René Clemencic et ses flûtes





medieval.org
Harmonia Mundi
HM 384 (LP) · HM 40 384 (cassette)

1976
1980: Edigsa HM 11-0018 (LP)
1984: HM 90 384 (CD)
1988: HMA 43 384 (cassette)
1993: HMA 190 384 (CD)








1. FLÛTES DE CORNE  [2:53]
Svatý Václave  [1:38]  Hymne à St. Wenceslas (Bohème, XIIe siècle)
Mayenzeit  [1:14]   attribué à Neidhart von REUENTAL (mort vers 1237)


2. FLÛTES DE BERGER et FLÛTES À BEC MÉDIÉVALES  [7:43]
Cantiga 77  [1:03]  ALPHONSE le SAGE (1221-1284)CSM 77
En mai   [1:23]  Colin MUSET (vers 1200)
Rondeau  [1:00]  Guillaume d'AMIENS (vers 1300)
Cantiga 176  [2:28]  ALPHONSE le SAGE (1221-1284)CSM 176
Saltarello  [1:50]   anonyme italien (XIVe siècle)

3. DOUBLE-FLÛTES  [3:05]
Noci milá  [1:43]  anonyme (Bohème, XVe siècle)
Ötödik Tancz  [1:22]  Codex Kajoni (Hongrie, XVIIe siècle)

4. GALOUBET  [1:41]
Rotulum et Tropus | anonyme (Bohème, XVe siècle)

5. CORS DE CHAMOIS  [3:12]
Tielman SUSATO(1551)
Allemaigne  [1:35]  • Gaillarde  [0:38]  • Depost  [0:59]

6. FLÛTES À BEC RENAISSANCE  [4:00]
Hélas mon bien  [1:46]  Jacob OBRECHT (env. 1450-1505)
Die Megdlein sinnd von Flandern  [0:48]  anonyme (XVIe siècle)
Bruder Cunrads Tantzmass  [0:41]  anonyme (XVIe siècle)
La mourisque  [0:44]  Tielman SUSATO (1551)


B

7. FLÛTES À BEC RENAISSANCE  [9:30]
Brainle double  [3:16]   Pratum Musicum (1600)
Sonata prima a Soprano solo  [6:14]  Dario CASTELLO (env. 1630)

8. FLÛTES À BEC BAROQUE  [4:13]
Sonate en sol | Roberto VALENTINO (env. 1680-1735)
Grave  [1:32]  • Allegro  [1:06]  • Adagio  [0:39]  • Allegro  [0:57]

9. FLÛTES À BEC BAROQUE  [10:06]
1er Divertissement de Campagne | Joseph BODIN de BOISMORTIER (vers 1691-1755)
Prélude  [2:26]  • Marche  [1:12]  • Menuet  [0:43]  • Sarabande  [1:06]
Tambourin  [0:50]  • Rondeau  [2:03]  • Rigaudon I et II  [1:48]




René Clemencic
flûtes de berger et flûtes à bec médiévales, flûtes de corne (soprano, ténor),
double-flûtes, galoubet, cors de chamois (soprano, alto, basse),
flûtes à bec renaissance (Garkleinflötlein -sifflet-, alto, basse)
flûtes à bec baroque (sopranino, soprano, ténor)
= 21 flûtes


Peter Widensky, régale, positif baroque
Andras Kécskès, chitarra saracenica, rubebe, luth, guimbarde
Esmail Vasseghi, tympanon, tambour
Wolfgang Reithhofer, tambourine, tambour, darabukka, cymbales, buche



Enregistrement Décembre 1976
Prise de son et montage : Alberto Paulin
Photos : P. François, Ansaldi
Maquette Relations

harmonia mundi ℗ 1977










Nous entendons sur cet enregistrement vingt-et-un instruments différents de la famille des flûtes à bec. J'ai voulu donner ainsi un aperçu de la grande multitude des timbres et possibilités d'expression dont dispose cette famille d'instruments.

La flûte est un instrument à vent par excellence, comme l'indique déjà son nom qui vient du latin «flatus» (souffle, vent, souffler). Le joueur est plus immédiatement lié à son instrument que d'autres musiciens car il produit les sons avec son propre souffle, le souffle élément vital primaire. L'homme s'éteint avec «le dernier souffle». Ses expressions les plus immédiates sont le souffle transformé en sons : pleurs, soupirs, rires, jubilations.

Les flûtes à bec existent depuis des millénaires. Il est difficile de déterminer quand apparut l'ancêtre de notre flûte traversière moderne, mais il est sûr que les deux genres ont existé depuis toujours chez tous les peuples. Les flûtes à bec médiévales se trouvent encore aujourd'hui dans des formes similaires dans le monde folklorique arabe. Le matériel employé était d'une grande diversité (bois, roseau, métal, os, céramique). Le nombre de trous n'est pas déterminé. Certaines flûtes ont un trou dorsal pour le pouce, d'autres non. Une chose leur est cependant commune : elles sont d'une seule pièce, en forme de tuyau cylindrique ou légèrement conique. Le son peut être charmeur, doux, à la façon de la flûte traversière, mais aussi agressif, aigu, tranchant ou semblable au chalumeau.

Jusqu'à l'époque de la Renaissance, on utilisait aussi dans la musique savante européenne (et aujourd'hui encore dans le folklore slave), des doubles-flûtes, sans doute comme dernière réminiscence du bourdon médiéval ou de temps plus anciens encore. Parfois on confectionnait spécialement des doubles-flûtes, parfois le musicien jouait simultanément sur deux flûtes. (A l'entrée sud de la cathédrale de Tolède (XVe siècle), on voit par exemple un ange jouant sur une double-flûte à bec).

Le galoubet est une flûte à bec cylindrique, souvent à trois trous seulement. Les sons manquants sont obtenus en soufflant par dessus, ce qui donne à l'instrument un timbre étrange et aéré.

On utilisa également des cornes de bêtes comme corps de flûte. L'orifice se trouve toujours au bout le plus large de la corne. Comme l'autre extrémité est close, nous obtenons, en fermant tous les trous, un son d'une octave plus basse que celle correspondant au volume entier du corps, semblable aux tuyaux bouchés d'un orgue. D'où un son en général plus doux, plus calme, plus «bouché». Au XVe siècle, la flûte de corne est appelée cor de chamois et, comme les autres flûtes à bec, construite par familles (soprano, ténor, alto, basse). La flûte à bec renaissance est le plus souvent d'une pièce et droite, en forme de bâton, seuls l'embouchure et le pavillon étant légèrement marqués. Ses parois sont épaisses, presque cylindriques, très creusées. L'embouchure est assez allongée, avec un orifice étroit. Le son est pauvre en aigus, gras et rond.

La flûte à bec de l'époque baroque (Flauto dolce) est souvent construite en trois parties. Elle n'est plus droite et simple, mais dans le style typiquement baroque, on lui adjoint des anneaux et renflements qui n'ont qu'une fonction décorative. La tête et le pavillon sont maintenant nettement marqués. Ses parois sont minces et coniques. Elle a une mensuration étroite et son orifice est large. Le son est riche en aigus, plus brillant, et l'instrument se prête mieux à la virtuosité et à l'éclat. Weigel décrit la douceur de son timbre dans son «Musicalisches Theatrum» : «Le nom de flûte évoque déjà la douceur, celle qui sert l'amour courtois sous un ciel étoilé».

En accord avec la technique d'exécution de l'époque, la flûte à bec du moyen-âge et de la renaissance dispose du répertoire entier de danses et de chansons. Au baroque précoce se développe la monodie originelle comme «monodie dérivée» de la renaissance (où une voix d'une partie était exécutée par l'instrument soliste, les autres voix par des instruments à clavier ou par le luth). Ici la voix soliste s'appuie de façon suffisante et souveraine sur la basse, sur laquelle sont improvisées des voix d'accompagnement plus ou moins accordées.



René Clemencic










Twenty-one members of the recorder family are represented on this recording in an endeavour to demonstrate the wide range of colour and the expressive potential of this group of instruments. The flute is the wind-instrument par excellence. The very name attests to this fact: it is derived from the Latin word «flatus» (breath, wind, blowing). The flautist has a closer relationship with his instrument than the player of any other instrument; he produces the sounds with his own breath, the archetypal element of life itself. A human-being expires with his «last breath», and his most immediate and spontaneous modes of expression are, in fact, various forms of breathing: weeping, sighing, laughing, cheering, etc.

The recorder has existed for thousands of years. There is no way of ascertaining when the transverse type of flute (closed at both ends and without a slit in one end) came into existence, but both types of flute have been found throughout the world and among all peoples for a very long time.

Comparable forms of the mediaeval recorder can still be found in «primitive» cultures as well as in the Arab world. A large variety of materials was (and still is) employed in the manufacture of the instruments (wood, reed, metal, bone, ceramic). The number of finger-holes differs; some recorders have a thumb-hole in the underside of the tube while it is missing in others. But virtually all of them have one element in common: a single tube with a cylindrical or very slightly conical bore. The sound can be either sensuous and gentle like that of the transverse flute, or aggressive, piercing and sharp like that of the bagpipe.

Double recorders were still in use in European music well into Renaissance times and are still to be found in Slavonic and other folk-music. The double recorder probably represented the last traces of the survival of the mediaeval and earlier practice of the burden (or bourdon). Sometimes a special double flute was constructed, but the player frequently simply played on two flutes at the same time. (The 15th century South gate of the Cathedral of Toledo has a carving of an angel playing a double recorder.)

The one-hand flute (or pipe) is a cylindrical recorder with, as a rule, no more than three finger-holes. The range is extended by overblowing which gives the instrument a peculiar, breathy sound.

Animal horns have also been used in the manufacture of recorders. The mouthpiece is always situated at the broad end of the horn. As the narrow end remains closed, when all the finger-holes are covered a tone is produced which is approximately an octave lower than that which corresponds to the length of the tube - the same principle which operates in the case of a covered organ-pipe. The tone is thus softer, quieter, «covered». In the 14th century these horn-flutes were called the «gemshorn» and were, like other recorders, manufactured in «families» according to size and range.

The Renaissance recorder is generally a single, undivided, smooth, rod-shaped flute with only a slight indication of a beak at the mouthpiece and a bowl at the bottom. It has thick walls, a wide, almost cylindrical bore, with the tongue placed rather high, and a narrow mouth opening. It is defective in overtones, and mellow and round in sound.

The recorder of the High and Late Baroque period (flauto dolce) on the other hand, is usually constructed in three sections and is no longer simple and smooth in shape but, typical of the period, is decorated with carved rings and bosses. The mouthpiece beak and the bowl have now become more pronounced. It has thin walls, a narrow, conical bore, a low tongue and a wide mouth aperture. It is rich in overtones, brilliant in sound, and is particularly suited for virtuoso playing and brilliant solo performance. In his «Musikalisches Theatrum» the poet Weigel speaks of the sweetness of the sound of the flute which makes it the instrument to sing of courtly love in the star-filled night.

In keeping with the practice of the Middle Ages and the Renaissance, the recorder player of the times availed himself of the entire repertoire of dances and songs then in existence. The early Baroque period, however, saw the rise of the first truly monodic compositions. These grew out of the so-called «derived monody» of the Renaissance (in which one of the voices in a polyphonic work was played on a solo instrument and all the others on a keyboard instrument or a lute). In Baroque monody a solo voice is placed deliberately and solidly above a bass foundation over which a number of more or less chordal accompanying voices of an improvisatory nature are built.

René Clemencic









Se pueden escuchar en esta grabación veintiún instrumentos diferentes de la familia de las flautas dulces. He querido dar así una visión de la gran multitud de timbres y posibilidades de expresión de que dispone esta familia de instrumentos.

La flauta es el instrumento de viento por excelencia, como lo indica su nombre que viene del latín «flatus» (aliento, viento, soplar). El intérprete está más inmediatamente ligado a su instrumento que otros músicos, pues produce los sonidos con su propio aliento, el elemento vital primario. El hombre se extingue con el «último aliento». Sus expresiones más inmediatas son el aliento transformado en sonidos: llanto, suspiros, risa, alegría.

Las flautas dulces existen desde hace milenios. Es difícil determinar cuándo apareció el antecesor de nuestra flauta travesera moderna, pero es seguro que los dos tipos han existido desde siempre en todos los pueblos. Las flautas dulces medievales se encuentran aún hoy en formas similares en el mundo folklórico y en el árabe. El material usado era de una gran diversidad (madera, caña, metal, hueso, cerámica). El número de agujeros no está determinado. Algunas flautas tienen un agujero dorsal para el pulgar, otras no. Con todo hay una cosa común: están hechas de una sola pieza, en forma de tubo cilíndrico o ligeramente cónico. El sonido puede ser encantador, dulce, como en la flauta travesera, pero también agresivo, agudo, cortante, o parecido al caramillo.

Hasta la época del Renacimiento se utilizaban también en la música culta europea (y aún hoy en el folklore eslavo), unas flautas dobles, sin duda como última reminiscencia del bordón medieval o de tiempos más antiguos aún. A veces se confeccionaban especialmente las flautas dobles y a veces el músico interpretaba simultáneamente dos flautas. (En la entrada Sur de la catedral de Toledo, siglo XV, se puede ver, por ejemplo, un ángel interpretando una flauta doble dulce.)

El Galoubet es una flauta dulce cilíndrica, a menudo con sólo tres agujeros. Los sonidos que faltan son obtenidos sobre-soplando, lo cual da al instrumento un timbre extraño y aéreo.

Se utilizaron también cuernos de animales como cuerpo de la flauta. El orificio se encuentra siempre en el extremo más ancho del cuerno. Como que el otro extremo está cerrado obtenemos, al tapar todos los agujeros, un sonido de una octava más baja que la correspondiente al volumen entero del cuerpo, parecido a los tubos cerrados de un órgano. De aquí un sonido en general más dulce, más calmado, más «cerrado». En el siglo XV la flauta de cuerno era llamada trompa de gamuza y, como las otras flautas dulces, construida por familias (soprano, tenor, alto y bajo).

La flauta dulce del Renacimiento es generalmente de una pieza y recta, en forma de bastón; sólo la boquilla y el pabellón están ligeramente marcados. Sus paredes son espesas, casi cilíndricas, muy vaciadas. La boquilla es bastante larga con un orificio estrecho. El sonido es pobre en agudos, graso y redondo.

La flauta dulce de la época barroca (Flauto dolce) se construye a menudo en tres partes. No es más recta y simple, sino que en el estilo típicamente barroco, se le añaden anillos y filigranas que no tienen sino una función decorativa. La cabeza y el pabellón están aquí netamente marcados. Sus paredes son estrechas y cónicas. Tiene una dimensión estrecha y su orificio es ancho. El sonido es rico en agudos, más brillante, y el instrumento se presta mejor al virtuosismo y al esplendor. Weigel describió la dulzura de su timbre en su «Musicalisches Theatrum»: «El nombre de flauta evoca ya la dulzura, que sirve al amor cortés bajo un cielo estrellado».

De acuerdo con la técnica de ejecución de la época, la flauta dulce de la Edad Media y del Renacimiento dispone de un repertorio entero de danzas y canciones. En el Barroco precoz se desarrolla la monodia como «monodia derivada» del Renacimiento (donde una voz era ejecutada por el instrumento solista, las otras voces por un instrumento de tecla o por el laúd). Aquí la voz del solista se apoya sobre el bajo de manera suficiente y soberana, sobre el cual son improvisadas las voces de acompañamiento más o menos acordadas.

La Sonata a Soprano solo (que puede ser interpretada por cualquier instrumento en tonalidad de soprano), del genial Dario Castello, que vivió alrededor de Monteverdi en Venecia, está llena de inquietud, de manierismo tardío. Es una obra audaz, apasionada, que puede ser interpretada acompañada de un órgano o de un clavicordio: «per sonar nel Organo ovvero Clavicembalo»).

La Sonata en Sol de Roberto Valentino Inglese mezcla los elementos de la sonata de iglesia y de la sonata de cámara italianas. Valentino (nombre italianizado de Robert Valentine) fue a principios del siglo XVIII uno de los pocos compositores ingleses cuyas obras eran reconocidas e interpretadas en el extranjero.

Boismortier, natural de Perpiñán, encontró futuro y fortuna en París. Humor, espíritu de inventiva y amabilidad marcan sus obras brillantes y encantadoras. Ateniéndose a la moda de los pastorales, este Divertissement de Campagne se desarrolla ligeramente en una suite de danzas que abre un preludio solemne.

Dr. René Clémencic


René Clemencic es un artista de una gran calidad y de una asombrosa universalidad. Flautista virtuoso, ha conseguido una reputación internacional como solista. Profesor, musicólogo y director de su conjunto, el Clemencic Consort, es una autoridad en el tema.

Nació en Viena, donde hizo sus estudios de flauta dulce con Hans Ulrich Staeps y más tarde en Holanda con Joannes Collette y L. Hofer von Winterfield en Berlín. Siempre curioso por el aspecto histórico de los instrumentos y de la música, de lo cual hizo su especialidad, René Clemencic estudió en la Universidad de Viena, en la Sorbona y en el Colegio de Francia, para lograr su doctorado en musicología. Su libro «Instrumentos antiguos» se convirtió en una obra de consulta. En 1957 empezó su carrera de músico. Como solista o con su conjunto, da conciertos en Europa y en América. Participa en numerosas emisiones de televisión y de radio. Sus investigaciones en el terreno de la música antigua y sus composiciones para flauta dulce son parte integrante de sus actividades. El Clemencic Consort, del cual él es el fundador y el director, se ha especializado en música de la Edad Media y de la época barroca, que interpreta con instrumentos de la época. Pero también interpreta obras de vanguardia con instrumentos antiguos. René Clemencic toca todo un abanico de flautas dulces y de instrumentos de viento y dispone de un repertorio muy extenso, como concertista o como solista. Sus actividades en campos tan diversos hacen de René Clemencic un músico notable y un «hombre del Renacimiento» de la música.