éclôt plus tôt qu'en France et les élites commencent à rejeter le français. Les contacts sont donc permanents entre rois, entre clercs, chapelains, ménestrels... Le sud de l'Angleterre et le nord de la France ont alors beaucoup en commun. L'influence continentale est en fait très forte outre-Manche depuis la conquête Normande à la fin du XIe siècle. L'aristocratie et la hiérarchie anglaises sont devenues anglo-normandes, la vie de la cour et les habitudes liturgiques mêmes en ont subi les conséquences.

Aussi n'est-il pas étonnant de voir Edouard III “importer” l'usage en vigueur sur le continent de fonder une chapelle privée. L'habitude est désormais bien établie depuis la fondation de la Sainte Chapelle par Saint Louis. Le roi est oint, il tient son pouvoir de Dieu. Son prestige nécessite de construire un édifice privé mais somptueux, digne d'accueillir au palais une liturgie ininterrompue, comme dans les monastères depuis le haut Moyen Âge. Dès qu'il a effectivement le pouvoir en 1330, Edouard entreprend la construction de la chapelle Saint Stephen à Westminster. Ce grand roi féru d'architecture, riche et très pieux, ne s'arrêtera pas là ; il souhaite imiter le plus grand des rois : Arthur. La grande œuvre de sa vie sera donc la reconstruction d'un fantastique château, Windsor, et de sa chapelle privée Saint George. De même fondera-t-il en 1348, à l'imitation d'Arthur, dans le but de rassembler et d'unifier sous sa bannière la noblesse anglaise, un ordre de chevalerie qu'il veut semblable à celui des Chevaliers de la Table Ronde : l'Ordre de la Jarretière, dont la devise “Honi soit qui mal y pense !” est restée célèbre. Cet événement, le jour de la Saint George, sera l'occasion d'une fête fabuleuse à laquelle toutes les cours d'Europe seront invitées. Il s'agit bien là d'une caractéristique des XIVe et XVe siècles : la richesse, les honneurs sont ostentatoires, les arts doivent les souligner. Les grands princes consomment et consument tout dans la fête, à la fois ostentation et destruction. Ils dilapident et montrent ainsi qu'ils sont au-dessus de la condition humaine. Au sein des ordres de chevalerie, sphères sacrée et profane sont intimement mêlées : la chapelle royale de Windsor est autant fondée pour la liturgie privée du roi que pour les cérémonies solennelles des réunions de l'Ordre de la Jarretière. Avec la traditionnelle chapelle royale privée (royal household chapel), itinérante et suivant le roi dans tous ses déplacements, même sur le champ de bataille, Edouard dispose ainsi de trois chapelles royales pouvant célébrer les liturgies avec la plus grande magnificence, chacune étant pourvue de chapelains, clercs, chantres ! La messe et les Heures y sont chantées quotidiennement et il nous reste de nombreuses sources manuscrites de musiques pratiquées par les différentes chapelles d'Edouard III. Les effectifs y sont encore peu nombreux, règle qui restera valable durant tout le XIVe siècle. Vers 1320, l'oncle d'Edouard, Thomas de Brotherton, possède une chapelle privée célébrant une messe quotidienne, animée par trois ou quatre chantres seulement, mais pratiquant certainement la polyphonie. Lord Segrave, noble de moindre importance, n'a, lui, que deux chapelains à son service. Les différentes chapelles royales ne doivent probablement pas compter plus de dix chapelains. Celle du pape en Avignon, se compose de douze chantres seulement. En 1393, la royal household chapel de Richard II compte onze chapelains, mais en 1413, celle du tout jeune Henri V en compte déjà 27. Comme sur le continent, le clergé constitue une classe à part dans la société, puissante mais hétérogène, en effervescence durant le règne d'Edouard III, connaissant un développement important malgré la grande saignée de la Peste Noire au milieu du siècle, et une vie intellectuelle intense. Nombreuses seront les nouvelles fondations d'établissements cléricaux encouragés par le roi : écoles, universités, collèges. Toutes ces institutions possèdent évidemment des chantres, comme les cathédrales et les monastères, et l'Angleterre est renommée au XIVe siècle pour le nombre et la qualité de ses chanteurs, dont le théoricien anglais, la fois célèbre et inconnu, “Anonyme IV”, fait déjà l'éloge du temps de l’école de Notre-Dame. Le cumul de prébendes et la non-résidence sont la règle générale au sein du clergé, ce qui est encore plus vrai pour la véritable caste des chantres spécialisés en polyphonie, sorte d'élite artistique : si les chapitres des grandes cathédrales anglaises, richissimes, sont quelquefois pléthoriques, seuls quelques chantres très spécialisés pratiquent l'art polyphonique.

Les membres des chapelles royales anglaises ont donc de fréquentes occasions de rencontrer leurs homologues des grandes cours et cathédrales continentales avec qui ils forment l'élite des chantres spécialisés en polyphonie. De très intéressants échanges ont dû avoir lieu en Avignon notamment, lieu fondamental de vie artistique et de création musicale, où les chantres ont souvent accompagné les nombreux déplacements du roi, de son fils ou de leurs ambassadeurs. Les papes ont fréquemment, bon gré ou mal gré, joué les intermédiaires et les conciliateurs lors de la guerre de Cent Ans. Souvent issus du clan français, et donc juges et parties a la fois, les différents pontifes successifs ont suscité beaucoup d'hostilité au sein de la cour anglaise. Le clergé anglais fut d'ailleurs longtemps tiraillé entre ses devoirs de fidélité au pape et ceux d'allégeance à son souverain, qu'il soutint largement dans ses initiatives militaires, alors que ces deux puissants personnages étaient continuellement en conflit au sujet du contrôle de l’Église anglaise et surtout de ses biens. C'est en Avignon au XIVe siècle que la pratique de la polyphonie gagne officiellement beaucoup de terrain. La polyphonie est désormais utilisée pour l'ordinaire de la messe durant presque toute l'année, en plus des usages liturgiques déjà établis. Les habitudes de la chapelle papale sont évidemment reprises partout en Europe, et la polyphonie devient même le fondement de la renommée d'une cathédrale ou d'une chapelle privée, démontrant ainsi la grande piété d'un prince. Ceci est particulièrement vrai outre-Manche où l'art polyphonique semble déjà étonnamment répandu, révélant des traditions plus anciennes qu'en France.

L'histoire de la musique anglaise est une suite de périodes d'ouverture et d'échanges avec le continent, ou de conservatisme ne stérilisant cependant aucunement la création musicale. L'immense succès des œuvres de Léonin et de Pérotin a Paris aux XIIe et XIIIe siècles gagnera bien sûr la grande île et l’École de Notre-Dame y sera très largement pratiquée, par exemple à. Londres (St Paul's) et dans les grands monastères au début du XIIIe siècle. Dès la seconde moitié de ce même siècle, des compositeurs anglais reprendront certains procédés pérotiniens et développeront leur propre style insulaire : échanges des voix, imitations canoniques notamment, sans aborder les grandes nouveautés rythmiques de l'Ars Nova française. L'influence continentale est forte, mais la spécificité anglaise demeure, dans une sorte de paradoxe : si la musique anglaise est conservatrice, elle crée pourtant avec imagination et renouvelle avec brio les anciens schémas. Ainsi le nouveau et savant motet* isorythmique*, qui a tant les faveurs des musiciens français et monopolise tant leur énergie créatrice, est quasiment absent des préoccupations des compositeurs anglais. Ceux-ci préfèrent se concentrer sur les conduits*, tombés en désuétude en France depuis longtemps déjà.. Mais ces conduits vont connaître outre-Manche une véritable seconde jeunesse, la tradition étant brillamment bousculée par de nouveaux styles : la technique du rundellus (petite chanson cléricale à danser et à refrain) est désormais beaucoup utilisée polyphoniquement, le plain-chant devient un “matériau” harmonisable avec une audace inconnue en France, notamment grâce au parallélisme des voix utilisant des intervalles qu'il est impensable de trouver de manière aussi systématique en France : la tierce et la sixte. Beaucoup de pièces sont entièrement basées sur ce procédé des voix parallèles, spécificité anglaise mettant en valeur une clarté structurelle, une richesse homophonique et un lyrisme musical extraordinaires, à tel point qu'on peut parler d'un véritable “son anglais XIVe”, si caractéristique. A côté de ces conduits, les musiciens anglais ont également écrit beaucoup de motets développant ces mêmes styles insulaires, ou certaines formes marginales démontrant plus de variété que sur le continent.

L'importance de la pratique polyphonique dans l'Angleterre du XIVe siècle est attestée par la multitude des sources qui sont parvenues jusqu'à nous. Malheureusement, aucun grand manuscrit complet n'a survécu. Les magnifiques et imposants livres liturgiques entiers qui nous ont transmis les musiques chantées en Avignon, en Aragon, en Italie ou à la cour de Gaston Fébus n'ont pas d'équivalent en Angleterre où, une fois ces polyphonies devenues obsolètes, les clercs ont démantelé les manuscrits les comportant, et réemployé leurs feuillets pour d'autres usages (reliures, versos réutilisés, etc.), cela parfois dès le XVe siècle. Les rouleaux, petits cahiers, quelquefois simples bifolios qui constituent les sources de notre programme ne représentent donc qu'une infime partie, conservée par hasard, de l'immense répertoire qui devait être chanté au XIVe siècle. Ces feuillets n'en ont pas moins préservé tout un corpus d'une brillante musique typiquement anglaise.

Le premier grand manuscrit de l'histoire de la musique polyphonique anglaise détermine le point final de notre programme : le manuscrit Old Hall fut écrit vers 1410 pour la “royal household chapel” d'Henri IV, puis d'Henri V qui lui succéda en 1413 et sous le règne duquel la renommée des chapelles royales connut son apogée. Henri V, aussi jeune et fougueux roi qu'Edouard III au début de son règne, était également grand amateur d'art polyphonique. Les effectifs augmentèrent alors sensiblement, et la célébrité de la household chapel fut d'autant plus grande sur le continent que celle-ci passa plus de quatre années complètes et sans interruption sur le sol français, suivant Henri V dans toutes ses aventures guerrières ou diplomatiques. Les musiques du manuscrit Old Hall ont dû frapper les esprits des compositeurs français. Le courant artistique qui depuis l'époque de l’École de Notre-Dame voyait la musique française influencer la polyphonie anglaise commence à s'inverser. Guillaume Dufay et Gilles Binchois montreront bientôt tout ce qu'ils doivent aux styles venus d'outre-Manche. Sur tout le continent, les musiciens parleront alors de la fameuse “contenance angloise”, qui rompt avec les complexités de l'Ars Subtilior pour revenir à une musique plus simple, suave, limpide. Le Old Hall contient essentiellement des pièces polyphoniques destinées à l'ordinaire de la messe. La messe polyphonique, en Avignon ou ailleurs, devient très habituelle. En Angleterre, les chapelles dédiées à la Vierge pouvaient accueillir des messes votives polyphoniques quotidiennes dans certaines cathédrales, ainsi que dans la household chapel, alternant chants de l'ordinaire et chant grégorien suivant le rite séculier le plus important outre-Manche : le rite de Sarum (Salisbury), préexistant même à l'invasion Normande de la fin du XIe siècle. Le nouveau genre des antiennes votives se développe également très rapidement, alors que le conduit tombe définitivement en désuétude. Le manuscrit Old Hall constitue en fait une sorte de brillant “melting pot” utilisant tous les styles de composition en vogue en Europe en ce début de XV e siècle : déchant anglais, isorythmie, canon, double canon, style chanson, etc., et faisant coexister, comme durant tout le XIVe siècle, des répertoires strictement insulaires, ou ayant traversé la Manche.

Pour cet enregistrement, nous avons évidemment souhaité respecter les critères d'interprétation en usage à l'époque dans les chapelles royales anglaises, c'est-à-dire uniquement des voix masculines solistes. Les voix d'enfants ou de femmes n'étaient pas admises parmi les chapelains du roi. Comme à la chapelle papale, l'orgue n'est adopté qu'au début du XVe siècle, au moment où les chœurs s'étoffent et où l'on doit commencer à chanter à deux ou trois par voix. Par contre, les instruments à vent n'ont absolument jamais été employés au Moyen Âge dans ces chapelles privées. Enfin, nous suivons les règles de prononciation du latin restituées par E.Sanders (Polyphonic Music of the Fourteenth Century).

Antoine Guerber
Tous droits de reproduction réservés

* Les conduits sont à l'origine des chants destinés à accompagner un déplacement lors de la liturgie. Ce sont de nouvelles compositions poétiques et musicales, situées hors de la tradition grégorienne. Lorsqu'ils sont polyphoniques, les différentes voix y prononcent le même texte en même temps. Le motet est une pièce polyphonique basée sur une cellule de chant grégorien appelée teneur, au-dessus de laquelle la ou les voix supérieures, comportant souvent des textes différents, se déploient de façon indépendante. L'isorythmie est un savant procédé de structuration rythmique et mélodique de la voix de teneur en premier lieu, puis des voix supérieures éventuellement, dans lequel excelleront les compositeurs de l'Ars Nova française au XIVe siècle.

Bibliographie :

M.BENT: The transmission of English music (1300-1500): some aspects of repertory and presentation.
A.BESSER SCOTT: The performance of the Old Hall discant settings.
L.DITTMER: The Worcester fragments.
G.DUBY: Le Moyen age, fondements d'un nouvel humanisme (1280-1440)
F.HARR1SON: Music in medieval Britain.
F.HARRISON: English church music in the 14th century.
F.HARRISON: Polyphonic music for a chapel of Edward III.
F.HARRISON: Ars Nova in England : a new source.
F.HARRISON et E.SANDERS: Polyphonic music of the fourteenth century.
F.HARRISON et R.WIBBERLEY: Manuscripts of 14th century English polyphony.
A.HUGUES: The topography of english medieval polyphony.
A.HUGUES et M.BENT: The Old Hall manuscript.
S.KENNEY: English discant and discant in England.
W.ORMROD: The reign of Edward III, crown and political society in England (1327-1377)
Y.ROKSETH: Polyphonies du XIIIe siècle (Commentaires).
E.SANDERS: Cantilena and discant in 14th century England.
D.STEVENS: Polyphonic tropers in 14th century England.
M.TODIERE: L'Angleterre sous les trois Edouard, premiers du nom.
E.WALKER: History of music in England.
A.WATHEY: Motets and sequences from the early 14th century.






Servant regem / Ludowice / Rex regum : motet à trois voix dans le style français, chanté au mariage d'Edouard III et de Philippa de Hainaut. Le texte du triplum donne des conseils au tout jeune Edouard III, tandis que celui du duplum loue les mérites de l'ancêtre commun au roi et a son épouse : Saint Louis.

Salve Regina : conduit à trois voix. La superbe homophonie est parsemée de petites ornementations effectuées par chacune des deux voix supérieures. Il s'agit du plus ancien Salve Regina polyphonique de notre histoire musicale.

Letetur celi : conduit à trois voix à strophes doubles sur une poésie appelant les fidèles a se réjouir du réconfort apporté par la Vierge Marie. L'homophonie des voix en tierces et sixtes parallèles est typique du style anglais au XIVe siècle.

Doleo super te / Absolon / Tenor : motet à trois voix, poignante désolation de David sur la mort de son frère Jonathan.

Quare fremuerunt : conduit à trois voix reprenant le texte d'un psaume en le  «tropant», c'est-à-dire en l'amplifiant. La teneur est chantée à la voix médiane, tandis que la voix grave et la voix supérieure restent en strict parallélisme. Elles comportent beaucoup de jeux rythmiques sur les textes durant toute la pièce, selon un procédé typiquement anglais utilisé ici dans un manuscrit de provenance cistercienne.

Judea et Jerusalem : conduit à trois voix sur le texte de l'un des répons des premières vêpres du jour de Noël. Le plain-chant est monodique pour l'antienne, et «harmonisé» à trois voix pour les versets.

Virgo pudicicie : conduit à trois voix, très court, sur la pureté et la chasteté de la Vierge Marie. Sa lumineuse simplicité, ainsi que les tessitures restreintes des voix, autorisent une interprétation à deux chanteurs par voix.

Angelus ad Virginem : conduit strophique à deux voix sur le thème de l'Annonciation. Cette pièce extrêmement populaire en Angleterre existe également en anglais ancien (Gabriel from evene king). Elle est chantée par Nicolas dans le Miller's tale de Chaucer.

O laudanda virginitas : conduit à trois voix dédié à Ste Catherine d'Alexandrie dont le martyre a tant frappé les esprits médiévaux. Les mélodies sont parsemées de hoquets, jeux rythmiques prisés des musiciens français mais assez rares chez les compositeurs d'outre-Manche.

Campanis / Honoremus / Pes / Pes : motet a quatre voix dont deux teneurs non liturgiques imitant de façon démonstrative le son des cloches.

Balaam / Balaam / Balaam : motet à trois voix pour la fête de l'Épiphanie. Ce motet imite le style des conduits puisqu'il ne comporte qu'un seul texte et alterne longues vocalises utilisant les hoquets et déclamations du texte.

Virgo Maria / O stella / Flos genuit / Virgo : motet à quatre voix portant quatre textes différents ! Les deux voix graves et les deux voix aiguës échangent respectivement leurs mélodies pour la reprise, comme dans certains rondeaux.

Sanctorum Gloria : conduit à trois voix de facture traditionnelle avec échanges des voix lors des longues vocalises de début ou de fin de phrases.

Virgo salvavit : conduit à trois voix dont les mélodies très ornées maintiennent cependant une rigoureuse et impressionnante homophonie, très en vogue en Angleterre au XIVe siècle.

Candens crescit / Candens / Tenor / Tenor : motet à quatre voix comportant deux teneurs et deux textes brodant sur le thème de la blancheur, de la pureté de la Vierge Marie.

Christi messis nunc : conduit a trois voix à strophes doubles démarrant de façon très atypique pour tout le Moyen Âge sur un accord dissonant et jouant sur d'impressionnants effets sonores.

Gloria : motet à cinq voix tiré du manuscrit Old Hall. On ne connaît rien de la vie de l'auteur, Pycard, probablement un chanoine d'une des chapelles royales, mais ce musicien raffiné a laissé de nombreuses œuvres très originales et novatrices.

Agnus Dei : conduit à deux voix du début du XIVe siècle dans lequel l'influence de l'École de Notre-Dame se fait encore sentir.

Ite missa est : conduit a quatre voix en style très anglais, avec son strict parallélisme et son homophonie qui se transforme en un jubilatoire congé de fin de messe.







HONI SOIT QUI MAL Y PENSE!
(EVIL BE TO HE WHO EVIL THINKS!)

Polyphony of the English Chapels Royal (1328-1410)


Our program begins with a wedding. A very solemn wedding, celebrated with great pomp on 15 June, 1328, between Philippa, daughter of the Count of Hainaut and of Holland, and the very young Edward III, aged 15, who had been crowned King of England several months before. One of the numerous gifts the couple offered each other was the magnificent manuscript BN fr.571, which included the motet “Servet regem/Ludowice/Rex regum”. The piece had been written in honor of Louis IX (Saint Louis), the illustrious common ancestor of Edward, Philippa and Philippe VI (who had been King of France for a mere few weeks), and was sung during the marriage ceremony before kings, princes and French and English barons, all accompanied by their respective courts. Their retinues also included such illustrious names as Philippe de Vitry and Gervais du Bus (the author of the Roman de Fauvel), both law officers of the crown; Guillaume de Machaut, secretary to King John of Bohemia, was also present. Edward and Philippa's marriage was destined to bring together the kingdoms of England and France. The negotiations that led to their union had taken place during the difficult period after Charles IV (third son of Philippe le Bel) died without a male heir. The following year, Edward III came to Amiens to pay hommage to his cousin Philippe. In so doing he renounced, if only temporarily, his claim to the French throne.

The historical period covered by our program opens with the exceptionally long reign of this great sovereign, the most prestigious of the English Middle Ages. Edward was a Plantagenêt, a perfect knight, an excellent strategist who was courageous in combat and respected the values and codes of chivalry, and a European ruler who expressed himself equally well in French, English, German and Latin. England grew considerably richer during his reign, thanks to his own military victories and those of his son, the famous Black Prince. However, Edward insisted upon pursuing his dream of one day wearing the French crown, and the incessant, ruinous war he waged against France meant that by the end of his reign all he had previously acquired was lost. Relations between France and England had been a series of squabbles and outbreaks of war for two hundred years.Treaties, marriages and other alliances resulted in peaceful periods of varying length, but were always provisional. Exchanges between the two courts were extremely regular, however, even at the height of the Hundred Years' War. The French and English courts shared a common culture and a common language, French. The English language gained significant ground in the fourteenth century, though; Chaucer's works are a noteworthy example. National sentiment was felt sooner in England than in France, and the English elite gradually began to reject French. There was ongoing contact between the kings, clerics, chaplains and cantors (precentors) of the two countries; southern England and Northern France had much in common. Continental influence had in fact been very strong in England since the time of Norman conquest at the end of the eleventh century: English aristocracy and hierarchy were Anglo-Norman, and the court and church naturally followed suit.

Given this context, it is not surprising that Edward III decided to found a private chapel, a gesture that had been common practice on the continent since the foundation of the Sainte Chapelle by Saint Louis. Kings were anointed and derived their power from God; their prestige demanded that they build sumptuous private chapels where an uninterrupted liturgy could be celebrated, as had been done in monasteries since the high Middle Ages. As soon as Edward came to full power in 1330, he began the construction of St. Stephen's Chapel at Westminster. He was passionately interested in architecture, rich and very pious, and did not stop there: he wanted to imitate the glorious King Arthur. The greatest undertaking of Edward's life was the edification of Windsor Castle and Saint George's Chapel. In 1348 he also founded the chivalric Order of the Garter - an imitation of Arthur's Knights of the Round Table - in order to assemble and unify English nobility under his banner. The Order's motto, “Honi soit qui mal y pense” (Evil be to he who evil thinks), has been famous ever since. Fabulous festivities attended by royalty from all over Europe were held on Saint George's Day to celebrate the founding of the Order. The event unfolded in a typical way for the period: wealth and honours were flamboyantly displayed, and were underscored by the arts. Everything was consumed and destroyed during the celebrations; by indulging in ostentatious display the great princes showed that they were above the human condition. The sacred and the profane were intimately associated in the chivalric orders, and the Chapel Royal at Windsor was founded as much for the King's private services as for the ceremonies of the Order of the Garter.

Edward had at his disposal three Chapels Royal. One of these, the Royal Household Chapel, accompanied him wherever he went, even onto the battlefield. Each Chapel could provide magnificent liturgical ceremonies and had its own chaplains, clerics and cantors (precentors). Mass and the Offices were sung daily, and many manuscripts of music heard in Edward's Chapels have survived. Chapel performers were not numerous in the fourteenth century. Edward's uncle, Thomas de Brotherton, possessed a private chapel where mass was celebrated on a daily basis in 1320. The three or four singers he employed certainly practiced polyphony. Two chaplains were in the service of Lord Segrave, a less important nobleman. Edward III's various private chapels probably included no more than ten chaplains; in Avignon, the Pope had only twelve. In 1393 there were eleven chaplains in Richard III's Royal Household Chapel, and in 1413 the young Henry V had 27. Like on the continent, the clergy in England was a distinct and powerful element of society. It was characterized by intense activity, growth and a flourishing intellectual life during Edward III's reign, despite the toll taken on it by the Black Death in mid-century. Many new clerical establishments such as schools, universities and colleges were founded; these were encouraged by the King. England was renowned in the fourteenth century for the number and quality of its cantors, who participated in all these institutions. The well-known Engish theorist known as Anonymous IV was already praising English cantors at the time of the Notre Dame school. These musicians, highly specialized in polyphony, were members of an artistic elite and belonged to a special caste. Like the rest of the clergy, they lived outside the institutions they served and received prebends from several sources. Although the great and wealthy English cathedrals sometimes had enormous chapters, only a few singers were expert in polyphony.

The English Chapels Royal had frequent occasion to meet their continental counterparts, members of the great courts and cathedrals of Europe; the two groups formed an elite of specialists in polyphony. Interesting exchanges between the groups must have taken place, particularly in Avignon, which had a vigorous artistic and musical climate. Singers often accompanied kings and princes and their ambassadors on their visits to Avignon. During the Hundred Years' War the Avignon Popes frequently served as mediators and go-betweens. Their position was a delicate one, as they were often French and thus found themselves simultaneously representing both sides of legal questions; the situation caused much hostility in the English court. The English clergy was torn between duty to the Pope and loyalty to the crown, and the two institutions were in constant conflict over the control of the English church and its possessions. Polyphony made important official strides in Avignon in the fourteenth century; soon it was sung in the Ordinary of the Mass on most days, as well as during the liturgical ceremonies of which it had already been a part. Papal customs inevitably spread throughout Europe, and the renown of various cathedrals and private chapels was soon based on the place they accorded polyphony, which was thought to represent exceptional piety. This was particularly true in England, where polyphony was already surprisingly widespread.

The history of English music can be defined as a series of exchanges with the continent. Some periods were open-minded and others were conservative; musical creativity did not suffer during conservative times, however. The highly successful works of Leoninus and Perotinus (written in Paris in the twelfth and thirteenth centuries) soon became popular in England, as did works of the Notre Dame school, which were sung in the early thirteenth century at Saint Paul's in London and in the great monasteries. In the second half of the century, English composers used some of Perotinus' procedures to develop their own style. This included voice interchange and canonic imitation, but did not go as far as the French Ars Nova in terms of rhythmic innovation. Though continental influence was strong, a particular - and paradoxical - English quality came into being: English music was conservative, but was written with great imagination and adapted old forms to its purposes. The new isorhythmic motet*, which was highly favored by the French and occupied a great deal of their creative energy, was largely unknown to English composers. They prefered to concentrate on the conductus*, which had fallen out of use in France many years before. Conductus was rejuvenated in England through confrontations with new styles such as the rundellus (rondeau), a short clerical song with a refrain. The rundellus technique was used polyphonically, thereby audaciously transforming plainchant into a material which could be harmonized in ways that were unknown in France. Parallel thirds and sixths were used more systematically by the English than by the French. Many pieces consisted entirely of parallel vocal lines, an English specialty which brought out structural clarity and homophonic richness and was extraordinarily lyrical. The combination of these elements allow one to speak of a characteristic “fourteenth century English sound”. Along with conducti, English composers also developed their insular style in numerous motets; certain more marginal forms were also used.The result was a greater variety of composition than was present on the continent.

The importance of polyphony in England is attested by the large number of source materials which have come down to us. Unfortunately, though, no large manuscripts have survived. The magnificent liturgical books that contain the music sung in Avignon, Aragon, Italy and in Gaston Phoebus' court have no English equivalent. Once the music they contained became obsolete, English manuscripts were dismantled by clerics who used the leaves and bindings for other purposes. This sometimes occured as early as the fifteenth century. The rolls, small books and simple bifolios on which this recording is based, are only a small sample (which survived only by chance) of the immense repertory which must have been sung in the fourteenth century. They represent a brilliant body of typically English music.

The final selections in our program come from the most important manuscript of English polyphony. The Old Hall Manuscript, begun around 1410, was written for the Royal Household Chapels of Henry IV and Henry V, who succeeded him in 1413. The Chapels Royal reached their culminating point during Henry V's reign. King Henry V was as high-spirited as Edward III had been at the beginning of his sovereignty; he also greatly appreciated the art of polyphony. His Household Chapel grew considerably and enjoyed great renown. The Chapel spent four consecutive years in France with the King, accompanying him on his adventures of war and diplomacy. The music of the Old Hall Manuscript must have fired the imaginations of French composers: the trend of French influence on English composers (which had existed since the time of the Notre Dame school) began to change, and the works of French musicians like Guillaume Dufay and Gilles Binchois show a debt to English styles. Musicians all over Europe spoke of the famous “contenance anglaise” (English countenance, or qualities), which broke with the complexities of the Ars Subtilior and returned to a simpler, sweeter, more lucid style. The Old Hall Manuscript consists mostly of polyphonic settings of the Ordinary of the Mass; polyphonic Masses had by then become commonplace in Avignon and elsewhere. Daily polyphonic Masses were held in the Household Chapel and, in English cathedrals, in certain chapels dedicated to the Virgin Mary. Sarum (Salisbury) versions of plainchant (which had been established in England even before the Norman invasion) alternated with chants of the Ordinary. A new type of votive antiphon also developed quickly, and the conductus became definitively obsolete. The Old Hall Manuscript is a marvelous 'melting pot' of all the styles in fashion in Europe at the beginning of the fifteenth century. It contains English plainsong, isorhythmic motets, canons, double canons, pieces in the cantilena style, etc. English repertory appears alongside music that was imported from the continent; this juxtaposition echoes the way in which the two types of music coexisted during the entire fourteenth century.

In this recording we respect the interpretive criteria in use at the time of the English Chapels Royal: only men's solo voices are heard. Women's and children's voices were never used then. Like in the Pope's Chapel, the organ was not adopted until the beginning of the fifteenth century, when choirs became larger and there began to be two or three voices to a part. Wind instruments were never used in private chapels during the Middle Ages. We follow the rules of Latin pronunciation set out by E. Sanders in Polyphonic Music of the Fourteenth Century.

Antoine Guerber
Translation: Marcia Hadjimarkos


*The conductus originally accompanied the clergy's movements from one place to another during the liturgy. It was a new type of musical and poetic composition, unconnected to the Gregorian tradition. In polyphonic conducti, the different voices sang the same text at the same time. The motet, a polyphonic piece based on sections (clausulae) of Gregorian chant called tenors, also included one or more upper voices with different texts; the voices were sung simultaneously. Isorhythmic motets used complex procedures of rhythm and melody, chiefly in the tenor, but also in the upper voices. French fourteenth century Ars Nova composers excelled in this technique.





Servant regem / Ludowice / Rex regum: three-voice motet in the French style, sung at the marriage of Edward III and Philippa of Hainault. The text of the triplum gives advice to the young Edward, while the duplum's text praises the couple's common ancestor, Louis IX.

Salve Regina: conductus for three voices. Ornaments in the two upper parts punctuate the lovely homophony. It is one of the oldest known polyphonic Salve Regina.

Letetur celi: conductus for three voices written on a poem calling the faithful to rejoice in the comfort offered by the Virgin Mary. The vocal homophony in thirds and sixths is typical of fourteenth-century English style.

Doleo super te / Absolon / Tenor: this three-voice motet explores David's sadness at his brother Jonathan's death.

Quare fremuerunt: conductus for three voices based on an amplified psalm text from a Cistercian manuscript.The tenor is sung by the middle voice, while the low and top voices are parallel. Many typically English rhythmic games occur throughout the piece.

Judea et Jerusalem: conductus for three voices. The text is a response from the first Vespers on Christmas Day. The plainchant is monophonic for the antiphon, and the three voices are ‘harmonized’ in the verses.

Virgo pudicicie: a very short conductus for three voices, praising the purity and chastity of the Virgin Mary. The bright simplicity of the piece and the limited range of the voices justify the use of two singers per voice.

Angelus ad Virginem: strophic conductus for two voices on the theme of the Annunciation. This was a very popular piece in England and also exists in an Old English version (Gabriel from evene king). It is sung by Nicholas in Chaucer's The Miller's Tale.

O laudanda virginitas: conductus for three voices dedicated to Saint Catherine of Alexandria, whose martyrdom so impressed the medieval mind. The melodies are studded with the hoqueti and rhythmic games prized by French musicians but quite unusual in English compositions.

Campanis / Honoremus / Pes / Pes: four-voice motet whose two non-liturgical tenors imitate the sound of bells.

Balaam / Balaam / Balaam: three-voice motet for the celebration of the Epiphany. This motet imitates the style of the conductus: it has only one text, includes long melismatic passages, and uses hoquetus and declamatory techniques.

Virgo Maria / O stella / Flos genuit / Virgo: a four-voice motet with four different texts! The two lower and the two upper voices exchange melodies for the repeat, like in certain rondeaux.

Sanctorum Gloria: traditionally-written conductus for three voices. Vocal interchanges occur during the long melismatic passages at the beginnings and ends of the phrases.

Virgo salvavit: conductus for three voices whose highly ornamented melodies display the type of strict and impressive homophony that was fashionable in fourteenth century England.

Candens crescit / Candens / Tenor / Tenor: a four-voice motet with two tenors and two texts. It explores the theme of the whiteness and purity of the Virgin Mary.

Christi messis nunc: this three-voice conductus begins in an atypical way for the Middle Ages, with a dissonant chord; impressive vocal effects occur.

Gloria: a five-voice motet from the Old Hall Manuscript. Little is known of Pycard, its composer; he was probably a canon in one of the Chapels Royal. He was a refined musician who wrote many original and innovative works.

Agnus Dei: this two-voice conductus from the beginning of the fourteenth century still shows the influence of the Notre Dame school.

Ite missa est: a conductus for four voices in a typically English style. It contains strict parallel writing and homophony and provides a joyful conclusion to the Mass.