Aashenayi
/ Canticum Novum, Emmanuel Bardon
Rencontre musicale en terre ottomane
ÉCOUTER L’AUTRE... Emmanuel Bardon
Aline Tauzin
Emmanuel Bardon
Aline Tauzin (member of the Comité Scientifique du CCR d’Ambronay)
ambronay.org |
canticumnovum.fr
musicweb-international.com |
allmusic.com
Ambronay AMY043
2014
[75:39]
1. Como poden [4:09]
Cantiga 166 – ALFONSO X el SABIO (Espagne)
CSM 166
2. Rast nakis beste [5:49]
Dimitri CANTEMIR (Empire ottoman)
3. Morenica [5:56]
Romance séfarade (Turquie)
4. Dar dâmané sharâ [10:44]
Khaled Arman (Afghanistan)
5. Sareri hovin mernem [6:17]
Inspiration de la tradition arménienne
6. Der makam-i “Uzzäl Sakil Turna” [3:23]
Dimitri CANTEMIR (Empire ottoman)
7. Nor tsaghik [6:26]
Arménie
8. Bugün benim efkarım var zarım [5:21]
Traditionnel Turquie
9. La comida d'la mañana & Khan delawar khan [4:05]
Romance séfarade (Turquie) – Khaled Arman (Afghanistan)
10. Durme, hermoza donzella [7:26]
Romance séfarade (Balkans)
11. Sâqi ba khodâ [8:26]
Khaled Arman (Iran)
12. Sirto [2:00]
Traditionnel (Turquie)
13. O ffondo do mar tan chao [5:28]
Cantiga 383 – ALFONSO X el SABIO (Espagne)
CSM 383
Canticum Novum
Emmanuel Bardon
Gülay Hacer Toruk, Mashal Arman, Emmanuel Bardon — chant
Shadi Fathi – tar, shourangiz
Aliocha Regnard – nyckelharpa & fidula
Emmanuelle Guigues – kamensheh, vièle
Aroussiak Guevorguian – kanun
Gwénaël Bihan – flûtes à bec
Isabelle Courroy – flûtes kavals
Philippe Roche — oud
Henri-Charles Caget et Ismaïl Mesbahi — percussions
Le Centre culturel de rencontre d’Ambronay reçoit le
soutien du Conseil général de l’Ain, de la
Région Rhône-Alpes et de la Drac Rhône-Alpes.
Le
label discographique Ambronay Éditions reçoit le soutien
du Conseil général de l’Ain.
——————
Remerciements à Judith Chomel, Pauline Mercier et Pauline Rivière
——————
Director Daniel Bizeray
Managers Clothilde Chalot & Hannelore Guittet
Editorial assistants Ségolène Alquier
Recorded at the Prieuré de Champdieu (42), France — 1 9th - 23 rd Sept. 2014
Recording engineers, recording producers Céline Grangey, Virginie Lefebvre
Editing, mixing & mastering Virginie Lefebvre
Cover photograph & design Benoît Pelletier, Diabolus — www.diabolus.fr
Booklet layout Ségolaine Pertriaux, myBeautiful, Lyon — www.mybeautiful.fr
Booklet photo credits Bertrand Pichène, Canticum Novum
Printers Pozzoli, Italy
℗ & © 2015 Centre culturel de rencontre d’Ambronay, 01500 Ambronay, France — www.ambronay.org
Made in Europe
Tous droits du producteur phonographique et du propriétaire de
l'œuvre enregistrée réservés.
Sauf
autorisation, la duplication, la location, le prêt, l'utilisation
de ce disque pour exécution publique et radiodiffusion sont
interdits.
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reserved.
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broadcasting of this record prohibited.
English liner notes
Sous le règne de Soliman le Magnifique, au XVIe siècle,
l’Empire ottoman est à son apogée. Son armée
et ses janissaires sont craints dans toute l’Europe, et
Constantinople, sa capitale, émerveille le monde occidental. Cet
empire est une terre d’accueil pour les séfarades
chassés d’Espagne, c’est une terre de passage pour
les populations du monde entier. S’y croisent la route de la
soie, le chemin des tziganes, des peuples nomades... Pour Soliman,
protecteur des arts et des lettres, La Sublime Porte n’a pas
seulement une position stratégique privilégiée
pour le commerce ou la guerre mais également une vocation
à rassembler les cultures d’Orient et d’Occident.
D’abord indifférents, les deux mondes sont devenus curieux
l’un de l’autre, séduits, voire fascinés,
ouverts enfi n à des infl uences réciproques. C’est
imprégnés de ce contexte historique que nous avons choisi
des pièces musicales témoignant de cette incroyable
richesse interculturelle.
Le programme d’Aashenayi, (« rencontre » en persan)
offre un voyage aux allers-retours incessants d’un monde à
l’autre et témoigne de leur curiosité et de leur
fascination réciproques. Un programme à l’image de
ce haut lieu de passage dans lequel se mêlent les échos de
la Perse, de l’Arménie, de la Turquie et de
l’Europe. Un programme servi par des artistes qui
s’appuient sur leur propre héritage musical pour jouer le
répertoire de l’autre, donnant ainsi naissance à
une expression commune.
Aashenayi regroupe une série de monodies issues à la fois
de la tradition orale (les pièces séfarades et persanes)
et de l’écrit (les pièces ottomanes,
arméniennes et espagnoles). Le choix de l’instrumentation
et l’élaboration sont le fruit d’un travail
collectif et notre interprétation fait la part belle à
l’improvisation.
Ce programme n’est pourtant pas une reconstitution historique
mais avant tout une rencontre musicale d’aujourd’hui. Les
musiciens de cet enregistrement, aux origines multiples
(arménienne, turque, kurde, afghane, algérienne &
française), ont tous fait le choix de partager cette
expérience humaine depuis de nombreuses années au sein du
groupe qu’est l’ensemble Canticum Novum. C’est le
partage simple d’un geste collectif de notre quotidien dans
lequel chacun, dans le respect de sa différence, trouve un point
commun pour entrer en contact avec l’autre : l’expression
orale.
Cette oralité, aussi différente soit-elle selon ses
origines, exprime et transmet une mémoire, une
expérience, une culture. L’oralité établit
un dialogue. Mais avant que celui-ci ne se mette en place, il est
important d’installer le silence pour écouter
l’autre.
A l’heure où le monde montre plus de signes
d’enfermement que d’ouverture, d’identitarisme que
d’interculturalité, où l’on favorise de plus
en plus l’intérêt particulier au détriment du
collectif, où nos politiques économiques sont
génératrices de clivages entre les hommes et où
les inégalités sont de plus en plus marquées, il
est plus que jamais nécessaire de se questionner sur la place
que nous voulons donner à cette « oralité »
dans nos sociétés.
La pratique artistique, garante de cette expression, fait partie de la
vie. Elle devrait être aussi simple et évidente que les
gestes du quotidien qui se partagent en communauté : travailler,
aller à l’école, partager un repas, jouer, entrer
dans une mosquée, une synagogue ou une église...
Continuons à créer des passerelles entre le passé
et l’avenir pour que la pratique artistique, et en particulier la
musique, permette encore et toujours d’inciter au dialogue,
à la découverte, à la complicité, au
questionnement...
La pérennité de l’aventure humaine ne peut commencer que par la rencontre... Aashenayi...
RENCONTRE
Rencontre. Tel est le titre, Aashenayi dans la langue persane, de
l’enregistrement de Canticum Novum présenté ici.
Rencontre de musiques provenant d’un vaste territoire, celui sur
lequel Soliman le Magnifique, sultan de l’Empire ottoman, a
régné, au XVIe siècle, et qui
s’étendait alors de l’Europe à l’Iran,
de l’Occident à l’Orient. Rencontre aussi de
musiciens appartenant aux diverses traditions inscrites dans cet espace
avec les interprètes habituels de la formation, regroupés
autour d’Emmanuel Bardon, son directeur musical.
Rencontre, c’est également le maître-mot de
l’intitulé du CCR d’Ambronay. Là est mis en
acte un projet de création, d’expérimentation et
d’explicitation, réunissant des acteurs issus
d’horizons aussi divers que ceux de la pratique musicale,
instrumentale et chantée, de la mise en scène et de la
recherche. Les œuvres produites, les formations
dispensées, les Cahiers publiés témoignent de
cette démarche. Une même interdisciplinarité se
déploie au sein du Comité scientifique, partie prenante
du CCR, qui s’attache à l’étude du fait
musical avec une semblable diversité d’approche, puisque
sont convoqués à l’éclairage d’une
thématique commune les champs de la musicologie, de la
philosophie, de l’anthropologie et de la psychanalyse. De la
recherche à la musique, le chemin s’effectue
également dans ce sens-là, entraînant
l’inscription d’œuvres spécifiques dans
la programmation, en contrepoint du propos scientifique.
La rencontre, c’est aussi ce qui se produit à chacun des
concerts, durant le Festival. Et singulièrement ceux qui
prennent place sous le chapiteau, là même où
s’est produit l’ensemble d’Emmanuel Bardon. A dire
vrai, il serait plus juste de parler non pas d’une seule
rencontre mais d’une multiplicité de possibles. La plus
évidente d’entre elles est, bien sûr, celle du
public avec la musique interprétée, au moment
précis où l’audition se produit. Or,
l’éclectisme des programmes fait que
l’expérience, déjà, est plurielle
puisqu’on peut y entendre une musique aussi bien actuelle
qu’ancienne, provenant de notre aire géographique et donc
familière à certains d’entre nous, qu’une
musique venue d’une autre partie du monde, plus souvent
méconnue, et relevant de registres différents,
traditionnel ou savant, à moins qu’ils ne cohabitent dans
un même programme. On le voit, le pluriel est de mise, pour
l’heure surtout du côté de l’écoute.
Une écoute, du reste, propre à chacun, et résultat
de son inscription particulière dans un ensemble plus vaste et
de son parcours intime.
Cela étant dit, d’autres rencontres se profilent, entre
une œuvre et ses interprètes, cette fois. Certains parmi
eux privilégient, dans leur approche, une restitution au plus
près d’un corpus dont ils se considèrent comme des
transmetteurs. Fidélité revendiquée à des
œuvres, par choix délibéré donc,
guidé par un souci d’authenticité diraient-ils sans
doute, ou parfois par le seul désir de perpétuer un
corpus jugé menacé dans sa survie même et, de ce
fait, comme arrêté dans le temps. Gageons qu’il
existe autant de défi nitions de cette posture que de contextes
dans lesquels elle s’inscrit et de subjectivités
impliquées. D’autres vont chercher dans les traditions
populaires encore vivantes des outils leur permettant
d’interpréter la musique savante, par
nécessité de lui donner chair. En quoi ils
entraînent souvent les auditeurs dans une écoute elle
aussi incarnée, dans laquelle le corps se trouve engagé,
par son balancement ou par des battements de mains marquant la scansion
du rythme. De fait, dans ces expériences-là, se
retrouvent des pratiques quelque peu oubliées sous nos
latitudes, si ce n’est décriées.
D’autres encore déplacent le centre de
l’écoute en se tenant éloignés de
l’idée même de reconstitution historique. Et
c’est la démarche d’Emmanuel Bardon. Sa perspective
n’est pas celle d’une restitution musicale, mais d’un
partage vivant, qui se propose de retrouver, dans un répertoire
ancien, des enjeux de notre temps. Ainsi, le melting-pot culturel qui
caractérisait l’Empire ottoman du XVIe siècle
résonne, à le suivre, avec celui qui s’observe dans
nos sociétés contemporaines. Son projet est
également de renvoyer l’écho, dans notre propre
actualité, du choc qu’a pu représenter un
siècle plus tôt, à la suite de pogroms, la fuite
des Séfarades, les Juifs d’Espagne qui en seront
définitivement chassés au terme de la Reconquête
chrétienne, et dont la musique est largement
représentée dans ce disque. Mais il souhaite aussi,
par-delà le constat, nous entraîner dans la
curiosité de l’autre, le goût de découvrir ce
qui nous est étranger, qui constituaient déjà un
trait majeur de ce moment de l’Histoire sur lequel il prend
appui. Enfin, on le notera, la rencontre telle qu’il la
défend va plus loin encore puisqu’elle s’effectue
jusque dans la production des sons eux-mêmes : certaines des
œuvres sont interprétées sur des instruments
provenant d’une tradition autre, les musiciens s’emparant
alors d’un corpus dont ils ne sont pas familiers et le restituant
à travers leur propre mode de jouer.
On le voit, la rencontre offre quelque chose d’infini, et de
toujours renouvelé, dans la pluralité
déployée de ses multiples mises en œuvre. Et si
l’on se prend à penser que le chapiteau, ce lieu
éphémère dressé chaque fi n
d’été pour quelques semaines et ensuite
démonté, fonctionne comme la métaphore de ce qui
s’y joue, c’est bien là la démarche choisie
par le CCR en son entier.
(membre du Comité scientifique du CCR d’Ambronay)
CANTICUM NOVUM
En redécouvrant et interprétant des répertoires de
musique ancienne, Canticum Novum, ensemble créé en 1996
à Saint-Étienne, cherche à tisser des liens entre
la musique européenne, le répertoire du bassin
méditerranéen et celui de la route de la soie, riche de
l’union du monde chrétien et d’un orient
marqué d’une double hérédité juive et
mauresque. L’ambition de Canticum Novum est de positionner
l’aventure humaine et l’interculturalité au
cœur de ses projets, et d’interroger sans cesse
l’identité, l’oralité, la transmission et la
mémoire. Chaque année, l’ensemble donne de nombreux
concerts en France (festival Voix et Route Romane, festival Baroque de
Pontoise, Journées de musiques anciennes de Vanves, Les
Traversées de Noirlac, La mégisserie de Saint-Junien,
festival Vochora, etc.) et à l’étranger.
Pour accompagner son public dans la découverte, la pratique et
la création de ce répertoire, Canticum Novum mène,
depuis 20 ans, un travail sur le territoire du département de la
Loire, particulièrement dans les quartiers
défavorisés et en zone rurale, à travers
l’organisation d’ateliers de sensibilisation et de pratique
artistique. Pour prolonger ce travail, Canticum Novum
créé, en 2013, L’École de
l’oralité, véritable laboratoire pluridisciplinaire
de partage de cultures, ayant pour ambition de replacer la pratique
artistique au cœur des gestes du quotidien, dont la
pédagogie est fondée sur l’écoute et
l’observation: l’oralité.
Depuis 2008, Le Festin Musical, festival de musique ancienne
itinérant organisé par l’ensemble au sein
d’écrins patrimoniaux ligériens, témoigne
également de cette volonté de rencontres entre les
peuples et les cultures.
Canticum Novum est conventionné par la Ville de
Saint-Étienne et le Conseil Général de la Loire.
Il reçoit le soutien de la Région Rhône-Alpes, le
Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC
Rhône-Alpes, de l’ADAMI, du FCM et de la SPEDIDAM.
EMMANUEL BARDON
Après des études de violoncelle auprès de Paul
Boufil, Emmanuel Bardon décide finalement de se consacrer au
chant. Il obtient son diplôme supérieur de chant en 1995
après s’être formé auprès de Gaël
de Kerret, puis Olivier Schneebeli et Maarten Koningsberger à la
Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles. Il se
perfectionne par la suite auprès de Montserrat Figueras, Jordi
Savall, María Cristina Kiehr, Margreet Honig, Noelle Barker et
Jennifer Smith, et continue aujourd’hui ses recherches
auprès de Mireille Deguy et Ronald Klekamp. Il participe
régulièrement aux productions d’ensembles tels que
le Concert Spirituel, La Capella Reial de Catalunya, les Musiciens du
Louvre-Grenoble, le Parlement de Musique ou encore la Simphonie du
Marais. Il fonde Canticum Novum en 1996, ensemble avec lequel il
développe de nombreux ateliers pédagogiques à
destination du jeune public. Il a depuis sa création
sensibilisé et formé plus de 10 000 enfants de la Loire
aux répertoires de musique ancienne. Emmanuel Bardon est
fondateur et directeur artistique du festival Musique à
Fontmorigny depuis 1999.
LISTENING TO THE OTHER...
During the reign of Suleiman the Magnificent, in the sixteenth century,
the Ottoman Empire was at its zenith. Its army and its janissaries were
feared throughout Europe, and Constantinople, its capital, was the
wonder of the western world. The empire was a welcoming haven for the
Sephardic Jews expelled from Spain, and a crossroads for the
populations of the whole world. The Silk Road, the path of the Gypsies,
of the nomadic peoples, all passed here.
For Suleiman, as a patron of the arts and literature, the Sublime Porte
not only possessed a commanding strategic position for trade or
warfare; it also had a vocation to bring together the cultures of East
and West. At first indifferent, the two worlds grew curious about each
other, seduced, indeed fascinated, and fi nally open to reciprocal
influences.
Thoroughly immersed in the historical context, we have chosen pieces of
music that bear witness to this incredible intercultural wealth. The
programme of Aashenayi (‘encounter’ in Persian) offers a
voyage of exploration that constantly shuttles back and forth from one
world to the other and demonstrates their mutual curiosity and
fascination. A programme that reflects the situation of this transit
point par excellence, where echoes of Persia, Armenia, Turkey and
Europe intermingle. A programme served by artists who draw on their own
musical heritage to play the repertory of the Other, thus giving birth
to a common expression.
Aashenayi brings together a selection of monophonic songs derived both
from the oral tradition (the Sephardic and Persian pieces) and the
written (the Ottoman, Armenian, and Spanish pieces). The choice of
instrumentation and the elaboration are the fruit of collective effort,
and our interpretation gives a key place to improvisation.
Nevertheless, this programme is not a historical reconstruction but
above all a musical encounter in the present day. The musicians of this
recording, with their multiple origins (Armenian, Turkish, Kurdish,
Afghan, Algerian, French), have all chosen to share this human
experience for many years now as part of the group constituted by the
ensemble Canticum Novum. It is the simple act of sharing a collective
gesture of our everyday lives in which each of us, while respecting his
or her difference, finds a common point to enter into contact with the
other: oral expression.
This orality, however different it may be according to its origins,
expresses and transmits a memory, an experience, a culture. Orality
establishes a dialogue. But before that dialogue can take place, it is
important to make silence in order to listen to the Other.
At a time when the world shows more signs of isolation than of
open-mindedness, of identitarianism than of interculturalism, when
priority is increasingly given to the particular interest to the
detriment of the collective, when our economic policies generate
divisions between human beings and inequalities are more and more
marked, it is more necessary than ever to ask ourselves the place we
wish to give this ‘orality’ in our society.
The practice of the arts, the guarantor of this expression, is part of
life. It ought to be as simple and obvious as the everyday acts we
share in our communities: working, going to school, sharing a meal,
playing, entering a mosque, a synagogue or a church . . .
Let us continue to build bridges between past and future so that the
practice of the arts, and of music in particular, can continue now and
forever to encourage dialogue, discovery, friendly exchange, and
inquisitiveness.
The perpetuation of the human adventure can only begin with encounters . . . Aashenayi . . .
Translation: Charles Johnston
ENCOUNTER
‘Encounter’. That is the title, Aashenayi in the Persian
language, of the recording by Canticum Novum presented here. An
encounter with music from a vast territory, the empire over which the
Ottoman sultan Suleiman the Magnificent reigned in the sixteenth
century, which then extended from Europe to Iran, from West to East.
And an encounter between musicians belonging to the diverse traditions
included within that space and the regular members of the ensemble,
grouped around Emmanuel Bardon, its musical director.
‘Encounter’ is also the key word in the designation of the
Centre Culturel de Rencontre (CCR, Cultural Encounter Centre) of
Ambronay. Implemented there is a project of creation, experimentation,
and explicitation, bringing together protagonists from horizons as
varied as those of the practice of vocal and instrumental music, of
theatrical production, and of research. The works produced, the
training dispensed, the Cahiers published, all bear witness to this
approach. The same interdisciplinarity is to be found in the
Comité Scientifique (Scholarly Committee), an active component
of the CCR, which studies the musical act with similar diversity of
approach, since the realms of musicology, philosophy, anthropology and
psychoanalysis are all called upon to shed light on a common thematic
area. From research to music: the process also works in the opposite
direction, leading to the inclusion of specific works in the programmes
of the Centre, in counterpoint with the scientific objective.
The encounter is also what occurs at each concert during the Festival.
And more especially those that take place under the big top, the very
place where Emmanuel Bardon’s ensemble appeared. In truth, it
would be more accurate to speak of not just a single encounter, but a
multiplicity of possible ones. The most obvious of these is, of course,
that of the public with the music that is performed, at the precise
moment when it is heard. Moreover, the eclecticism of the programmes
means that this experience, already, is pluralistic, since it is
possible to hear music both of our time and of earlier periods; music
originating in our own geographical zone and thus familiar to some of
us and music come from some other part of the world, most often
little-known; music belonging to different registers, traditional or
learned; and sometimes those different types of music cohabit in the
same programme. Here, then, the plural is appropriate – above
all, for the moment, in what our listeners hear. And each of them
listens in his or her own way, the outcome of their individual
inscription in a larger whole and of their personal itineraries.
That said, other encounters too emerge, this time between a work and
its interpreters. Some of them give priority, in their approach, to a
performance style that adheres as closely as possible to a corpus which
they consider it is their role to transmit. A declared fidelity to the
works in question, from deliberate choice, guided by a concern for
authenticity, as they would probably say, or sometimes solely by the
wish to perpetuate a corpus whose very survival they believe to be
threatened and which should therefore be interpreted as if time had
stood still. One may wager that there exist as many definitions of this
position as there are contexts in which it appears and subjectivities
engaged in it.
Other performers go to living popular traditions to seek tools that
will enable them to interpret art music, out of the need to clothe it
in fl esh and blood. In the process, they often invite their hearers to
participate in a similarly incarnated listening experience, one in
which the body is involved, swaying or clapping hands to the rhythm of
the music. In fact, these experiences revive practices that are
nowadays somewhat neglected, or even decried, in western Europe.
Others again shift the centre of the listening experience by keeping
their distance from the very notion of historical reconstruction. And
this is the attitude of Emmanuel Bardon. His perspective is not one of
musical reproduction, but of a living, participative event, which aims
to identify important issues of our time in this early repertory. Thus,
in his view, the cultural melting pot that characterised the Ottoman
Empire in the sixteenth century has a powerful resonance with the
situation that may be observed in our contemporary societies. His
project is also to fi nd an echo, in today’s current events, of
the shock that must have occurred in Soleiman’s time with the
flight of the Sephardim, the Jews permanently expelled from Spain at
the end of the Christian Reconquista after a century of persecution,
whose music is generously represented on this disc. But he also wishes,
over and above our realisation of this music’s contemporary
relevance, to encourage us to share that curiosity about the Other,
that taste for discovering what is foreign to us, which already
constituted a notable feature of the historical moment on which his
programme is founded. And finally, it will be noted that the encounter
he advocates goes still further, since it is involved even in the
production of the sounds themselves: some of the pieces are played on
instruments that come from a different tradition, so that the musicians
must grasp a corpus with which they are not familiar and reproduce it
using their own performance modes.
Clearly, then, the encounter offers something infinite and constantly
renewed in the plurality of its multiple implementations. And if it
should occur to our readers and listeners that the big top, that
ephemeral place set up at the end of each summer for a few weeks and
then taken down, functions as a metaphor of what is performed there,
they will have put their finger on the approach chosen by the CCR as a
whole.
Translation: Charles Johnston
CANTICUM NOVUM
In its activities devoted to rediscovering and performing the
repertories of early music, the ensemble Canticum Novum (founded in
Saint-Étienne in 1996) seeks to forge links between European
music, the repertory of the Mediterranean basin, and that of the Silk
Road, enriched by the union of the Christian world and an Orient
stamped with a double heredity, Jewish and Moorish. Canticum
Novum’s ambition is to place the adventure of humanity and
intercultural ism at the heart of its projects, and constantly to ask
questions of identity, orality, transmission, and memory. Each year the
ensemble gives numerous concerts in France (Voix et Route Romane
festival, Festival Baroque de Pontoise, Journées de Musiques
Anciennes de Vanves, Les Traversées de Noirlac, La
Mégisserie de Saint-Junien, Vochora festival, etc.) and abroad.
With the aim of helping its audiences to discover, practise, and create
this repertory, Canticum Novum has for the past twenty years been
engaged in educational efforts on the territory of the Loire
département, particularly in deprived neighbourhoods and rural
areas, by organising outreach activities and musical performance and
creative workshops. In order to extend this activity, in 2013 the
ensemble founded l’École de l’Oralité (the
School of Orality), a true pluridisciplinary laboratory dedicated to
sharing cultures, whose ambition is to place artistic practice at the
heart of everyday gestures, and whose pedagogy is founded on listening
and observation: orality.
Since 2008, Le Festin Musical, an itinerant early music festival
organised by the ensemble at heritage sites in the Loire
département, has also testified to this desire to facilitate
encounters between peoples and cultures.
Canticum Novum is an ensemble conventionné by the Ville de
Saint-Étienne and the Conseil Général de la Loire.
It receives support from the Région Rhône-Alpes, the
Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC
Rhône-Alpes, the ADAMI, the FCM, and the SPEDIDAM.
EMMANUEL BARDON
After studying the cello with Paul Boufi l, Emmanuel Bardon decided to
devote his career to singing. He received his diploma in vocal studies
in 1995 after training with Gaël de Kerret, and subsequently with
Olivier Schneebeli and Maarten Koningsberger at the Maîtrise du
Centre de Musique Baroque de Versailles. He then went on to
postgraduate work with Montserrat Figueras, Jordi Savall, María
Cristina Kiehr, Margreet Honig, Noelle Barker, and Jennifer Smith, and
currently studies with Mireille Deguy and Ronald Klekamp. He
participates regularly in the productions of such ensembles as Le
Concert Spirituel, La Capella Reial de Catalunya, Les Musiciens du
Louvre-Grenoble, Le Parlement de Musique, and La Simphonie du Marais.
In 1996 he founded the ensemble Canticum Novum, with which he has
devised numerous educational workshops for young audiences. Since its
creation it has introduced more than 10,000 children from the Loire
département to early music and given them further training in
these repertories. Emmanuel Bardon is also founder and artistic
director of the festival Musique à Fontmorigny, which has
existed since 1999.