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LP: Harmonia mundi HM 202
1967
Boughton Aluph All Saints, Kent
CD: Harmonia mundi «Musique d'Abord »HMA 190 202
1987
01 - Thomas MORLEY. It was a lover and his lass · As
you like it, V. 3 [2:56]
02 - John WILSON. Take, O take those lips away · Measure
for measure, IV. 1 [1:32]
03 - Thomas MORLEY. O mistress mine · Twelfth night
or What you will, II. 3 [1:22]
04 - Thomas WEELKES. Strike it up, Tabor [1:38]
05 - Willow song · Othello, IV. 3 [4:53]
06 - Robert JOHNSON II. Where the bee sucks · The
Tempest, VI. 1 [1:21]
07 - How should I your true love know · Hamlet,
Prince of Denmark, IV. 5 [1:48]
08 - Francis CUTTING. Walsingham variations [2:58]
09 - We be soldiers three [1:58]
10 - When griping griefs · Romeo and Juliet, IV. 5 [3:00]
11 - Robert JOHNSON II. Full fathom five · The
Tempest, I. 2 [1:56]
12 - Caleno custure me · Henry V, mention à
IV. 4 [3:09]
13 - Then they for sudden joy did weep · King Lear, I [1:20]
14 - Bonny Sweet Robin [0:43]
15 - When that I was · Twelfth night, V. 1
[2:29]
16 - Kemp's jig [0:48]
17 - Greensleeves [3:24]
18 - He that will an alehouse keep · Mélismes
de Ravencroft [0:57]
19 - William BYRD. Non nobis Domine [1:18]
DELLER CONSORT
Alfred Deller
Alfred Deller, haute-contre
Philip Todd, Max Worthley, ténors
Maurice Bevan, baritone
Desmond Dupré, lute
enregistrament: Church of Broughton Aluph, Kent, U.K.
septembre 1966
prise de son Peter Willemoës
EN ECRIVANT SES PIECES DE THEATRE POUR DES TROUPES d'acteurs adultes,
Shakespeare avait moins d'exigences musicales pour ses
interprètes que son contemporain Marston, dont les pièces
étaient exécutées par les Enfants de la
Cathédrale St-Paul. Shakespeare indique rarement les instruments
en dehors des trompettes et des tambours habituels aux scènes
martiales. L'accompagnement musical courant pour les circonstances
normales était le «broken consort», composé
de dessus et de basses de violes, d'une flûte alto, d'un luth,
d'une cithare et d'une pandore (ces deux derniers instruments à
cordes métalliques pincées avec un plectre remplissaient
le même rôle que de nos jours les guitares rythmiques et
les guitares basses). Quant au luth, il est fréquemment
indiqué comme instrument d'accompagnement solo.
Shakespeare devait se plier aux considérations pratiques: si la
première édition de «Hamlet» prévoit
l'entrée d'Ophélie jouant du luth, les autres
éditions annoncent simplement «entrée d'Horatio
avec Ophélie distraite»; quand le jeune garçon qui
jouait Ophélie ne savait pas jouer du luth, le luth devait
disparaître... De la même façon, les chants prirent
une place plus importante dans les pièces quand l'acteur Will
Kemp fut remplacé par Robert Armin, meilleur musicien.
Évidemment, quand sur scène un acteur avait les mains
occupées, de telle sorte qu'il ne puisse tenir un luth, le chant
restait sans accompagnement. Pendant que Desdémone se fait
déshabiller par une servante en chantant le «Willow
song», ni l'une ni l'autre ne peuvent jouer du luth, et
l'accompagnement d'époque ne pouvait pas être
interprété sur scène, comme il l'est sur ce
disque. Mais nous pouvons affirmer que le public de l'époque
élisabéthaine n'exigeait pas un si parfait
réalisme qu'un luthiste ne pût accompagner le chant de
Desdémone depuis les coulisses. Dans son ouvrage «La
musique dans les tragédies de Shapespeare», F.W. Sternfeld
a insisté sur l'intégration vraiment unique des
«songs» dans la substance des pièces. Ils sont faits
pour éclairer le caractère du personnage qui chante ou la
situation dramatique ou encore pour créer une certaine
atmosphère. Les chants de caractères étaient
généralement chantés par des voix d'hommes, ceux
d'atmosphère par des voix d'adolescents; la voix du
contre-ténor est la seule qui puisse interpréter
correctement les deux genres. Il est très rare qu'un
héros principal issu d'un rang social élevé se
mette à chanter, car les gens de bonne éducation ne
devaient pas faire étalage de leurs talents musicaux en public.
C'était se rabaisser au rang des serviteurs, des valets, qui
seuls étaient à même d'exécuter des
œuvres musicales. Il est permis à Desdémone de
chanter sur scène, étant donné que
l'émotion la bouleverse et qu'elle se trouve dans le
privé de ses appartements. Mais la représentation
publique d'Ophélie est un solécisme: on ne la
tolère que parce qu'on la sait folle.
Desmond Dupré
SHAKESPEARE'S AUDIENCE RANGED FROM THE HIGHEST nobles to the lowest
commoners; between them they knew a great variety of music ranging from
the complex fancies for a consort of viols to the bawdiest folk songs.
A tune like Walsingham was known to all and served as the basis of many
compositions, such as Cutting's variations on it heard in the present
recording.
Instrumental music was used to place the mood of many settings or to
accompany a tender love scene. Drums and trumpets heralded the
entrances of royal personages and sounded alarms during battles.
«Solemn musick» accompanied funerals and processions, and
any banquet scene included such dances as Kemp's Jig. Tavern
scenes or gatherings of soldiers always included a round or a part song
such as He that will an alehouse keep or We be soldiers
three.
Perhaps the most beautiful music in the plays is that set to
Shakespeare's own lyrics. Clowns always sang or broke into such songs
as O mistress mine. «Twelfth Night», in fact,
closes with a clown singing When that I was, which serves as
the epilogue to the play. Pages are also usually endowed with a gift
for song. During a scene in «As You Like It» Audrey and
Touchstone are discussing their forthcoming wedding, and a page nicely
sums up the situation in It was a lover and his lass. Sometimes
a song is used to set a mood or to tell us a character's innermost
thoughts. In «Measure for Measure», the fourth act opens as
Mariana enters with a page who sings Take, O take those lips away.
Nothing could express the somber mood at this moment more eloquently.
Occasionally the main characters are required to sing. Ariel in
«The Tempest» has several songs. He greets the survivors of
the shipwreck with Full fathom five, and when he is finally
promised his longed-for freedom, he expresses his joy in Where the
bee sucks there suck I. Two of Shakespeare's heroines are called
upon to sing in their most dramatic moments. As Desdemona prepares for
bed she sings the haunting Willow Song. It offers a still
moment which sets off the tragedy that follows. Ophelia's mad scene is
laced with plaintive little ditties which tell us more about her state
of mind than anything she speaks. The first of these, How should I
your true love know, sums up her whole relationship with Hamlet. Bonny
sweet robin, played in this recording on the lute, is another one
of the melodies Shakespeare asks her to sing.