Al-Basma
/ Canticum Novum, Emmanuel Bardon
Voyage au cœur d'Al-Andalus
Annick Peters-Custot
AL-BASMA
Annick Peters-Custot
medieval.org |
canticumnovum.fr
Ambronay AMY057
2021
[78:31]
1. Amigo, se ben ajades [3:15]
cantiga de amigo | Estêvão Reimondo
( cf. CSM 330 )
2. Yamourrou ‘ujban [3:28] Mouwachah arabo-andalou
3. Como Jesú-Cristo fezo a San Pedro [4:27]
CSM 369
Cantiga 369 | Alfonso X « El Sabio » |
Cantigas de Santa María
4. Por fazer romaria [3:32]
cantiga de amigo | Airas Fernandes Carpancho
( cf. CSM 190 )
5. Li Habībun Qad Samah lī [4:23] Inqilab ‘Iraq - Arabo-andalou
6. Quantas sabedes [6:06]
ca V
cantiga de amigo | Martin Codax | Parchemin Vindel
7. Gran pïadad' e mercee [2:20]
CSM 105
Cantiga 105 | Alfonso X « El Sabio » |
Cantigas de Santa María
8. Ensalcemos al Apóstol [4:20] Catedral de Pamplona
( cf. cc 76 )
9. A que por mui gran fremosura [4:11]
CSM 384
Cantiga 384 | Alfonso X « El Sabio » |
Cantigas de Santa María
10. Iocundetur et letetur [2:29] Codex Calixtinus
cc 26
11. Nunca ja pód' aa Virgen [3:44]
CSM 104
Cantiga 104 | Alfonso X « El Sabio » |
Cantigas de Santa María
12. Yā rachā fattān [3:40] Arabo-andalou
13. Plus bele que flor [3:13] Codex Montpellier
14. Zāranī-l-maHboub [4:04] Mouwachah arabo-andalou
15. Ay Deus, se sab'ora meu amigo [5:29]
ca IV
cantiga de amigo | Martin Codax | Parchemin Vindel
16. Hé Diex, de si haut si bas [3:35] Codex Montpellier
17. Muito bon miragr'a Virgen [4:17]
CSM 225
Cantiga 225 | Alfonso X « El Sabio » |
Cantigas de Santa María
18. Yā ghazālī [6:14] Mouwachah arabo-andalou
19. [5:36]
A Madre de Jesú-Cristo
CSM 302 |
Ontre toda-las vertudes
CSM 323
Cantigas 302, 323 | Alfonso X « El Sabio »,
Cantigas de Santa María
À André et Michel, Bernadette et Marcel.
Canticum Novum
Emmanuel Bardon
Barbara Kusa, Lise Viricel, Emmanuel Bardon — chant
Valérie Dulac, Emmanuelle Guigues, Nolwenn Le Guern — vièles
Aliocha Regnard — nyckelharpa & fidula
Marie-Domitille Murez — harpe
Bayan Rida — oud & chant
Spyros Halaris — kanun
Marine Sablonnière, Gwenaël Bihan — flûtes
Isabelle Courroy — flûtes Kaval
Remi Cortial — oud, bandolim
Henri-Charles Caget, Ismaïl Mesbahi — percussions
Directrice générale : Isabelle Battioni
Directeur adjoint & délégué artistique : Pierre Bornachot
Coordination graphique et éditoriale : Laure Dumonte & Carine Adam
Coordination éditoriale pour Canticum Novum : Pascal Bergerault & Judith Chomel
Administration : Vanessa Löw & Claire Le Guilloux
Production : Alice de Villeblanche, Emma Rocton & Eva Gaillard
Enregistré à l'Abbaye de Sylvanès en septembre 2020
Enregistrement et montage : Virginie Lefebvre & Alice Lemoigne
Traductions : Pascal et Grégoire Bergerault, Lahham Khaldoum & Fanny Quément
Photo de couverture : Benoît Pelletier
Conception graphique : bel-studio.fr
Photos du livret : Pierre Grasset
Production du CD : Printers Profact, Netherlands
℗ & © 2021 Centre culturel de rencontre d’Ambronay, 01500 Ambronay, France —
ambronay.org
ambronay.org
English liner notes
AL-BASMA
Même après la chute de l’Empire romain en Occident,
à la fin du Ve siècle, la Méditerranée
resta un espace majeur de circulations, de contacts et
d’échanges dont le rôle fut fondamental dans
l’histoire européenne et sa construction culturelle, et
dont deux régions en particulier révélèrent
toutes les potentialités en termes de richesse culturelle,
durant le Moyen Âge : la Sicile et, surtout, la Péninsule
ibérique. Comme souvent à cette époque, ce furent
les guerres, conquêtes et successions de domination qui, pour ces
deux espaces, créèrent les conditions de ces creusets
multiculturels. Mais à cette histoire des faits militaires et de
la politique s’ajoutent – conditions nécessaires
à l’épanouissement des échanges mutuels
– des circulations et migrations qui ne furent pas que
contraintes et militaires, par le biais des voies commerciales ou des
routes de pèlerinages en particulier, et une conception du
pouvoir qui ne fut pas qu’écrasante domination, mais
laissa la place à la coexistence des communautés, des
langues et des religions.
Par Péninsule ibérique, il ne faut pas, pour le Moyen
Âge, comprendre un espace clos au Nord par la chaîne des
Pyrénées, laquelle ne deviendra frontière
politique que tardivement, à l’époque moderne. Non
seulement les barrières montagneuses n’empêchaient
nullement les circulations, mais certaines constructions politiques
vivaient fort bien à cheval de part et d’autre des
Pyrénées. C’est le cas, en particulier, du
Comté de Barcelone, qui s’étirait
jusqu’à Montpellier, tandis que l’Aragon,
jusqu’au début du XIIIe siècle, regardait
principalement vers la France capétienne. Montpellier resta
liée aux pouvoirs ibériques tout au long de la
période médiévale et, en particulier, le
réseau des communautés juives ibériques
intégrait pleinement celle de cette ville.
Montpellier est connue pour avoir conservé son bain rituel
médiéval, dit Mikvé, encore visible de nos jours.
Ce vaste espace transpyrénéen connut une histoire
mouvementée à partir du moment où, au début
du VIIIe siècle, la conquête islamique, sous la
bannière omeyyade, mit fin à un florissant royaume
wisigothique vieux de près de trois siècles. Cette
conquête ne signifia nullement la conversion forcée
à l’islam des communautés juives et
chrétiennes de la Péninsule, protégées
qu’elles étaient, au contraire, par le statut juridique
des dhimmi accordé par le droit islamique aux « gens du
Livre » (principalement les chrétiens et les juifs)
lesquels, en échange d’un impôt de capitation, la
jizya, avaient le droit à la liberté de culte dans le
cadre privé et à la protection par les autorités.
Le passage à un pouvoir politique islamique (dont
l’unité fut rapidement démantelée en
royaumes concurrents entre eux, les taïfas), en introduisant la
culture islamique et la langue arabe, laissa s’épanouir de
multiples formes de concrétions entre langues, religions, droits
et traditions, multipliant les possibilités de bi- voire
trilinguisme et d’échanges littéraires,
érudits et savants, en particulier dans le Sud de la
Péninsule, à Tolède ou Cordoue, au coeur de ce qui
était désormais l’Al-Andalûs arabo-musulmane.
Si, dès 778, Charlemagne tenta, en vain, de rapatrier la
Péninsule ibérique sous son contrôle, à
l’occasion d’une expédition qui ne sauva que
Barcelone et provoqua la création d’un glacis frontalier,
ce n’est qu’au début du XIe siècle que
commença, sous l’égide du roi de Navarre Sanche le
Grand (1000-1035), ce triple mouvement de conquête militaire, de
peuplement et de colonisation des terres que fut la Reconquista,
relayé au fur et à mesure de l’avancée du
front, par les rois de Castille et d’Aragon. Aux premières
expéditions chrétiennes, limitées à des
raids audacieux dans lesquels s’illustra, notamment, le Cid dans
les années 1090, succéda une période de
conquête armée menée par les rois mais
réalisée par des troupes de paysans-soldats, capables de
cultiver et de défendre les territoires acquis. Dans ce
processus, qui ne vit que tardivement s’introduire les notions de
reconquête chrétienne et de guerre sainte, les souverains
chrétiens agirent le plus souvent séparément et en
compétition entre eux, à l’exception d’une
occasion lorsque, unis en 1212, à la bataille de Las Navas de
Tolosa, ils firent sauter, par leur commune victoire, un verrou
géographique qui leur donna accès à cinq
décennies d’avancée lente mais décisive vers
le Sud de la Péninsule, au profit essentiellement de deux
royaumes : la Castille et l’Aragon. Au milieu des années
1260, le processus s’arrêta, ne laissant que le petit
royaume arabo-musulman de Grenade, dont la fin se jouera seulement en
1492.
Les souverains de Castille et d’Aragon mirent ainsi la main,
à Tolède, à Cordoue, et ailleurs, sur le fertile
terreau multiculturel hérité de l’Al-Andalûs
arabo-musulmane imprégnée de judaïsme arabophone et
de christianisme nourri de culture orientale, matrice de la tradition
mozarabe : c’est-à-dire tout un monde d’empreintes
(« al-basma », en arabe). À partir du XIIe
siècle, la Péninsule ibérique devint donc le lieu
d’un enrichissement intellectuel, culturel et savant qui profita
à tout l’Occident : aux juifs arabophones et aux
chrétiens mozarabes s’ajoutaient désormais les
mudéjars (musulmans vaincus) qui concoururent ensemble à
la préservation des traductions arabes des textes grecs que les
princes islamiques avaient commandées depuis le VIIIe
siècle et qui, par le biais d’ateliers de traductions
concentrés notamment à Tolède, passèrent en
latin, avec l’aide de clercs avides de savoirs nouveaux et venus
de tout l’Occident (et notamment Angleterre, Germanie, Italie).
Ces transferts savants nourrirent l’Occident latin de philosophie
aristotélicienne et de science antique grecque, auxquels
s’ajoutèrent les remarquables domaines de
prédilection de la science arabe et hébraïque : la
médecine, l’astronomie, la géographie, dont les
maîtres-ouvrages furent également traduits en latin.
Ces transferts et métissages ne se limitèrent pas
à l’érudition, la philosophie et la langue
élevée, mais atteignirent la poésie, la liturgie
et la musique, qui profitèrent de ce même terreau. Il fut
enrichi également des influences liées à
l’aura grandissante de la papauté, dans le sillage de la
réforme grégorienne, qui promut l’importation
partout en Occident des traditions de l’Église de Rome ;
mais aussi des influences portées par ces circulations
liées aux routes de pèlerinage, de plus en plus
sécurisées par les ordres religieuxmilitaires (Calatrava,
Alcántara en Espagne), et dont profita le sanctuaire très
fameux de Saint-Jacques de Compostelle. Contrairement aux effets
intellectuels et savants du creuset issu d’Al-Andalûs, ces
métissages religieux, poétiques, littéraires
n’eurent pas comme unique langue d’expression le latin (qui
resta la langue liturgique majeure), mais se manifestèrent aussi
et surtout dans les formes linguistiques vernaculaires de la
Péninsule, qui justement, entre XIIe et XIVe siècle,
étaient en train d’acquérir leur
légitimité culturelle et leur pleine dimension
littéraire en grignotant sur les anciens monopoles du latin.
À côté de l’arabe, toujours parlé, se
dégagèrent en effet diverses langues issues du latin et
qui, auparavant exclusivement langues orales, acquirent à partir
du XIIe siècle la valeur de langues d’écrit : il en
fut ainsi pour les dialectes catalan, aragonais, valencien, et surtout
le castillan, langue de puissance conquérante, qui
s’imposa aux communautés soumises par la Reconquista, sans
toutefois écraser les autres dialectes romans. Le polyglottisme
était donc répandu parmi les populations
ibériques. Parallèlement à ces langues
ibéro-romanes, se déploya la langue portugaise,
qu’on appelle à cette époque
galaïco-portugais, car historiquement, c’est la langue
d'expansion du galicien, développée,
précisément, dans la région de Saint-Jacques de
Compostelle. C’est particulièrement sous le règne
d’Alphonse X le Sage, roi de Castille de 1252 à 1284 et
qui se voulait le nouveau Salomon, que s’épanouit à
la fois l’appropriation de la science arabe en castillan et la
production littéraire, historique et poétique en cette
langue. Le souverain, polyglotte accompli, composa lui-même, mais
en dialecte valencien héritier du galaïco-portugais, les Cantigas de Santa Maria, dans lesquelles il célèbre la Vierge Marie.
Les oeuvres présentées dans ce programme musical se
veulent les manifestations de ce que produisit la riche tradition
plurielle de la Péninsule ibérique
médiévale, représentée ici par des
pièces issues des diverses empreintes, toutes
métissées, de la culture ibérique
médiévale : en particulier un mouachah (un genre
poétique arabo-musulman inventé dans l’Andalousie
islamique, et dont on attribue la paternité, au XIe
siècle, au poète aveugle Muqaddam ibn Mu'afa
al-Qabrí) ; des compositions liées au Codex de Montpellier – une compilation de motets en français, latin et provençal ; des pièces liturgiques du Codex Calixtinus,
réalisé à la gloire du pèlerinage à
Saint-Jacques de Compostelle ; et des pièces de poésie
lyrique galaïcoportugaise. On donne de cette dernière tant
des compositions profanes, avec les Cantigas de Amigo, que des compositions liturgiques, avec les Cantigas de Santa Maria
d’Alphonse X de Castille. Cet ensemble musical atteste bien de la
richesse et de la complexité des registres poétiques,
littéraires, linguistiques qui ont mûri dans ce creuset
fertile des religions et cultures méditerranéennes, dont
on voit qu’elles ne furent jamais des blocs imperméables,
fixes et identitaires mais des passerelles entre les hommes, leurs
besoins de créativité et leurs aspirations spirituelles.
Even after the fall of the Western Roman Empire, at the end of the 5th
century, the Mediterranean Basin remained a major area of
circulation, contact and exchange that played a critical part in the
history and cultural construction of Europe, with two particular
regions revealing their potential in terms of cultural wealth during
the Middle Ages: Sicily and, most importantly, the Iberian Peninsula.
As often at that time, cultural melting pots largely stemmed from wars,
conquests and successive dominations, but there were other factors: in
addition to military and political moves, free forms of circulation and
migration necessary to the blossoming of mutual exchanges developed
mostly through trade and pilgrimage routes, and instead of being
systematically conceived as a crushing force, power also made room for
communities, languages and religions to co-exist.
When thinking of the Iberian Peninsula in the Middle Ages, one must not
map a space topped by the Pyrenees, which became a political border
much later, in the early modern period. Mountain ranges were rarely
seen as an obstacle to circulation and in fact, some political entities
prospered astride the Pyrenees. For instance, the County of Barcelona
extended to Montpellier, while Aragon was mostly drawn to Capetian
France until the beginning of the 13th century. Montpellier remained
close to Iberian powers throughout the medieval era and there was a
specific connection with the Iberian Jewish communities, which fully
integrated the town (known for its Mikveh, a medieval ritual bath that
has survived till today).
In the early 8th century, this vast trans-Pyrenean space got into
trouble when the Islamic conquest, under the Umayyad dynasty, put an
end to an almost-three-century-old flourishing Visigoth kingdom. This,
however, did not mean forced conversion to Islam for the Jewish and
Christian communities of the Peninsula: on the contrary, they were
protected by the law as dhimmi, a status granted to the “Book people” (mostly Christians and Jews) who, if paying a tax called the jizya,
had a right to freedom of cult in private places and protection from
authorities. As it introduced Islamic and Arabic culture and language,
the shift to Islamic power (the unity of which was quickly replaced by
rival kingdoms, the taifas)
birthed many conglomerations of languages, religions, laws and
traditions, thus multiplying the opportunities for bi- or even
trilingualism as well as literary, scholarly and scientific exchanges,
especially in the south of the Peninsula, in Toledo or Cordoba, the
very heart of what had then become the Arab and Muslim area called
Al-Andalus.
In 778, Charlemagne made a vain attempt to take the Iberian Peninsula
back under his control, on the occasion of an expedition in which only
Barcelona was saved, leading to a buffer zone called the Hispanic
Marches (which would then give the aforementioned County of Barcelona),
and it was only in the early 11th century that Sancho the Great
(1000-1035), King of Navarre), then joined by the Kings of Castile and
Aragon as the front was advancing, started the threefold move based on
the military conquest, peopling and colonisation of the land known as
the Reconquista. After the first Christian expeditions, limited to
daring raids notably associated with the feats of El Cid in the 1090s,
there ensued a period of armed conquest which was led by the kings but
completed by troops of peasant soldiers who could cultivate and defend
the conquered territories. In the process, which was belatedly
associated with the notions of Christian reconquest and religious war,
Christian sovereigns mostly intervened separately and as competitors
except when, in 1212, they united for the battle of Las Navas de Tolosa
and unlocked, with a common victory, a decisive geographic door leading
to five decades of slow but sure moves towards the south of the
Peninsula, which mostly profited Castile and Aragon. In the middle of
the 1260s, the process came to an end, Grenade being the last small
Arabic kingdom to remain until 1492.
The Kings of Castile and Aragon thus acquired in Toledo, Cordoba and
elsewhere, the fertile multicultural ground inherited from the Al
Andalus and impregnated with both Arabic-speaking Judaism and a
Christianism fed on Eastern culture, the matrix of the Mozarabic
tradition — a world of prints (“al-basma,” in
Arabic). Therefore, from the 12th century onwards, the Iberian
Peninsula became a cultural, intellectual and scholarly breeding ground
that benefited the West as a whole: Arabic-speaking Jews and Mozarabic
Christians were joined by the mudéjars
(defeated Muslims), collectively guaranteeing the preservation of
Arabic translations of Greek texts that had been ordered by Islamic
Princes since the 8th century, and translating them into Latin thanks
to Toledo-based workshops involving clerics driven there from every
corner of the Occident (especially England, Germania and Italy) by a
thirst for new knowledge. These scholarly exchanges fed the Latin West
with Aristotelian philosophy and ancient Greek science, to which were
added the favoured fields of Arabic and Hebraic science: medicine,
astronomy and geography, some key works also being translated into
Latin.
These transfers and cross-breeds were not limited to scholarship,
philosophy and high forms of language: they also bore on poetry,
liturgy and music, the whole of them benefiting from the same momentum.
This breeding-ground was also fertilised by the growing influence of
the papacy in the wake of the Gregorian Reform, which promoted the
implantation of the traditions of the Roman Church throughout the
Occident, as well as by the circulation aforementioned, with pilgrimage
routes being made more secure by military religious orders (Calatrava,
Alcántara in Spain) and benefiting the famous sanctuary of
Santiago de Compostela. All this religious, poetical and literary
hybridisation contrasted with the intellectual and scientific
melting-pot of Al Andalus in so far as they were mostly carried on in
languages other than Latin (even if it remained the first language of
liturgy) between the 12th and 14th centuries, while the vernacular
languages of the Peninsula were precisely acquiring their cultural
legitimacy and a full-fledged literariness by nibbling on what Latin
had monopolised. Arabic was still spoken, but there emerged several
Latin-based oral languages achieving written form in the 12th century
or later: this was the case with the dialects of Catalonia, Aragon,
Valencia, and especially Castile, which developed a conquering language
imposed upon the communities defeated during the Reconquista
without stifling other Roman dialects. Multilingualism was therefore
common amongst Iberian people. Portuguese emerged alongside in a form
called Galician-Portuguese because of the historical part it played in
the expansion of the Galician language, which was precisely developed
in the area of Santiago de Compostela. It was more specifically under
the reign of Alfonso the Wise, who ruled over Castile from 1252 to 1284
and hoped to be the new Salomon, that Castilian both widely
appropriated Arabic science and produced its own literary, historical
and poetic texts. The King himself, a true polyglot, composed his Cantigas de Santa Maria, celebrating the Virgin in the dialect of Valencia.
This musical selection combines works illustrating the rich and plural
tradition of the medieval Iberian Peninsula, the several kinds of
manifold prints that can be found in medieval Iberian culture: more
specifically, a mouachah (an Arabic poetic genre invented in Islamic
Andalusia and thought to have been fathered by the 11th-century blind
poet Muqaddam ibn Mu’afa al-Qabri); compositions in relation with
the Montpellier Codex (a compilation of motets written in French, Latin and Provençal); liturgical pieces from the Codex Calixtinus,
which celebrates the Compostela pilgrimage, and lyrical poems in
Galician-Portuguese. Poetry features in both its profane and liturgical
forms, with the Cantigas de Amigo and Alfonso X’s Cantigas de Santa Maria.
The selection testifies to the richness and complexity of the poetic,
literary and linguistic registers that matured on this breeding ground
for Mediterranean cultures and religions, which never were rigid,
compartmentalised identity blocks, but bridges making people meet in
their needs for creativity and aspirations to spirituality.
Translation: Fanny Quément
Canticum Novum est un ensemble de musique ancienne et de musiques du
monde créé par Emmanuel Bardon en 1996. Implanté
à Saint-Étienne, Canticum Novum tisse des liens entre la
musique d’Europe occidentale et le répertoire du bassin
méditerranéen, riche de l’union du monde
chrétien et d’un orient marqué d’une double
hérédité juive et mauresque. Ces musiques,
à la croisée des chemins, des cultures et des expressions
artistiques, étonnamment vivantes après 800 ans de
partage, témoignent de diversité, de respect et de
tolérance.
Les programmes de Canticum Novum sont aussi riches que
diversifiés, tout en restant unis par cette démarche :
s’approprier la culture de l’autre et la jouer au filtre de
sa propre culture, sans tenter de l’imiter mais d’en
être une résonance. Par ce travail, les musiciens de
l’ensemble questionnent en permanence leur propre identité
musicale, leur manière de jouer de leur instrument.
L’ensemble est régulièrement invité aux
festivals de Radio France, Ambronay, Sylvanès, la Chaise-Dieu,
Tarentaise, Labeaume en Musiques, Fontmorigny, la Folle journée
de Nantes, l’Estival de la Bâtie d’Urfé,
Musiques d’Ici et d’Ailleurs, l’Arsenal de Metz, La
Mégisserie, etc. Il est également invité sur des
scènes nationales comme le Théâtre du
Châtelet (Paris), Melun Sénart, La Roche-sur-Yon,
Montélimar, l'Opéra de Lille, aux Centres culturels de
rencontre de Noirlac et Sylvanès. Par ailleurs, l'ensemble est
régulièrement invité à l'étranger
(Albanie, Belgique, Japon, Luxembourg, Suisse, etc.).
Canticum Novum a enregistré quatre disques pour Ambronay Éditions : Paz, Salam & Shalom en 2011,
Aashenayi en 2015, Ararat en 2017 et Laudario en 2019.
Canticum Novum is an ensemble of early and world music created by
Emmanuel Bardon in 1996. Established in Saint-Etienne, Canticum Novum
has a passion for the interpretation and the transmission of the most
beautiful repertoires of early music, especially those that link the
music of western Europe (Spain, France, Italy etc.) with that of the
Mediterranean basin. The latter being enriched with the influence of
both the Christian world and the Orient (which has been moulded by a
Jewish and Moorish heredity).
Canticum Novum's programs are as rich as they are diverse but united by this approach: appropriating
another culture and playing it through the prism of one’s own
culture, not to imitate it but to resonate with it. Working this way,
the musicians forming the ensemble constantly question their own
musical identity, the way they play their instruments.
It was invited to the Festivals of Radio France, Ambronay,
Sylvanès, la Chaise-Dieu, Tarentaise, Labeaume en Musiques,
Fontmorigny, la Folle journée de Nantes, l’Estival de la
Bâtie d’Urfé, Musiques d’Ici et
d’Ailleurs, l’Arsenal de Metz, La Mégisserie, etc.
It was also invited to renowned Scènes Nationales such as le
Théâtre du Châtelet in Paris, Melun Sénart,
La Roche-sur-Yon, Montélimar, the Opéra de Lille, and the
Culturals Encounters Centres of Noirlac and Sylvanès. Besides,
the ensemble often plays abroad (Albania, Belgium, Japan, Luxembourg,
Switzerland etc.).
Canticum Novum has recorded four albums via Ambronay Éditions: Paz, Salam & Shalom in 2011, Aashenayi
in 2015, Ararat in 2017 and Laudario in 2019.